Hausse des prix, concurrence, alcoolisme : ces préoccupations qui inquiétaient déjà les commerçants brestois il y a 100 ans (LT.fr-19/12/24)

Le 25 mars 1934, la Dépêche de Brest, ancêtre du Télégramme, publie cette photo avec, en légende : « La foule rue de Siam devant le nouveau magasin ». La veille en effet, le Monoprix ouvrait ses portes. Des commerçants brestois y ont manifesté et commis des dégradations. (Photo d’archives/La Dépêche de Brest)

Les préoccupations des commerçants brestois d’aujourd’hui sont-elles celles de leurs prédécesseurs d’il y a plus ou moins un siècle ? Certaines analogies sont assez frappantes.

Par David CORMIER.

Les commerçants du centre-ville de Brest pestent notamment, en cette année 2024, contre les conséquences des travaux de la seconde ligne de tramway et celle du bus à haut niveau de service, contre la hausse des prix, contre le commerce en ligne… Mais leurs devanciers ? Le premier tramway, à la fin du XIXe siècle, était vu comme une source de progrès et il ne semble pas que les commerçants de l’époque se plaignaient de ses travaux d’installation. Mais d’autres sujets les inquiéteront, plus tard.

La crainte du grand magasin

En témoigne ce « coup de sang du 24 mars 1934, le jour de l’ouverture du Monoprix, avec ses prix uniques », raconte Gilles Cardinal, infatigable fouilleur d’archives. Le comité de défense du petit commerce, derrière Auguste Lombard, a distribué des tracts appelant à manifester. La foule, clients et commerçants, se presse devant le magasin, rue de Siam. « La police intervient afin de tenter de faire sortir les perturbateurs. Des coups sont échangés, une table de friandises est renversée, des sous-vêtements en présentation sont jetés et étalés à tout va et des tablettes en verre brisées », narre le passionné d’histoire locale sur son blog Chroniques de Brest et du Léon.

« Ils avaient le sentiment que le magasin allait casser les prix, avec des doutes sur la provenance de la marchandise », dit-il cette semaine. Le lendemain, le président du conseil d’administration du Monoprix fait publier un prospectus doublé d‘une pleine page dans La Dépêche de Brest du 26 mars. « Sur les 7 824 articles mis en vente, 7 795 sont de production française, fabriqués exclusivement par des ouvriers et ouvrières français », écrit-il. Il ne porte pas plainte.

Ils peuvent louer meilleur marché que nous et nos établissements sont à peu près vides

Une polémique à la Airbnb ?

La concurrence déloyale, c’est aussi ce que reprochaient des hôteliers quelques années plus tôt à des particuliers. « Depuis le XIXe siècle, Brest manquait de logements », rappelle Gilles Cardinal. « Des particuliers étaient autorisés à louer des taudis, des caves, des salles sans ouverture… Des garnis (on dirait des meublés aujourd’hui) pour des particuliers ou des prostituées, à la nuit, au mois ou à l’année. En 1921, des hôteliers ont vivement protesté contre ces lieux qui ne payaient pas d’impôt, contrairement à eux ». Un document d’époque les cite en effet : « N’ayant aucune des charges fiscales qui nous incombent, ils peuvent louer meilleur marché que nous et nos établissements sont à peu près vides ». À comparer avec les polémiques actuelles sur les logements Airbnb

Lutte contre la vie chère en 1920

À la même époque, en 1920, c’est la lutte contre la vie chère. Au sortir de la Première Guerre mondiale, les prix ont grimpé. « Le charbon a été multiplié par quatre entre 1910 et 1920 », note Gilles Cardinal. « Le prix du beurre, des œufs, du lait… Les ménagères pestent et ne savent pas comment faire. La baisse du pouvoir d’achat se répercute sur les commerces ».

Mais la plus ancienne occurrence dont parle notre interlocuteur, c’est la lutte contre l’alcoolisme sous le Second Empire. « La circulaire ministérielle du 18 mars 1851 a déclenché une vaste campagne visant à éradiquer « les désordres, scandales, et l’immoralité dont ces lieux sont fréquemment le théâtre ». À Brest, comme à Recouvrance, les fermetures de débits et cabarets s’enchaînent durant vingt ans », note-t-il. « Mais devant la baisse des rentrées fiscales, les autorités ont lâché un peu de lest et des conseillers généraux ont voulu relancer le commerce du vin à Brest ».

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Source: https://www.letelegramme.fr/finistere/brest-29200/hausse-des-prix-concurrence-alcoolisme-ces-preoccupations-qui-inquietaient-deja-les-commercants-brestois-il-y-a-100-ans-6727067.php

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