Les ONG ASER, BDS et Weapon Watch ainsi que Stop arming Israel France affirment qu’un navire battant pavillon de Hong Kong est arrivé à Fos-sur-Mer avec 5 conteneurs qui doivent être transbordés pour un acheminement vers le port israélien d’Haïfa au profit de la société Israeli Military Industry. « Ce nouveau transfert d’armes viole les obligations internationales de la France », dénoncent-elles.
Par Pierre BARBANCEY.
D’un côté les déclarations à haute voix d’Emmanuel Macron sur la reconnaissance d’un État palestinien et son horreur affichée des massacres dans la bande de Gaza (il ne prononce toujours pas le mot génocide). De l’autre, les lâchetés politique et humanitaire.
Selon les informations réunies par ASER (Action Sécurité Éthique Républicaines) qui possède le statut consultatif spécial ECOSOC aux Nations unies, le mouvement Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS) et Weapon Watch, le navire Cosco Pisces, battant pavillon de Hong Kong, doit transborder dans le port de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) 5 conteneurs d’acier pour un usage militaire – 3 propriétés d’Evergreen Taïwan, 1 de Triton Rotterdam et 1 d’une compagnie Sino-panaméenne – sur un nouveau navire qui assure les livraisons pour le gouvernement israélien. Ils doivent être livrés dans le port israélien d’Haïfa au profit de la société Israeli Military Industry.
« Chacun de ces transits nécessite une autorisation des douanes »
Dans un communiqué publié par les trois ONG, auxquels s’est joint Stop arming Israel France, « ce transit qui constitue une aide ou une assistance à des actes illégaux d’un État comme les crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans les territoires occupés, et les actes génocidaires à Gaza perpétrés par l’État d’Israël ». Benoît Murraciole, président de l’ASER et expert dans le domaine des droits de l’Homme relatifs aux transferts et usages des armes, contacté par l’Humanité, rappelle que « l’accumulation de transits de cargos et d’avions chargés de matériels de guerre pour le gouvernement israélien dans les ports ou les aéroports français en dit beaucoup plus que les déclarations du gouvernement Bayrou et du président Macron. Chacun de ces transits nécessite une autorisation des douanes sous la responsabilité du ministre des Finances ».
Depuis plusieurs jours des alertes ont été lancées par des associations et des organisations progressistes dans différents ports d’Europe, notamment aux Pays-Bas, en Belgique et en France, sur de possibles transports d’armes, de composants ou de matériaux. De nombreux rapports établis par les Nations unies et par différentes ONG, ont pourtant alerté depuis des mois le gouvernement français afin qu’il cesse tout transfert (importation, exportation, transbordement ou courtage) d’armes classiques (ou de matériaux) en direction d’Israël, réceptionnées par les autorités israéliennes, ce qui n’est toujours pas le cas. « Ce nouveau transfert d’armes viole les obligations internationales de la France, dont l’article 6 du Traité sur le commerce des armes des Nations Unies et la Convention pour la prévention et la répression du génocide et signe la complicité du gouvernement français dans la participation aux crimes internationaux perpétrés par l’armée et les milices israéliennes dont il a connaissance », dénoncent ASER, BDS et Weapon Watch.
Alors que, ces derniers jours, une information faisait d’un possible transport d’armes vers Israël passent par Le Havre, les dockers CGT de ce port avaient déjà fait savoir qu’il n’était pas question pour eux d’accepter un quelconque traitement et refusaient une approche, menaçant de faire cesser le travail sur l’ensemble du site. Début juin, les dockers de Fos-sur-Mer avaient bloqué trois conteneurs de composants militaires à destination d’Israël. Ils avaient refusé de charger des pièces pour fusils-mitrailleurs sur un navire en partance pour Haïfa puis bloqué le chargement de deux autres conteneurs sur le même bateau, expliquant ne pas vouloir « être complices de massacres ».
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