Gaza : réfugié en France, il apprend que son père est blessé et que l’hôpital risque d’être bombardé (OF.fr-14/08/25)

Yaser Al Rayyes est un réfugié gazaoui à Concarneau. | KÉVIN GUYOT / OUEST-FRANCE

Réfugié à Concarneau (Finistère), Yaser Al Rayyes a appris, samedi 13 septembre 2025, que ses parents, malades d’un cancer, avaient été grièvement blessés par une explosion dans l’enfer de Gaza. Ce dimanche, l’hôpital où est admis son père subit encore des bombardements, d’après Jérôme Tinard, qui accueille le jeune Palestinien.

Par Jéröme LE BOURSICOT.

Yaser Al Rayyes a fui Gaza et trouvé refuge en Bretagne. C’est un couple vivant à Concarneau (Finistère), Jérôme et Emna Tinard, qui a accueilli le réfugié palestinien de 25 ans, après l’avoir connu en Mauritanie en 2021.

Samedi 13 septembre 2025, tous les trois étaient à Quimper où ils participaient à un rassemblement pour un cessez-le-feu à Gaza. « Vers 11 h, le téléphone de Yaser n’arrête pas de sonner. Il reçoit des dizaines de messages qui annoncent la mort de son père. Avec la vidéo du bombardement quelques minutes après, relate Jérôme Tinard. On nous annonce aussi la mort potentielle de sa mère, mais en fait on ne sait pas du tout ce qu’il se passe. Yaser s’effondre. »

« Ils ont réussi à le ranimer »

Le trio tente en vain de joindre la famille et des contacts sur place. « On finit par apprendre qu’il a été évacué à l’hôpital et qu’il a été déclaré mort quand il a été récupéré par l’ambulance. Ils ont réussi à le réanimer dans l’ambulance. »

Jérôme Tinard indique que le père de Yaser, Aarafat Al Rayyes, ancien cadre de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et proche de Yasser Arafat, « a été touché à la tête et au visage. Il est sous assistance respiratoire et les hémorragies ont été stoppées. Il est en réanimation à l’hôpital Al Qods, où ils essayent de le sauver. Le docteur nous dit que, pour l’instant, c’est stabilisé. »

Aarafat Al Rayyes, le père du jeune homme réfugié à Concarneau, vient d’être très grièvement blessé. | FAMILLE AL RAYYES

« Ils vont être bombardés »

« Le docteur vient aussi de nous alerter qu’Israël venait de donner un ordre d’évacuation. L’hôpital va être bombardé », raconte le Concarnois.

Ce dernier fait également état « d’un mouvement local de soutien, avec des dizaines de milliers de messages qui nous ont été envoyés dans la nuit. On est submergés sur les téléphones ». Le Concarnois relate que cet élan « a été communiqué à l’Autorité palestinienne. Son président, Mahmoud Abbas, a été informé de ce qui est arrivé au père de Yaser puisqu’il est un des cadres historiques de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). » L’OLP « essaye de déclencher une évacuation sanitaire pour lui », affirme le Concarnois.

Les circonstances du drame sont floues. L’explosion pourrait avoir été provoquée par un bombardement aérien ou par un robot terrestre transportant des explosifs, selon certains Gazaouis.

« Le mur a été soufflé »

Aarafat Al Rayyes « allait chercher le petit frère de Yaser à son cours de français, à quelques centaines de mètres de chez eux, quand l’explosion a eu lieu, narre Jérôme Tinard. La maman, Sanaa Al Rayyes, était à la maison, dans la chambre. Le mur a été soufflé et elle a été projetée à plusieurs dizaines de mètres, à l’extérieur de la maison. Elle a couru, en état de choc, vers les décombres où se trouvait son mari. Elle pensait qu’il était mort et ils ont été évacués tous les deux à l’hôpital. »

La mère « est de retour auprès des enfants aujourd’hui. Elle va mal, mais le pronostic vital n’est pas engagé. Elle a des blessures à la tête. »

La famille de Yaser, prise en photo avant le bombardement. | FAMILLE AL RAYYES
Yaser Al Rayyes lors de la 5e évacuation. Les bâtiments sont détruits à Gaza, ici le bâtiment de son grand-père. Yaser Al Rayyes et son père Aarafat. | YASER AL RAYYES

Avant ce drame, dans l’enfer qu’est devenu Gaza, les parents de Yaser luttaient déjà chacun contre un cancer et la faim, se battant pour nourrir leurs trois enfants sur place. Depuis des mois, Emna et Jérôme Tinard remuent ciel et terre pour que la France les aide à organiser les évacuations de la famille du réfugié palestinien. Ils pourraient même devenir ses parents adoptifs.

« Leur quartier et la maison ont été détruits »

À la suite du drame, le couple a alerté des élus comme le député du Finistère Erwan Balanant, qui l’a informé que le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot avait bien reçu leurs « messages et courriers et que la diplomatie essaierait de faire le nécessaire mais que c’était compliqué ».

« Je suis désolé du silence des autorités, lâche Jérôme Tinard. Mon premier e-mail au consulat de Jérusalem pour demander de l’aide pour évacuer Yaser et sa famille remonte au 6 novembre 2023. Depuis, j’ai contacté les élus de tous bords. Personne ne répond, c’est juste dingue. »

Ce dimanche matin, Yaser était à Quimperlé pour un nouveau rassemblement en faveur d’un cessez-le-feu. « Il a décidé de ne pas baisser les bras, de ne pas rester à la maison à pleurer parce que ça ne sert à rien, selon Jérôme Tinard. Il vient de recevoir un message. Leur quartier et la maison ont été détruits. Il n’y a plus rien là-bas. »

Pratique. La cagnotte de solidarité avec la famille de Yaser, bloquée à Gaza : https://gofund.me/83dd6160

Jérôme LE BOURSICOT.

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Source: https://www.ouest-france.fr/monde/gaza/gaza-refugie-en-france-il-apprend-que-son-pere-est-blesse-et-que-lhopital-risque-detre-bombarde-755380f0-9156-11f0-a247-44b729b0842f

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/gaza-refugie-en-france-il-apprend-que-son-pere-est-blesse-et-que-lhopital-risque-detre-bombarde-of-fr-14-08-25/

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