
Les huit principaux syndicats appellent à la mobilisation jeudi contre la réforme des retraites. La CGT appelle les jeunes et les retraités à se joindre aux défilés et ne croit pas à une résignation sur laquelle compte le gouvernement.
La mobilisation contre la réforme des retraites préparée par le gouvernement s’organise : les huit principaux syndicats sont vent debout contre l’allongement de la durée de cotisation et le report de l’âge légal de départ à la retraite. Entretien avec Ludovic Morin, secrétaire général de l’Union des syndicats CGT du Finistère.
France Bleu : Tous les syndicats appellent à la mobilisation jeudi. Cela veut dire qu’on va avoir des défilés un peu partout et pas que dans les grandes villes ?
Ludovic Morin : Tout à fait. Pour ce qui concerne le Finistère, c’est déjà cinq endroits qui sont prévus : Morlaix, Quimperlé, Quimper, Carhaix, Brest. Tous les syndicats sont effectivement de la partie. J’ajoute que la jeunesse sera probablement parmi nous aussi, et même certainement. On appelle ici toutes les intelligences et toutes les forces progressistes du département à nous rejoindre ce jeudi. On appelle aussi cette jeunesse qui est la perdante systématique des dernières réformes, de toutes les dernières politiques qu’on met en place.
Qu’est ce que vous disent les lycéens, justement ? Ce n’est pas loin pour eux, la retraite ?
C’est aussi loin que nous. Quand nous étions un peu plus jeunes, voire beaucoup plus jeunes, on y pensait ? Pas forcément. Mais quand on a un engagement et un engagement politique et social, il est un membre de la société comme les autres. Et ils se sont aperçus depuis plusieurs années qu’ils étaient quand même des grands perdants de beaucoup de décisions politiques. Et celle-ci en est une décision malheureuse qui démarre à 23 ans qu’on ferait travailler jusqu’à 66 ans, 67 et peut-être plus tard.
C’est ce qui cristallise en fait les mécontentements, cette réforme des retraites ?
Les salaires aussi, qui cristallisent depuis plusieurs mois une mobilisation aussi à la CGT et pas qu’eux. Et puis la retraite, oui, parce que c’est une réforme injuste. J’en profite aussi pour appeler tous les retraités qui ont profité d’un départ anticipé parce qu’ils savent mieux que quiconque que c’est important de partir tôt quand on a été usé par le travail toute sa vie. Il faut qu’ils soient plus nombreux pour montrer à quel point ils sont aussi investis dans cette volonté de dire non à cette réforme injuste.
Vous pensez que vous allez être très nombreux justement jeudi pour la mobilisation ?
Je pense qu’on sera très nombreux et de toute façon, ce serait le juste écho de ce qui est pensé par les Français. Et on l’a dit tout à l’heure, 70 % des Français rejettent cette réforme. Donc il serait assez logique qu’on ait beaucoup de monde dans la rue. C’est un coup de force qui va se répéter probablement et rapidement pour qu’ensuite on puisse se faire entendre par ce gouvernement.
Ce n’est que le commencement ?
Tout à fait. C’est une première journée, c’est un message qui va être lancé. Un message fort, j’en suis persuadé, parce que l’unité syndicale est évidente. Du monde, il y en aura dans les rues, j’en suis persuadé, là aussi. Une fois que cette journée sera passée, on se réunira à nouveau pour parler des suites. Et ces suites vont venir très très vite, dès la semaine suivante.
On parle de grève possible également dans les raffineries. Vous vous attendez à des coups de force ? Peut être chez les électriciens, les gaziers également ?
Je ne sais pas ce que vous entendez par coup de force, mais toutes les professions sont appelées à faire la grève. Pour certaines professions, comme toujours, ça se voit plus quand elles font grève. Celles-ci, dans ce que vous avez cité effectivement, pourraient laisser des traces. On va dire le point de vue social, mais ça, c’est la conjoncture qui est provoquée. Le gouvernement aurait pu éviter ça.
Le gouvernement table sur la résignation des Français. Vous, c’est pas ce que vous entendez chez les Français ?
J’entends surtout la colère. La résignation, je ne crois pas. Il y a une forme de résignation parce qu’il y a une forme d’impuissance. Mais je ne pense pas. La colère, elle est évidente. Les Français en ont marre. L’argent et le salaire ne permettent plus de vivre décemment. Donc effectivement, la colère, elle est là plus que la résignation. Maintenant, elle a beaucoup de difficulté à s’exprimer. On donne la possibilité aux citoyens, aux salariés, de s’exprimer ce jeudi dans l’unité syndicale la plus parfaite.
Aurélie LAGAIN