Huit communes sur le pont de Châteaulin pour sauver leurs classes (OF.fr-22/02/24)

Une quarantaine de parents, d’enfants et d’élus de neuf communes ont manifesté mercredi 21 février 2024, à Châteaulin (Finistère). Ils refusent la fermeture annoncée de plusieurs classes dans le secteur.
Une quarantaine de parents, d’enfants et d’élus de neuf communes ont manifesté mercredi 21 février 2024, à Châteaulin (Finistère). Ils refusent la fermeture annoncée de plusieurs classes dans le secteur. | OUEST-FRANCE

Une quarantaine de parents, d’enfants et d’élus de huit communes ont manifesté mercredi 21 février 2024, à Châteaulin (Finistère). Ils refusent la fermeture annoncée de plusieurs classes dans le secteur.

Par Carole TYMEN.

« On espère bien que l’inspecteur de l’Education nationale est dans son bureau, qu’il voit et entend qu’on est là. » Trempé par la pluie battante de ce mercredi 21 février 2024, fatigué par les diverses mobilisations qu’il organise depuis plusieurs semaines, écœuré par les échanges qu’il a eus jusqu’ici avec les services de l’inspection académique, le maire de Saint-Ségal (Finistère) est, par-dessus tout, « en colère ».

Lire aussi : « Si nous fermons une classe, les enfants ne reviendront plus », redoute le maire de Saint-Ségal

Depuis janvier, la menace d’une fermeture de classe dans sa commune qui compte parmi les plus jeunes et les plus dynamiques (au niveau démographique) du Finistère, lui est aussi insupportable qu’injuste. Notamment parce que 17 enfants de moins de 3 ans, qui pourraient très prochainement intégrer l’établissement, ne sont pas comptabilisés. La scolarisation n’étant pas obligatoire avant cet âge.

Le discours de Macron sur l’éducation

« J’ai écouté les deux heures de discours de Macron sur l’éducation le 16 janvier 2024. Deux jours après, j’ai un appel de l’inspection académique qui m’annonce qu’on va fermer une classe. Comment voulez-vous qu’on croie ce que disent les dirigeants ? C’est se foutre du monde. »

Après des opérations « portes ouvertes » pour engranger les inscriptions d’enfants, une soirée pyjama et diverses manifestations devant l’établissement, Frédéric Drelon a organisé une manifestation dans la ville voisine de Châteaulin.

« Personne n’est à l’abri »

À son initiative, des élus de huit communes du pays de Châteaulin (*), des parents et des enfants se sont joints au mouvement. Placés sur le pont routier de 10 h 15 à 12 h, ils ont fait en entendre leur mécontentement.

Armée de banderoles et de pancartes « Touche pas à ma classe », la quarantaine de personnes a gentiment monnayé le droit de passage des automobilistes contre un coup de klaxon. Un pont routier hautement symbolique puisqu’en plus de ralentir la circulation, il est situé à proximité les fenêtres de l’inspecteur de l’éducation nationale.

Le maire de Saint-Ségal, qui vit sa première menace de fermeture de classe, se dit choqué des méthodes « purement comptables » des services de l’inspection académique. « J’ai eu en face de moi des ordinateurs qui ne pensent qu’aux chiffres. Ils ont réponse à tout. »

Une quarantaine de parents, d’enfants et d’élus de neuf communes ont manifesté mercredi 21 février 2024, à Châteaulin (Finistère). | OUEST-FRANCE

Mutations militaires en juin

Si les élus de Pont-de-Buis et de Châteaulin gèrent eux aussi une menace de fermeture de classe, les élus des autres communes sont venus sous la pluie et sur la route par « solidarité […] Aujourd’hui, ce sont eux. Mais demain, à qui le tour ? », glisse la maire du Cloître-Pleyben et vice-présidente de la communauté de communes Pleyben – Châteaulin – Porzay, déléguée à la politique enfance-jeunesse, Dominique Bilirit. « C’est la vitalité voire la vie de nos petites communes rurales qui est en jeu. Avec Saint-Ségal, qui est démographiquement dynamique, c’est la preuve que personne n’est à l’abri. »

Lire aussi : Fermeture de classe à Camaret-sur-Mer : une centaine de manifestants réunis pour faire front

Comme en presqu’île de Crozon, plusieurs élus du pays de Châteaulin regrettent les calendriers de l’inspection académique, jugés « inadaptés » à ceux des mouvements de population, dans ces communes où vivent de nombreuses familles de militaires (mutations annoncées en juin voire juillet).

« Notre mobilisation ne va pas s’arrêter »

Constat hautement partagé à Châteaulin par Sylvie Chasserez, l’adjointe au maire déléguée aux affaires scolaires. « On nous demande les projections en novembre pour septembre suivant. Depuis le début de notre mobilisation, j’ai inscrit cinq enfants et j’en reçois d’autres. Mais malgré cela, ça ne semble pas suffisant, regrette l’élue. On nous reproche que les écoliers n’aient pas le niveau quand ils arrivent en sixième, mais pour l’atteindre, il faut des enseignants. »

Lire aussi : L’accueil des enfants en Presqu’île de Crozon fragilise l’avenir de l’école de cette commune

Les syndicats rencontrent les services de l’inspection académique jeudi 22 février 2024, à Quimper, pour décider des fermetures de postes à l’échelle du département du Finistère. Frédéric Drelon prévient : « Il ne faut pas croire que quand les décisions seront prises notre mobilisation va s’arrêter. »

(*) Ploéven, Saint-Nic, Pont-de-Buis-lès-Quimerc’h, Châteaulin, Gouézec, Lennon, Le Cloître-Pleyben, Saint-Ségal.

Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/chateaulin-29150/huit-communes-sur-le-pont-pour-sauver-les-classes-6b731ede-d0b3-11ee-89c0-6cefac77e04a

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/huits-communes-sur-le-pont-de-chateaulin-pour-sauver-leurs-classes-of-fr-22-02-24/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *