
Le collectif Citoyen Iroise s’interroge sur le coût élevé de l’électricité, notamment à Plourin (Finistère), alors que la commune possède un parc photovoltaïque implanté dans l’ancienne déchèterie. Où part cette électricité ? Pourquoi ce parc n’a pas d’incidence sur les coûts élevés ? Voici quelques éléments de réponses.
Par Aude KERDRAON.
Depuis 2023, l’ancienne déchetterie de Plourin (Finistère) accueille un parc photovoltaïque sur une surface de 3 hectares. Une bonne nouvelle pour l’environnement, mais pas seulement. Une partie des Plourinois s’attendaient à voir leur facture d’électricité dégringoler. Las. Non seulement, les coûts ne diminuent pas, mais ils ont continué à grimper en 2024.
« Tout échappe au PIC (Pays d’Iroise communauté). Alors que Plourin produit de l’électricité grâce aux panneaux photovoltaïque, les consommateurs voient leurs factures d’énergie s’envoler, constate Armelle Jaouen, élue à la CCPI et porte-parole du collectif Citoyen Iroise. À qui profite l’argent ? Nous avions proposé de créer une SAS (Société par actions simplifiées) dans laquelle le PIC serait majoritaire à 51 % et les 49 % restants reviendraient aux citoyens et entreprises bénéficiaires. »
Un investissement lourd à amortir
Mais du côté du Sdef (Syndicat départemental d’énergie et d’équipement), son président, Antoine Corolleur souligne que ce n’est pas si simple que ça. « Je rappelle que l’investissement pour un tel parc photovoltaïque est important et qu’il faut un peu de temps pour l’amortir. L’électricité produite par ce parc rejoint les autres sources d’électricité du Département pour une uniformisation de la distribution et des prix. »
Rappelons que les communes, pour assurer leur sécurité, tant énergétique qu’en matière d’investissements, ont choisi d’adhérer au Sdef. Aujourd’hui 269 communes l’ont rejoint sur les 277 que compte le Finistère.
« Un montage financier opaque »
La gestion de ce parc photovoltaïque ne satisfait pas le collectif Citoyen Iroise. « Si l’électricité produite dans la commune de Plourin avait été redistribuée aux membres de la SAS, cela aurait permis de garantir le prix de l’électricité, au moins sur trente ans, et de choisir un opérateur local pour l’installation et la maintenance. »
Mais ce n’est pas le scénario validé par le PIC qui a monté la SAS Pays d’Iroise Energie où la communauté de communes est actionnaire à 47,5 %, laissant 52,5 % à une SEM (Société d’économie mixte locale) regroupant d’un côté le Sdef à 73,5 % et des organismes financiers à 26,5 %. « En 2013, la commissaire enquêtrice avait d’ailleurs pointé l’opacité complète du montage technique et financier », dénonce Armelle Jaouen.
Candidat à la présidence en 2026 ?
Malgré tout, Antoine Corolleur affirme que toutes les réalisations accomplies dans le cadre des améliorations et d’économies énergétiques permettront « une certaine stabilité des prix sur le moyen – long terme. Il faut aussi prendre en compte l’indépendance énergétique que cela va nous procurer ».
Aussi, aux prochaines élections de 2026, il pense candidater à sa propre succession. « On est sur des sujets passionnants : l’énergie, la transition énergétique, les enjeux économiques de la région. J’aimerais y être. Mais d’ici là, l’eau aura coulé sous les ponts. »
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