
Par Michel ORIOT
La consigne de 24 élèves maximum en CP et CE1 bouscule à une unité près la répartition des sept classes de l’école primaire. Les enseignants en prérentrée sont très inquiets.
« Grosse inquiétude
pour les uns, angoisse
pour quelques autres… Dans cette prérentrée de l’école primaire de la Madeleine, lieu-dit cogéré par les communes de Guérande et Saint-Lyphard, vendredi 1er septembre matin, le cœur n’est pas à l’enthousiasme débordant comme les autres années. La perspective de la onzième rentrée de la directrice, Marie-Lise Grondin, se complique avec un effectif qui se joue à une unité près ! Pas de bol !
La consigne ministérielle est claire : pas d’effectifs au-dessus de 24 élèves pour les classes de CP et de CE1. Or, depuis le printemps, le comptage des pré-inscriptions joue au yo-yo, les fluctuations évoluant tantôt positivement, tantôt négativement, à quelques unités près. Las, les inscriptions montrent depuis la mi-août qu’un vingt-cinquième élève est inscrit dans l’une des deux classes de niveau CP-CE1. Ce qui implique de revoir toute l’organisation des sept classes, du CP au CM2 !
Les effectifs passent de 171 (l’an passé) à 180 élèves. À un élève près, les deux classes prévues de CP et de CP-CE1 (une classe double) doivent céder la place à trois classes dont deux classes doubles, un CP-CE1 et un CE1-CE2. Avec des répercussions pour les autres classes de l’école. Cela suppose aussi d’augmenter les effectifs des CE2, CM1 et CM2, jusqu’à plus de 28 élèves
, énonce la directrice.
Julien Gosset, enseignant, déplore la perte de cohésion
des CP-CE1 qui se retrouveront avec une classe double, incluse dans le projet d’école
à la faveur d’ une classe découverte au parc de Branféré durant quatre jours, en septembre
et d’ une classe patrimoine pour les CE2 qui se retrouveront dans trois classes doubles
, donc des sorties avec des moitiés de classe.
La directrice : « Les CE2 doivent être en classes simples »
Les sept enseignants sont d’accord avec la limitation à 24 des effectifs des CP et CE, mais espèrent une dérogation pour éviter de surcharger les CM1 et CM2. Ils ne sont pas contre les classes à deux niveaux (il y en aurait quatre en respectant l’effectif des 24 élèves maximum et trois autrement), mais ils souhaitent que les cours doubles soient « des choix en fonction des besoins des enfants
.
Pour la directrice, les CE2 de cette année sont, à cause du Covid et de l’apprentissage de la lecture avec les masques, en difficulté et nous préconisons donc des classes simples.
Or là, ils seront tous répartis en trois classes doubles, souvent plus compliquées à organiser puisque l’enseignant doit délaisser un demi-groupe avec du travail pendant qu’il s’occupe de l’autre demi-groupe.
L’inspection académique maintient sa position
Julie Bompas, enseignante, justifie les classes doubles par des jeux d’équilibre, on connaît les caractères des élèves, la note humaine est fondamentale : c’est l’enjeu d’une année, ce qui a des répercussions quand ce n’est pas une bonne année.
La directrice a demandé au syndicat SNUipp de porter leur demande auprès de l’Inspection d’académie vendredi matin. Cette logique comptable
ulcère les enseignants qui lui opposent une logique humaine et souhaitent une dérogation : d’autant que les écoles publiques ne refusent jamais de nouvelles inscriptions en cours d’année
et que les classes de 24 élèves max de CP et CE1 peuvent se retrouver à plus durant l’année avec de nouveaux apports. C’est ce qui s’est passé l’an dernier en cours d’année, on est passé à 27 »,
rapporte un enseignant.
Ma position est celle du ministère et il ne peut en être autrement
, fait répondre de son côté Patricia Galeazzi, directrice académique des services de l’Éducation nationale (Dasen).
Les enseignants peu sereins ne savent toujours pas comment organiser leur classe et leurs effectifs. Il ne leur reste plus qu’à espérer une radiation de dernière minute…
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