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Le 4 juin Rishi Sunak, premier ministre sortant conservateur débattait avec Keir Starmer, leader du parti travailliste. Les Britanniques ont suivi ce débat sans passion. Ils étaient eux millions de moins à suivre cette confrontation que celle opposant Boris Johnson à Jeremy Corbyn en 2019. Un journal a décrit les protagonistes comme « une paire de technocrates légèrement robotisés. »
Les 650 sièges de la Chambre des Communes sont pourvus pour cinq ans au scrutin uninominal majoritaire à un tour. Ce système de vote ne permet pas la représentation proportionnelle des partis par rapport au nombre de votes et favorise de bi-partisme.
Ainsi avec 23,7% des voix le parti conservateur n’a que 121 députés et la parti travailliste avec 33,8% des voix rafle 411 députés.
Reform UK, l’extrême-droite xénophobe du Brexiteur Nigel Farage n’a que 4 députés mais recueille 14,3% des voix. Les libdems (libéraux-démocrates) ont 71 députés avec 12,2% des voix.
Le vote a bien sûr une première signification: le rejet massif de la politique réactionnaire et néolibérale des Tories. La casse des services publics, Il faut attendre des mois pour des rendez-vous médicaux dans le service public NHS. les privatisations, la baisse des salaires, la hausse vertigineuse des prix, une véritable misère de masse dans les classes populaires, les familles, plus nombreuses que jamais à dépendre des banques alimentaires, des prisons pleines à craquer, une politique xénophobe et racistes à l’égard des migrants…sont quelques caractéristiques du bilan « horribilis » des conservateurs.
L’ancien premier ministre conservateur Boris Johnson a déclaré en soutien à son successeur Sunak « Si vous voulez vraiment des impôts plus élevés, si vous voulez une immigration incontrôlée et si vous voulez des courbettes inutiles devant Bruxelles, votez pour le parti travailliste ». On peut constater que les arguments des droites se ressemblent de deux côtés du Channel, Brexit ou pas.
On ne peut donc que se féliciter de cette cuisante défaite du milliardaire Rishi Sunak et sa clique au service des milliardaires. C’est aussi le résultat du très vaste mouvement social qui a secoué la Grande-Bretagne pendant des mois avec une renaissance du syndicalisme de combat. Et les Britanniques en auront bien besoin.
Car le Labour dirigé par l’aile droite du travaillisme a abandonné des pans entiers du programme de l’aile gauche dirigé par Jeremy Corbyn tels les nationalisations, l’abolition des frais de scolarité à l’université, la revalorisation des aides sociales ou encore la réintroduction du plafonnement des bonus des banquiers.
Starmer est un social-néolibéral et le vote en faveur du Labour est davantage un vote de rejet des conservateurs que d’adhésion au programme très droitier de le direction du Labour. D’ailleurs The Sun, le tabloïd de caniveau mais très influent du milliardaire de droite extrême Rupert Murdoch, titre « La Grande-Bretagne voit rouge », marquant son soutien aux travaillistes de Starmer pour la première fois depuis…Tony Blair.
Signalons une vraie bonne nouvelle: Jeremy Corbyn a conservé son siège dans le nord de Londres, pour la 11e fois, se présentant cette fois comme candidat indépendant puisqu’il n’avait pas obtenu l’investiture du parti travailliste. Starmer et ses amis accusant, avec la droite et les médias pourris, Corbyn d’antisémitisme sous le fallacieux prétexte qu’il soutient la juste cause palestinienne. Si cela vous dit quelque chose ne croyez pas à un hasard.
Autre très bonne nouvelle, le résultat en Irlande du Nord. Le parti républicain, indépendantiste et de gauche, le Sinn Fein dirigé par Michelle O’Neill, obtient 27% des voix et 7 députés, le droite unioniste, le DUP, 22% et 4 députés. Un pas de plus dans la bonne direction.
En conclusion on peut considérer que, sans aucune illusion sur le gouvernement Starmer, les conditions de la lutte des travailleuses et travailleurs en Grande-Bretagne seront meilleures que sous le gouvernement de l’extrême-centre de Sunak.
Auteur : Antoine Manessis
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