
Par Les Insoumis du Pic Saint Loup (Hérault)
Dans son avis consultatif historique du mercredi 22 octobre 2025, la Cour internationale de Justice (CIJ) a émis un réquisitoire d’une extrême gravité contre Israël lui demandant de « cesser immédiatement d’utiliser la famine comme arme de guerre ».
Dans cet avis détaillé de 71 pages, la Cour dénonce le comportement d’Israël comme celui d’un état voyou, violant les dispositions les plus fondamentales du droit international. En annexe, sont présentés les huit avis de la CIJ.
Depuis octobre 2023, l’état d’Israël, soutenu et armé par les puissances occidentales, a lancé une offensive militaire d’une violence inouïe sur Gaza, faisant plus de 68 000 morts directs et 170 000 blessés, majoritairement des femmes, des enfants, et des personnes âgées, d’après le dernier rapport du 22 octobre 2025 du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA). Notre article.
Israël a mis en place « une stratégie délibérée d’asphyxie du peuple palestinien »
La CIJ pointe qu’Israël a mis en place « une stratégie délibérée d’asphyxie ». L’OCHA indique que cet État voyou a détruit 80 % de l’habitat de Gaza, 90 % des terres agricoles et des élevages, 60 % des hôpitaux, 90 % des infrastructures d’approvisionnement en eau potable et d’hygiène, 92 % des écoles, des services civils et sociaux, 88 % des commerces. Israël a volontairement bloqué l’entrée des énormes stocks d’aide que les ONGs ont accumulé à quelques kilomètres des Palestiniens mourant de faim et de maladies. Stocks de produits alimentaires, des moyens d’hygiène élémentaire, d’équipements médicaux, de médicaments, de tentes, etc.
L’OCHA indique également qu’Israël a assassiné plus de 1700 personnels médicaux, 575 personnes travaillant pour l’aide humanitaire, 252 journalistes. Et ce bilan s’aggrave chaque semaine.
Une catastrophe humanitaire d’ampleur sans précédent, commise avec la complicité des états occidentaux
Résultat ? Une famine généralisée, des enfants mourant de faim, des épidémies, l’absence de traitement des blessés graves, des maladies infectieuses, chroniques, et cancéreuses, une malnutrition des femmes enceintes ayant entraîné des milliers de fausses couches, une malnutrition des femmes allaitantes, bébés et jeunes enfants avec de graves conséquences à moyen terme sur leur développement, notamment cognitif.
Ce qui fait dire à des épidémiologistes dans la grande revue médicale The Lancet qu’environ 14 % de la population de Gaza, plus de 70 % des femmes et enfants, a été délibérément décimée. Une population palestinienne livrée à elle-même, dépendante des rares colis acheminés par l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens. Une population dont plus d’un million de Gazaouis font face à de graves traumatismes mentaux (OCHA, 22/10/2025).
Une interdiction illégale des activités de l’office de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA)
Israël a interdit en 2024 par deux lois les activités de l’UNRWA dans les territoires palestiniens, sous prétexte que cet office de 30 000 personnes serait infiltré par le Hamas. Suite à ces allégations israéliennes, plusieurs États occidentaux ont cessé leur financement de l’UNRWA. Bien que deux enquêtes internationales aient montré que ces accusations israéliennes étaient sans fondements, les États-Unis et la Suède ont maintenu l’arrêt de leurs financements.
La CIJ dans une analyse très détaillée confirme que les allégations d’Israël sont totalement infondées et indique qu’Israël a obligation « d’accepter et faciliter dans toute la mesure de ses moyens les actions de secours faites en faveur de la population du Territoire palestinien occupé tant que cette population est insuffisamment approvisionnée y compris les actions de l’UNRWA » (voir annexe, 3-b).
La CIJ demande à Israël de cesser immédiatement de nombreuses violations du droit international
Outre la violation du droit essentiel à l’eau potable et à l’alimentation, la Cour condamne Israël pour ses nombreuses autres violations de dispositions essentielles du droit international (voir annexe).
En particulier, la Cour condamne fermement la destruction des structures d’hygiène, des habitats, des structures de santé, des écoles et des universités.
Tout particulièrement, la Cour dénonce l’arrestation illégale de milliers de Palestiniens, les conditions inhumaines de détention, et indique qu’Israël a l’obligation de respecter le droit des personnes détenues de recevoir la visite du Comité international de la Croix-Rouge.
Comment arrêter cet État voyou et génocidaire ?
L’avis de la CIJ, s’il dit le droit international et aussi sévère soit-il envers Israël, n’est pas contraignant.
Pour arrêter ce génocide du 21ᵉ siècle, les peuples occidentaux doivent exiger de leurs gouvernements de :
- cesser toute livraison d’armes à Israël. La France a encore livré pour 27 millions € d’armes en 2024 à cet État voyou
- d’arrêter l’accord commercial entre l’Europe et Israël. Cet accord stipule qu’Israël s’engage à respecter le droit international. Ce dernier avis de la CIJ devrait entraîner la suspension immédiate de cet accord
- exiger que les compagnies internationales cessent tout commerce avec les colonies illégales israéliennes. Nous avions rappelé récemment que 4 banques françaises sont parmi les principales banques européennes finançant ces compagnies.
- d’engager des poursuites pour crimes de guerre et de génocide contre les soldats binationaux participant activement à ce génocide
Annexe : un résumé des huit avis de la Cour Internationale de Justice du 22 octobre 2025
Communiqué de presse de la Cour de Justice internationale
Dans son avis consultatif, la Cour,
« 1) À l’unanimité,
Dit qu’elle a compétence pour donner l’avis consultatif demandé ;
2) À l’unanimité,
Décide de donner suite à la demande d’avis consultatif ;
3) Est d’avis que l’État d’Israël, en tant que Puissance occupante, doit s’acquitter des obligations qui lui incombent en vertu du droit international humanitaire. Ces obligations sont notamment les suivantes :
a) À l’unanimité,
faire en sorte que la population du Territoire palestinien occupé dispose des produits essentiels à la vie quotidienne, notamment l’eau, la nourriture, les vêtements, le matériel de couchage, les abris et le combustible, ainsi que des articles et services médicaux ;
b) Par dix voix contre une,
accepter et faciliter dans toute la mesure de ses moyens les actions de secours faites en faveur de la population du Territoire palestinien occupé tant que cette population est insuffisamment approvisionnée, comme cela a été observé dans la bande de Gaza, y compris les actions de secours menées par l’Organisation des Nations Unies et ses entités, en particulier l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, et par des organisations internationales et des États tiers, et ne pas empêcher de telles actions ;
c) À l’unanimité,
respecter et protéger tout le personnel de secours et le personnel médical, ainsi que leurs locaux ;
d) À l’unanimité,
respecter l’interdiction du transfert forcé et de la déportation dans le Territoire palestinien occupé ;
e) À l’unanimité,
respecter le droit des personnes protégées du Territoire palestinien occupé qui sont détenues par l’État d’Israël de recevoir la visite du Comité international de la Croix-Rouge ;
f) À l’unanimité,
respecter l’interdiction d’utiliser contre les civils la famine comme méthode de guerre ;
4) Par dix voix contre une,
Est d’avis que, en tant que Puissance occupante, l’État d’Israël a l’obligation, en vertu du droit international des droits de l’homme, de respecter, de protéger et de réaliser les droits de l’homme de la population du Territoire palestinien occupé, y compris par la présence et les activités de l’Organisation des Nations Unies, d’autres organisations internationales et d’États tiers dans le Territoire palestinien occupé et en lien avec celui-ci ;
5) Par dix voix contre une,
Est d’avis que l’État d’Israël a l’obligation de coopérer de bonne foi avec l’Organisation des Nations Unies en lui donnant pleine assistance dans toute action entreprise par elle conformément à la Charte des Nations Unies, y compris par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, dans le Territoire palestinien occupé et en lien avec celui-ci ;
6) Par dix voix contre une,
Est d’avis que l’État d’Israël a l’obligation, en vertu de l’article 105 de la Charte des Nations Unies, d’assurer le plein respect des privilèges et immunités accordés à l’Organisation des Nations Unies, y compris ses organismes et organes, et à ses fonctionnaires, dans le Territoire palestinien occupé et en lien avec celui-ci ;
7) Par dix voix contre une,
Est d’avis que l’État d’Israël a l’obligation, en vertu de l’article II de la convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies, d’assurer le plein respect de l’inviolabilité des locaux de l’Organisation des Nations Unies, y compris ceux de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, et de l’exemption des biens et avoirs de l’Organisation de toute forme de contrainte ;
8) Par dix voix contre une,
Est d’avis que l’État d’Israël a l’obligation, en vertu des articles V, VI et VII de la convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies, d’assurer le plein respect des privilèges et immunités accordés aux fonctionnaires de l’Organisation des Nations Unies et aux experts en mission pour l’Organisation, dans le Territoire palestinien occupé et en lien avec celui-ci.
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Source: https://linsoumission.fr/2025/11/03/gaza-cour-internationale-famine/
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/gaza-la-cour-internationale-de-justice-ordonne-a-israel-de-cesser-immediatement-lutilisation-de-la-famine-comme-arme-de-guerre-li-fr-3-11-25/
