
Le résultat des élections législatives en Allemagne confirme les sondages.
La CDU-CSU obtient 14.000.000 de voix (28,5%) et 208 députés
L’AfD 10.000.000 de voix (20,8%) et 152 députés
Le SPD 8.000.000 de voix (16;4%) et 120 députés
Les Grünen 5.700.000 de voix (11,6%) et 85 députés
Die Linke (La Gauche) 4.300.000 de voix (8,7%) et 64 députés
Le FDP (libéral) et le BSW (rouge-brun) ne parviennent pas à 5% et n’ont donc pas de représentation au Bundestag.
Saluons d’abord le bon score de Die Linke. Ce parti de gauche a choisi Heidi Reichinnek comme tête de liste, une jeune femme de 36 ans avec son grand tatouage de Rosa Luxemburg bien visible sur le bras gauche et « l’interdiction des milliardaires » comme slogan. « Résistez contre le fascisme dans ce pays. Aux barricades ! » a-t-elle lancé au Bundestag pour dénoncer la fin du cordon sanitaire, l’alliance symbolique il y a trois semaines pour un texte sur l’immigration entre la droite (CDU) et l’extrême droite d’Alternative pour l’Allemagne (AfD). C’est la surprise de ces élections. La gauche de la gauche qui était donné comme devant disparaître du Bundestag il y a encore quelques mois a réussi une remontatda spectaculaire. La mauvais tournure qu’a pris L’Alliance Sahra Wagenknecht, virant au « rouge-brun » et adoptant des positions racistes, a clarifié sans doute les choses. Les groupes « de gauche » qui croient concurrencer l’extrême-droite en tenant des discours réactionnaires sur les faits de société, le nationalisme ou l’immigration en sont pour leur frais.
Le SPD subit une défaite historique. Ce qui n’est pas pour surprendre. Quand la gauche social-démocrate mène une politique de droite, elle prépare son enterrement. Tant sur le plan interne qu’en politique étrangère le chancelier Olaf Scholz et ses alliés Verts ont cédé aux vents mauvais face à la guerre en Ukraine comme vis à vis de la situation au Proche-Orient et particulièrement au génocide à Gaza. Les sanctions contre la Russie et la politique énergétique du SPD a plongé l’Allemagne dans une situation difficile.
Le bellicisme des Grünen fut même pire que celui du SPD. D’ailleurs les Grünen ne brillent pas malgré leur implantation de longue date dans la vie politique et leurs multiples participations gouvernementales. De 118 députés ils passent à 85 et ils perdent 1 million de voix.
La droite (CDU-CSU) remporte une victoire nette. Elle gagne en voix et en sièges. Mais sans majorité absolue elle sera dans l’obligation de constituer une coalition. Ayant exclu une alliance avec l’AfD, le nouveau chancelier Friedrich Merz devra gouverner avec le SPD ou/et les Verts. La situation provoquée par la victoire de Donald Trump et l’évolution de la situation en Ukraine devraient calmer les ardeurs philo Étasuniennes de Merz qui incarne un virage à droite et un positionnement ultra néo-libéral pour la CDU, bien loin de l’ère « droite-centriste » d’Angela Merkel dont il fut l’adversaire au sein de la CDU. Merz est un disciple idéologique de Wolfgang Schaüble, le bourreau de le Grèce et un admirateur de Ronald Reagan.
Merz fit un tour dans le milieu des affaires. Il fut membre du conseil de surveillance de la filiale allemande de la banque HSBC, membre du CA de la Commerzbank, président du conseil de surveillance du fabricant de papier Wepa, du fabricant suisse de matériel ferroviaire Stadler, de l’aéroport de Cologne-Bonn, ainsi que de la filiale allemande de BlackRock, plus grand fonds d’investissement au monde. Il y a amassé une fortune considérable. Il est propriétaire, entre autres de 2 jets privés. Il prévoit de baisser les impôts sur les bénéfices des sociétés et une relance économique qui passe par des politiques favorables aux entreprises.
Durant la campagne il incarne aujourd’hui une CDU délibérément tournée à droite, ultra-néolibérale sur le plan économique, et résolument réactionnaire sur les questions de société en particulier sur l’immigration où il défend des positions de droite dure, xénophobe et raciste.
En politique internationale Merz est un fervent partisan de l’aide à l’Ukraine, tant militaire que financière. Lors d’une visite à Kiev en décembre dernier, Friedrich Merz a réaffirmé sa volonté de fournir au pays des Taurus, ces précieux missiles réclamés par le président ukrainien, Volodymyr Zelenski, tout en fustigeant la frilosité du gouvernement allemand démissionnaire.
Voilà donc où nous en sommes au lendemain de cette élection. Avec une Allemagne où la droite dure et l’ extrême-droite sont à 50%. De quoi s’inquiéter .
Antoine Manessis
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