Fermetures de lits et de services, casse-tête pour organiser les plannings et remplacer les congés d’été, démotivations des soignants… L’été s’annonce, une nouvelle fois, compliqué dans les hôpitaux et les services d’urgences.
« Tous les jours, nous avons des collègues qui nous appellent pour nous dire qu’ils sont à bout. Qu’ils ne trouvent plus de sens à leur travail. Qu’ils ne se voient plus continuer à travailler dans de telles conditions, assure Patrick Boulo du syndicat CGT santé. Alors leur demander, encore une fois, de faire des efforts cet été, ça devient très compliqué. »
Ce mardi 20 juin 2023, à 11 h devant les urgences du CHU de Rennes (Ille-et-Vilaine), la grande majorité des syndicats du secteur santé se sont réunis pour tirer le signal d’alarme.
CGT, FO, Sud, Unsa, CFE-CGC… « Tout ce que fait le gouvernement, c’est continuer à mettre des pansements sur des plaies qui restent ouvertes, détaille un syndicaliste de FO. C’est une catastrophe sanitaire annoncée cet été. »
Un autre poursuit : « L’hôpital est à l’agonie et nos personnels sont vraiment en souffrance. Partout, on nous annonce des fermetures de lits et de services. Au CHU de Rennes mais aussi dans des cliniques privées, comme à Cesson-Sévigné, et dans les hôpitaux périphériques et du département. »
Le centre hospitalier de Redon vient de confirmer la prolongation de la fermeture ses urgences de nuit.
« On doit ménager nos soignants qui y croient encore »
Affirmations un peu trop pessimistes ? « On s’attend vraiment, sur le plan sanitaire, à un été qui s’annonce effectivement très difficile », confie une source au sein de l’agence régionale de santé de Bretagne.
« On commence à être habitué à des étés sous tension, assure cet urgentiste expérimenté. Mais là, tous les voyants sont déjà au rouge, avant même que l’été soit engagé. On espère que ça ira quand même mais ça risque vraiment d’être compliqué pour nos équipes qui sont déjà éprouvées. »
Principal problème, évoqué aussi bien par les syndicats que par les directions : les problèmes de recrutement. « On ne peut pas minorer les vacances de nos équipes, assure Yann Bechu, le directeur de la polyclinique de Cesson-Sévigné. Il y a encore une fatigue généralisée et on doit ménager nos soignants qui y croient encore. »
Trouver du personnel ? Un défi
Recruter des remplaçants devient un défi d’autant que la loi Rist, entrée en vigueur en avril 2023, limite drastiquement le recours à l’intérim médical qui permettait de compenser des congés et des départs. « C’est pour ces raisons que nous avons fait le choix de fermer, à partir du 26 juin, notre service de médecine polyvalente qui accueillait notamment les patients post-urgences. »
Pas question de continuer à faire fonctionner un service sans les effectifs suffisants. « Une partie du personnel sera transférée sur le CHP Saint-Grégoire pour éviter le même phénomène. »
Les urgences de Cesson continueront à fonctionner mais en mode minimal : « Pour la petite traumatologie et les petits bobos. Et on n’exclut pas de conditionner leur accès à la régulation du 15. » La polyclinique tente pourtant d’innover avec la mise en place d’une gestion des lits entre plusieurs établissements ou la création d’une plateforme permettant au CDD et CDI d’indiquer leurs disponibilités.
Moins de lits fermés cet été au CHU
Directeur de cabinet du CHU de Rennes, Gildas Le Borgne croise les doigts. « On doit tenir compte de l’évolution et de la gestion de l’activité mais aussi de la situation des hôpitaux sur le territoire. »
Un triptyque avec de nombreuses variables, là encore sur fonds de tension sur le personnel médical et paramédical. « Normalement, l’été est une période d’infléchissement d’activité mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. On doit donc s’adapter. Nous avons fermé moins de lits que l’année dernière et réussi, par un travail en amont, notamment grâce à des jobs dating, à recruter des personnels. »
Mais si le CHU peut ajuster sa variable d’activité programmée, il reste soumis aux aléas des soins non programmés. « D’où l’importance renouvelée de ne pas se rendre aux urgences et de privilégier la régulation du 15. »
Auteur : Samuel NOHRA.
Source : Hôpitaux en tension : « On se dirige vers un été difficile » autour de Rennes (ouest-france.fr)
URL de cet article : Hôpitaux en tension : « On se dirige vers un été difficile » autour de Rennes. ( OF.fr – 20/06/23 ) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)