
Alors que le « Plan Bayrou » demande plus d’« efficience » à l’Hôpital Public, les organisations syndicales ont déposé un préavis de grève illimitée, dès ce 5 septembre, pour dénoncer les coupes austéritaires dans les budgets de la santé, conduisant à des conditions de travail toujours plus dures
Par Elie POLSELLI.
En Île-de-France, les soignants et paramédicaux sont appelés à laisser leurs blouses blanches aux vestiaires à partir de ce 5 septembre et jusqu’à nouvel ordre. L’intersyndicale de l’AP-HP (Force ouvrière, UNSA, CGT, CFTC, CFDT) a officialisé ce vendredi le dépôt d’un préavis de grève lors d’une conférence de presse dans la salle Ambroise Croizat de la Bourse du travail de Paris.
La bataille contre les 5,5 milliards de coupes budgétaires, que le gouvernement Bayrou prévoit toujours dans les dépenses 2026 de la Sécurité Sociale, est lancée sous le haut patronage symbolique du co-créateur de la Sécurité sociale universelle et solidaire.
Un déficit toujours plus élevé pour une vis toujours plus resserrée
Le gouvernement, qui estime le déficit des hôpitaux publics en 2024 à 460 millions d’euros, notamment du fait des hausses des dépenses en CHU (centres hospitalo-universitaires), compte toujours serrer la vis pour faire 100 millions d’économie sur un an en ramenant le déficit à 358 millions d’euros en 2025.
Et 2026 ne s’annonce pas mieux, à en croire l’Objectif national des dépenses de l’assurance maladie (ONDAM) cantonné par François Bayrou à + 2 % en 2026, quand l’augmentation naturelle des dépenses de santé se monte à + 5 % par an.
Quelques jours avant cet appel à la grève, l’exécutif comptait faire passer trois décrets avant le vote de confiance du 8 septembre, restreignant les couvertures médicales (hausse du reste à charge, augmentation des participations forfaitaires et le doublement des franchises médicales) et augmentant le reste à charge des malades. « Nous nous opposons à l’accélération de cette saignée », affirme Jean-Emmanuel Cabo, représentant du personnel Force Ouvrière.
Plus de moyens dans l’Hôpital Public
Épuisés et en sous-effectif, les soignants présents à la Bourse du travail décrivent la dégradation de leurs conditions d’exercice dans les établissements franciliens. Ils demandent « l’arrêt des mobilités et des journées imposées de 12 heures », « plus d’embauches qualifiées » ainsi que la « défense du statut particulier du personnel de l’AP-HP ».
« L’État veut nous faire travailler plus », alors qu’au même moment « il donne des milliards d’euros pour l’Armée », estime l’intersyndicale. Jean-Emmanuel Cabo dénonce les vacances réduites cet été. Les cadences d’hospitalisations continuent d’augmenter dans le secteur public : en 2024, une hausse de 2,2 % de fréquentation des hôpitaux, soit 100 000 séjours supplémentaires recensés selon la DREES, service statistique du ministère de la santé. En ajoutant le privé, la fréquentation des hôpitaux aux mêmes niveaux d’avant la crise Covid (21,3 millions de passages sur l’année).
La prise en charge des patients interroge
L’État annonce avoir rouvert 600 lits depuis 2022 et compte en ajouter 500 d’ici fin 2025. « Je n’y crois pas, ce sont des effets d’annonce », affirme Laurence Stevens. Le secrétaire général UNSA raconte la dégradation des conditions de soin : « Il y a 20 ans en gériatrie, je disposais de 35 minutes par patient pour lever la personne, faire la toilette et l’amener manger. Aujourd’hui, si on dépasse 15 minutes, on est trop lents. Mais c’est d’humains dont on parle », rappelle-t-il.
Les syndicats de l’AP-HP ne se sont pas accordés sur une participation au mouvement citoyen « Bloquons tout » du mercredi 10 septembre. En revanche, ils participeront à la journée interprofessionnelle et intersyndicale nationale du 18 septembre, qu’ils espèrent prolonger le 4 octobre pour « fêter » les 80 ans de la création de la Sécurité Sociale.
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