Halte à l’islamophobie, au racisme et à la fascisation de la société (URC-9/06/25)

A peine 5 semaines après l’assassinat islamophobe d’Aboubakar Cissé dans la mosquée Khadidja de La Grand-Combe, un nouvel attentat raciste a frappé samedi 31 mai 2025 un ressortissant tunisien, Hichem Miraoui à Puget-sur-Argens près de Fréjus dans le Var. Là encore, les faits sont accompagnés de revendications explicitement racistes qui ne laissent aucun doute sur les motivations idéologiques et politiques de leur auteur (celui-ci, dans une vidéo faite avant son passage à l’acte, indiquait vouloir « tuer des personnes arabes »)

Cette escalade d’attentats terroristes d’extrême droite ne doit rien au hasard. Ce sont les derniers symptômes d’une islamophobie d’État qui façonne et entretient depuis des décennies la figure du musulman comme « ennemi intérieur » à l’instar des juifs dans les années 30. Stigmatisations médiatiques quotidiennes à la moindre occasion, discours politiques haineux, lois discriminatoires : tout est fait pour transformer nos concitoyens musulmans en particulier en cibles et légitimer les délits, crimes ou attentats racistes commis à leur encontre.

Lorsque ces actes sont commis, ils sont systématiquement banalisés voire invisibilisés. En témoigne l’empressement du procureur de la République d’Alès de présenter l’assassinat d’Aboubakar Cissé comme un simple fait divers entre deux musulmans et de refuser de saisir le parquet anti-terroriste, tandis que le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau a osé justifier son absence aux côtés de la famille de la victime en raison de sa « situation irrégulière ».

C’est pourquoi le régime français, en voie de fascisation, porte une responsabilité écrasante dans ces crimes. C’est lui qui en crée les conditions par ses mots puis par ses lois et enfin par son silence ou son deux poids deux mesures lorsqu’ils ont lieu.

L’ISLAMOPHOBIE D’ETAT TUE 2 FOIS …

1… en donnant une légitimité officielle aux actes islamophobes

Depuis sa nomination au ministère de l’Intérieur, Bruno Retailleau s’emploie à désigner les musulmans comme une menace intérieure pour son propre fonds de commerce électoral en concurrence avec l’extrême droite. Il multiplie les prises de position et les actes qui légitiment l’islamophobie au plus haut niveau de l’État. Mentionnons par exemple son soutien affiché à des organisations fascistes comme Némésis qui détourne la lutte féministe à des fins racistes, ou encore sa participation en mars 2025 à une réunion publique du collectif Agir Ensemble, un regroupement d’organisations islamophobes visant à instrumentaliser la laïcité, au cours de laquelle il a scandé « À bas le voile ».

Depuis, les agressions visant les musulmans et leurs lieux de culte se sont dangereusement multipliées, et en particulier les agressions contre les femmes portant un voile. Entre janvier et mars 2025, 79 actes anti-musulmans ont été recensés officiellement, soit une augmentation de 72 % par rapport à la même période en 2024. Rien que sur l’année 2022, le journaliste Paul Conge recensait 14 projets d’attentats fomentés par des cellules terroristes d’extrême droite, déjoués à temps. S’y ajoutent 50 agressions de rue et cinq meurtres racistes en série, survenus dans le sillage des débats nauséabonds de l’élection présidentielle. Un niveau de violence inédit, alors que le dernier meurtre par arme à feu revendiqué par l’extrême droite remontait à 2001.

Cette recrudescence des crimes fascistes ne peut être comprise sans être replacée dans son contexte : celui de l’islamophobie d’État.

L’islamophobie d’État fait feu de tout bois. Quand nos concitoyens musulmans ne sont pas accusés de « séparatisme » —comme ce fut le cas lors des débats et des motifs entourant la loi dite « séparatisme » de 2021 —, les voilà désormais soupçonnés « d’entrisme », à travers un rapport sur les Frères musulmans publié en mai 2025, commandé par l’ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Ce conspirationnisme d’État n’est pas sans rappeler les fantasmes de leurs ancêtres politiques autour du « complot judéo-bolchévique ». Dans les deux cas, un ennemi imaginaire est construit à partir de soupçons diffus, dirigés contre une communauté entière. Le mouvement des Frères musulmans n’est jamais défini autrement que comme une « nébuleuse », sans organisation, sans visage, dont on ne sait ni où elle commence ni où elle s’arrête. Cette rhétorique du flou est une manière de désigner tous les musulmans comme suspects par association, en particulier ceux qui seraient investis dans la vie associative, sportive, culturelle ou politique du pays.

Le caractère profondément politique de ce rapport, au service d’un agenda islamophobe, transparaît dans ses nombreuses contradictions flagrantes. Citons en seulement quelques-unes: «les Frères musulmans sont extrêmement marginaux mais constitueraient un danger pour la République, ils seraient influencés par le wahhabisme alors qu’ils en sont les pires ennemis, ils voudraient des emplois genrés alors qu’ils ont justement dans leurs rangs notamment de nombreuses femmes qui occupent des emplois intellectuels ou de cadres et qui défendent le contraire, ils voudraient faire le Califat en France alors que c’est contraire à leur doctrine pour les sociétés non islamisées».

Ce discours d’État mensonger n’est pas seulement incohérent : il est dangereux. Il fabrique des ennemis de l’intérieur, alimente la haine, et légitime les discriminations et les violences commises contre nos concitoyens musulmans.

2 … et en invisibilisant les délits et crimes racistes

Entre 1970 et 2000, au moins 731 crimes racistes ont été commis en France. Ce comptage a dû être établi par l’historienne Rachida Brahim car l’État nie encore cette réalité par son refus de les qualifier en inscrivant dans la loi la notion de crime raciste.

Parmi les exemples les plus flagrants de cette politique d’invisibilisation : le 24 mai en Haute-Savoie, un homme armé et cagoulé s’est présenté devant les locaux d’une association franco-turque, dans une tentative manifeste d’intimidation et de terreur. Aucune réaction officielle. Aucune poursuite engagée.

Autre cas tout aussi révélateur : le meurtre de Djamel Bendjaballah, le 31 août 2024 à Dunkerque, abattu par un individu affilié à un groupuscule d’extrême droite. Malgré les quatre plaintes qu’il avait déposées avant son assassinat —toutes classées sans suite —dans lesquelles il dénonçait les insultes et menaces à caractère raciste qu’il avait reçu de cet individu. A ce jour, la famille se bat pour faire reconnaître le caractère raciste du crime.

La loi Cazeneuve « permis de tuer » de 2017 a aggravé cette invisibilisation en permettant de nombreux crimes policiers, comme celui de Rayana tuée en juin 2022 d’une balle dans la tête par la police alors qu’elle était simple passagère d’un véhicule criblé de balles sous prétexte d’un prétendu « refus d’obtempérer ».  Les témoins ont parlé d’une exécution, l’enquête a timidement nuancé la version policière, mais la justice a prononcé un non-lieu.

FACE AU RACISME ET A L’ISLAMOPHOBIE D’UN ÉTAT QUI VISE A DIVISER NOTRE PEUPLE ET NOTRE CLASSE, NOUS NE LAISSERONS PAS CES CRIMES SE BANALISER.

FACE A LA FASCISATION DU RÉGIME, IL EST URGENT DE CONSTRUIRE UN FRONT ANTI-RACISTE ET ANTI-FASCISTE DANS NOS QUARTIERS, NOS LIEUX D’ÉTUDES OU DE TRAVAIL.

°°°

Source: https://urcommuniste.fr/2025/06/09/halte-a-lislamophobie-au-racisme-et-a-la-fascisation-de-la-societe/
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/halte-a-lislamophobie-au-racisme-et-a-la-fascisation-de-la-societe-urc-9-06-25/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *