François Hollande poursuit la scission au PS au détriment du NFP (H.fr-10/10/24)

Chez les autres partenaires du NFP, le ras-le-bol est aussi palpable devant la capacité de l’ancien président à mettre médiatiquement en marche sa capacité de nuisance. © Bastien André / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

L’ex-président de la République veut faire chuter, lors du prochain congrès, le premier secrétaire Olivier Faure, qu’il attaque publiquement. Cette réaffirmation du social-libéralisme inquiète au PS comme au sein du NFP, qui craint pour son unité.

Par Emilio MESLET.

Un encouragement pour la forme. Lorsqu’il monte, mardi, à la tribune de l’Assemblée nationale pour y défendre la motion de censure au nom du Nouveau Front populaire (NFP), Olivier Faure ne le voit pas. Mais, dans son dos, bien installé au siège numéro 424, son meilleur ennemi François Hollande l’applaudit du bout des doigts.

Voilà le seul geste un tant soit peu amical que l’on peut trouver entre l’actuel premier secrétaire du PS et l’ancien président de la République redevenu député à la faveur de la dissolution. Un retour à la vie politique active pour ce dernier en forme d’épine dans le pied de celui qui, deux décennies plus tôt, fut le directeur adjoint de son cabinet.

Former une coalition avec le centre-gauche

Avant les timides applaudissements, il y a eu le coup de pied. La veille du discours d’Olivier Faure, François Hollande se rend sur la chaîne LCP : il faut « une nouvelle figure pour diriger le Parti socialiste », lâche-t-il avec l’objectif de former une coalition avec le centre-gauche, dont Place publique et d’ex-macronistes, pour préparer la présidentielle.

Comme nombre de figures de l’aile droite du parti à la rose, l’ancien chef de l’État exige l’organisation d’un congrès dans les plus brefs délais. Un sens du timing qui ulcère la direction. « Pourquoi veulent-ils prendre la tête du PS ? Précisément parce qu’on a réussi quelque chose. Si le PS était un cadavre, personne n’en voudrait », rétorque Olivier Faure, qui rejette l’idée d’un congrès à court terme et le prévoit après le printemps 2025. « Nous avons fait un congrès il y a un an et demi, justifie-t-il. Ce qui compte, c’est d’abord de parler aux Français plutôt que de se parler à soi-même. »

L’opposition PS et LFI

Au-delà d’une inimitié notoire entre les deux hommes, c’est bien un débat de fond qui agite le PS. D’un côté, Olivier Faure et une ligne unioniste arrimée à la gauche ; de l’autre, François Hollande et la poursuite de l’orientation de son quinquennat, lequel avait laissé son parti en ruines et le peuple de gauche en colère.

En réunion de groupe, il défend d’ailleurs son maigre bilan, notamment sur la politique de l’offre, et assure avoir sauvé la Grèce pendant la crise économique. « Il n’a pas changé et porte toujours le social-libéralisme du Cice et du pacte de confiance avec lequel nous sommes en rupture, assure l’entourage de l’actuel premier secrétaire. Pour être candidat en 2027, il a aussi besoin de re-théoriser les « gauches irréconciliables ». »

Élu en Corrèze avec l’étiquette NFP qu’il jugeait alors « essentielle », l’ex-locataire de l’Élysée envisage désormais la présidentielle comme « la confrontation des deux gauches ». Comprendre entre les socialistes et les insoumis. « Être socialiste, c’est améliorer la vie des gens, des plus fragiles en particulier. Je me couche tranquille quand j’ai agi concrètement alors que d’autres se couchent tranquilles quand ils ont défendu leurs valeurs. Partir de l’idéal pour aller vers le réel, disait Jaurès », résume Romain Eskenazi, député PS.

« Nous avons vu la précarité écologique, économique, sociale et politique dans laquelle l’ère néolibérale nous avait mis. Tout le monde en a pris la leçon », met en garde, à l’inverse, Boris Vallaud, président du groupe socialiste au Palais Bourbon.

Le ras le bol du NFP

L’offensive de François Hollande est loin de faire l’unanimité, y compris dans ses rangs. Bien qu’il partage une ligne politique proche, Romain Eskenazi alerte sur le risque de voir les siens « se décrédibiliser » avec ces « batailles internes qui doivent rester en interne ».

À propos du congrès, son collègue Thierry Sother confie aussi, à Libération, ne pas partager les ambitions de François Hollande car, « dans (un) contexte d’instabilité et d’inconnues, est-ce vraiment la priorité » ? Pour les proches d’Olivier Faure, c’est le signe qu’ils « ont bien compris, qu’en cas de nouvelle dissolution, les députés de son courant ne seraient pas réélus sans le NFP ni la FI » et que « personne n’a envie que Hollande soit une alternative ».

Chez les autres partenaires du NFP, le ras-le-bol est aussi palpable devant la capacité de l’ancien président à mettre médiatiquement en marche sa capacité de nuisance. « Le social-libéralisme, c’est l’armée des morts que la météo politique fait ressortir de terre, tance l’insoumis Hadrien Clouet. Ayons un débat de fond puisque visiblement nous ne sommes pas d’accord sur la hausse du Smic, la retraite à 60 ans ou les services publics. »

Et le communiste Nicolas Sansu d’ajouter : « Ils ne croient pas à une rupture avec le système actuel, ils ne croient pas qu’on peut toucher aux puissants. » « La bagarre pour leur congrès accentue les divisions au moment où le bloc présidentiel se déchire, alors qu’il nous faudrait montrer de la stabilité », regrette Cyrielle Chatelain, présidente du groupe Écologie et social.

Des reproches que balaie François Hollande auprès de l’Humanité : « Ce n’est pas mettre en cause l’alliance à gauche mais s’occuper de l’avenir du PS. Chaque parti a sa vie démocratique et doit la mener en pleine autonomie, savoir ce qu’est son programme, son avenir et sa stratégie sans que ça ne nuise aux autres. » Mais là, encore, sur ce dernier point, il y a désaccord.

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Source: https://www.humanite.fr/politique/francois-hollande/francois-hollande-poursuit-la-scission-au-ps-au-detriment-du-nfp

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