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Le feu. Les feux brûlent la Grèce. Les forêts, les montagnes, les îles. Les feux les plus dévastateurs jamais enregistrés dans l’Union européenne.
En voyage en Grèce il y a de cela quelques années je me souviens d’avoir participé à une manifestation organisée par le KKE et le PAME pour dénoncer la politique gouvernementale (à l’époque le PASOK) concernant la gestion des risques d’incendie.
Déjà les carences des dispositifs de sécurité étaient évidentes. Mais depuis le tsunami austéritaire imposé à la Grèce par la Troïka (UE,BCE, FMI) a ravagé tout les services publics parmi lesquels la protection civile.
Efthymis Lekkas, professeur de géologie à l’Université d’Athènes, un parmi d’autres, s’est alarmé : « Si cette catastrophe se poursuit, il y aura un effondrement environnemental en Attique. Si nous ne pouvons pas sauver nos dernières ressources naturelles, nous connaîtrons finalement la désertification et Athènes ressemblera à Dubaï« . Régression des forêts, celle des cultures et surchauffe des villes, c’est tout l’écosystème grec qui est en danger.
Ces incendies sont souvent meurtriers comme en 2007 dans le Péloponnèse et à Eubée (84 morts) ou en 2018 à Mati, une station balnéaire près d’Athènes, (103 morts). Cette année on dénombre déjà 20 morts.
Le manque de pompiers, d’équipements, de prévention et de politique coordonnée sont également responsables de ces incendies à répétition. Chaque été, le pays est abandonné à son sort. Depuis des années en Grèce, les feux sont un problème politique, pas seulement climatique.
Le réchauffement climatique aggrave évidemment la situation. Athènes a connu sa plus longue canicule de son histoire. Début août il a fait 44° a Athènes et 45° en Thessalie (nord d’Athènes).
Mais reste le résultat de choix politiques. Outre la population, même les pompiers français ont dénoncé les « moyens inadaptés » et « insuffisants » des pompiers grecs face à l’énormité des incendies, en comparaison avec les équipements déployés par les soldats du feu d’une vingtaine de pays venus les aider. La Grèce est comparée à un « pays du tiers-monde » s’agissant des moyens à la disposition des pompiers locaux. Les habitants de l’île d’Eubée ayant vu brûler leurs troupeaux, leurs maisons et leurs champs ont imputé la responsabilité du « crime » à Kyriakos Mitsotakis, le premier ministre de droite.
Les pompiers hellènes se plaignent également d’un matériel vieillissant et insuffisant, une conséquence selon eux des coupes budgétaires décidées par le gouvernement pour faire face à la crise qui frappe le pays depuis huit ans. Le budget des services de pompiers sont en dégringolade constants d’année en année et cela du fait du plan austéritaire imposé à la Grèce par l’UE. Résultat, rapportée au nombre de ses habitants, elle a deux fois moins de soldats du feu que la France et le gouvernement n’a pas recruté de pompiers depuis des années.
Les cieux d’Athènes et de biens d’autres régions de Grèce sont obscurcis par une épaisse fumée noire. Mais aussi par la peste du racisme. Alors que sur les 20 morts dus aux incendies, 19 étaient des migrants, dont deux enfants, l’extrême-droite a lancé sur les réseaux sociaux des rumeurs accusant les migrants d’être les pyromanes qui allument ces feux. Ces discours vont de pair avec la désinformation de certains médias de droite proches du pouvoir qui alimentent le feu du racisme.
Comme les juifs étaient accusés d’empoisonner les puits au Moyen-Age et de répandre la peste, comme les Coréens vivant au Japon subirent la même accusation en 1923 à la suite d’un tremblement de terre, les périodes de crises ou de catastrophes sont propices à la recherche de bouc-émissaires. En Grèce l’extrême-droite néofasciste et néonazie a profité de l’aubaine pour s’en prendre une fois de plus aux migrants.
Le terrain est, il faut le redire, bien préparé par les partis et gouvernements de droite et même des sociaux-néolibéraux comme au Danemark. Et comme on le voit aussi en France : Eric Ciotti, président des LR, dénonce les « ravages de l’immigration et la suppression de tous les droits pour les clandestins« … à quand les bûchers ?
Auteur : Antoine Manessis
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