
La presse des milliardaires fascisants françafricain, eurafricain et usafricain se réjouissent de la détérioration des relations entre le Mali/AES et l’Algérie consécutives à la destruction d’un drone de l’armée malienne à la frontière entre les deux pays frères. C’est le Figaro, journal de la droite impérialiste française, qui résume le plus nettement l’intérêt porté par l’impérialisme français chassé des pays de l’AES : « l’Algérie est notre partenaire stratégique pour permettre notre retour au Sahel. Notre sécurité en dépend » peut-on lire dans ses colonnes.
Le Mali et la nouvelle Confédération de l’AES ont protesté et rappelé leurs ambassadeurs, ce que l’Algérie a aussi fait.
Pourquoi et comment en est-on arrivé là ?
Le Mali dont le territoire avait servi de bases à l’armée populaire du FLN à partir de 1960 s’est trouvé confronté à une invasion djihado-terroriste et sécessionniste suite à la destruction de la Libye et l’assassinat de son leader.
L’impérialisme français profitant de l’incapacité de l’État néocolonial françafricain malien d’assurer l’intégrité territoriale et de mâter les groupes intégristes terroristes a volé « au secours » pour occuper le pays et empêcher la libération de Kidal parce que comme on peut le lire dans la presse impérialiste « En vérité, « entre le MNLA et la France, il y a un deal historique : parce que c’était une force laïque qui a pour ennemis les terroristes islamistes, la DGSE les aide depuis dix ans », admet un haut responsable français, confirmant ce que « le Nouvel Observateur » avait révélé il y a un an » (Nouvel Obs, 06/06/2013). Les « accords d’Alger » signés par les régimes néocoloniaux françafricains maliens, la mise en place du « G5 Sahel » sans l’Algérie, la mutation de Serval en Barkhane puis son européanisation en Takuba sont des métastases de cette vassalisation des régimes néocoloniaux maliens.
C’est ce double jeu qui va entraîner d’abord le coup d’État de 2012, lequel n’aura été qu’un feu de paille vite éteint par les sanctions des valets françafricains de la CEDEAO/UEMOA, puis celui des cinq colonels comme épilogue des mobilisations populaires contre les régimes néocoloniaux libéraux corrompus successifs.
L’expulsion de l’armada française et la libération de Kidal vont rendre caduque tous ces dispositifs de l’occupation militaire française du Mali et du Sahel que sont le « G5 Sahel » et « l’accord d’Alger ».
La question touareg pomme de discorde entre Bamako et Alger
« L’accord d’Alger » reflète le rapport des forces sur le terrain entre les régimes néocoloniaux successifs du Mali et le MNLA autonomiste et/ou séparatiste parrainé à la fois par l’État d’Algérie et l’impérialisme français. Cet « accord » impose de fait une « autonomie » couverte par l’interdiction à l’armée, la police, la gendarmerie, l’administration malienne d’entrer dans Kidal décidée par l’impérialisme français. C’est à cette atteinte de fait à l’intégrité territoriale du Mali que la libération de Kidal jusqu’à la frontière avec l’Algérie a mis fin.
Comme nous l’écrivions en juillet 2012 ‘’Le séparatisme qui sévit actuellement au Mali n’est pas sans rappeler le projet colonial Français de « mer intérieure » qui avait été mis en échec par la lutte armée de libération nationale du peuple Algérien dans les années 58, 60, 62, lequel est donc de nouveau réactualisé. Il s’agissait à l’époque d’instrumentaliser la question Touareg pour couper l’Algérie de son Sahara, donc d’une partie de son territoire riche en pétrole et gaz où l’impérialisme Français procédait à ses essais nucléaires. La solidarité des patriotes panafricains Maliens qui exigeaient tout comme le FLN Algérien le respect de l’intégrité territoriale du Mali et de l’Algérie a été un facteur important pour empêcher la réalisation de ce plan colonial machiavélique de balkanisation. C’est ce que rappelait Modibo Keita dans sa déclaration relative à la cessation des hostilités en Algérie le 19 mars 1962 : « Aussi, notre reconnaissance est grande, qui s’est exprimée par la solidarité inconditionnelle de la République du Mali avec les frères de l’Algérie Combattante. C’est dire combien notre joie est immense, devant la victoire de ceux auprès desquels dès 1960, le peuple du Mali s’est considéré mobilisé. La victoire du Front de Libération qui a su imposer le respect de la souveraineté et de l’intégrité de l’Algérie Africaine est aussi celle de tous ceux qui, comme les Maliens, n’ont rien ménagé pour en assurer le succès. Victoire du Front de Libération Algérienne, victoire de l’Afrique Combattante, mais aussi victoire des peuples épris de paix au premier rang desquels le peuple de France qui voit mettre un terme aux sacrifices inutiles de ses cadres et de sa jeunesse et à l’hémorragie financière »’’.
Nous précisions alors que « C’est en 1952 qu’une mission de l’Assemblée Nationale française avait formulé la nécessité de créer un tel « Territoire d’Outre-Mer » (TOM) dès que commencerait l’exploitation du pétrole à Edjélé et à Hassi Messaoud en Algérie. Le gouvernement Français avait même déposé à l’époque un projet de loi faisant des régions sahariennes « un territoire autonome ». Le ministre Max Lejeune devait déclarer, inaugurant le pipeline n°1 à Toggourt en Algérie, que « dans quelques années, la France, aidée par des concours extérieurs arrivera à obtenir son ravitaillement en carburant et deviendra directement après les USA et l’URSS la troisième puissance énergétique mondiale » (maliweb.net du 15/10/2012). Ce projet sécessionniste visant en particulier l’Algérie à l’époque avait échoué parce que le Mali progressiste de Modibo Keita avait tenu bon sur la solidarité panafricaine avec la lutte de libération armée du peuple Algérien. Au lendemain de l’intervention militaire au Mali, la presse algérienne a été unanime pour s’inquiéter de ce retour colonial : « La France ne chercherait-elle pas à déstabiliser l’Algérie ? » , « l’intervention militaire française au Mali est une des étapes d’un plan visant l’installation de forces étrangères dans la région du Sahel ». L’analyste Laid Seraghni va plus loin en écrivant que: « Derrière l’enjeu malien, la France coloniale cherche à punir l’Algérie… Cette crise n’est qu’une étape pour atteindre in fine l’Algérie, dont le Sud est cerné par l’armée française qui opère en Libye, en Côte d’Ivoire, au Niger, en Mauritanie, au Tchad et au Mali… la France cherche par les armes à réaliser un ancien rêve colonial ». Ce rêve colonial, rappelons le, consistait pour la France à conserver toute une partie du Sahara algérien et le Sahel, car, déjà à l’époque, elle était au fait des richesses et des potentialités de cette région. Cet enjeu était si énorme que la guerre d’Algérie, qui aurait pu s’arrêter en 1958 a été poursuivie, le FLN historique ne voulant pas entendre parler d’une indépendance partielle c’est-à-dire sans le Sahara.
C’est cette même stratégie impérialiste qui avait pris la forme d’« autonomie » et de « régionalisation » suggérée et imposée au Mali par Edgar Pisani sous Mitterrand dans les années 80 et qui allait préparer à travers le tristement célèbre rallye « Paris-Dakar » et l’image touristique des « hommes bleus », la réémergence de la question des nationalités du nord Mali, et surtout de la minorité Touareg » (janvier 2013).
Les Touaregs tout comme toutes les autres nationalités sont des Maliens. Le sécessionnisme touareg est porteur d’un conflit sans fin entre les pays frontaliers du Sahel allant de la Mauritanie jusqu’au Tchad. La dissémination des Touaregs tout le long du Sahel-Sahara rappelle la complexité de la question des Kurdes éparpillés entre Turquie, Irak, Syrie, etc. Cet héritage de la balkanisation coloniale ne peut avoir de solution durable à l’intérieur de chaque territoire où ils vivent que sur la base d’une politique démocratique par laquelle le droit à l’autodétermination prend la forme de l’égalité citoyenne entre toutes les nationalités pour ne pas devenir une obligation de séparation. Le droit au divorce n’est pas forcément une obligation de divorce.
En outre l’existence d’un mouvement Songhaï « ganda khoï » (qui signifie ‘la terre est à nous’) pose la question de la cohabitation sur un même espace territorial de plusieurs nationalités par l’égalité citoyenne des droits permettant le vivre ensemble démocratique.
Pour une solution panafricaine démocratique anti-impérialiste de nos différents
En plus de cette question transfrontalière des nationalités, plusieurs sources font état de puits de pétrole et de gaz souterrains partagés entre le Mali et l’Algérie. Il est même fait état que les impérialistes français et européens auraient même commencé l’exploitation pendant l’interdiction de la présence malienne à Kidal, mais aussi que l’Algérie pompait aussi sa part de ce gâteau pétrolier et gazier.
Une fois Kidal libéré de l’occupation franco-djihado-terroriste-séparatiste, les États malien et algérien ont tout intérêt à évaluer la nouvelle situation ainsi créée pour envisager une nouvelle coopération tenant compte des nationalités et des richesses de chaque côté de la frontière.
Les bourgeoisies et les petites bourgeoisies nationales souverainistes doivent considérer leurs contradictions de classes comme secondaires et apprendre à les régler dans le cadre du nécessaire front panafricain contre les agressions multiformes et protéiformes de l’impérialisme Otano françafricain, eurafricain, usafricain. C’est ainsi et seulement ainsi que l’on évitera l’instrumentalisation des contradictions secondaires pour liquider les unes après les autres les actuelles expériences souverainistes. C’est l’exemple donné par l’AES qui confédéralise le Mali, le Burkina, le Niger.
La contradiction principale oppose au sein de chaque pays et à l’échelle des États africains : les camps néocolonial et souverainiste, les pays néocoloniaux et souverainistes. S’unir pour chasser les impérialistes tout en cherchant des solutions démocratiques sans ingérence dans les affaires internes de chaque pays est un impératif stratégique vers la libération africaine.
Rappelons aux frères algériens que l’appellation de « putschistes » est une insulte contre l’AES aujourd’hui mais que les impérialistes avaient utilisé contre le coup d’État militaire qui avait donné un coup d’arrêt à la prise du pouvoir par le Front Islamique du Salut (FIS) dont l’un des chefs takfiristes avait pour programme de « tuer les 2/3 des Algériens pour que le 1/3 restant suive la voie de dieu ».
Il est impératif de reprendre le dialogue panafricain entre le Mali et l’Algérie, entre l’AES et l’Algérie pour lever les malentendus et trouver les modalités du règlement des différends existants.
C’est cela l’intérêt des peuples africains dans la longue marche vers l’unité des peuples libres d’Afrique.
09/04/25
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