« Il est de la responsabilité du mouvement ouvrier d’arrêter cette marche à la guerre » (IO.fr-24/10/25)

Pièces pour les canons César entreposées dans l‘usine franco-allemande KNDS à Bourges (Cher) (photo AFP).

Sébastien Martineau, secrétaire de l’union départementale CGT du Cher, nous alerte : dans l’objectif affirmé de se préparer à une guerre de haute intensité à l’horizon 2030 sur le continent européen, la préfecture du Cher a organisé un colloque sous l’égide de l’armée.

Par la rédaction d’IO

Tu as participé à un colloque « stratégies et armement », qui l’organisait ?

Sébastien Martineau : Ce colloque s’est tenu les 9 et 10 octobre à Bourges au centre de formation de la Défense à Bourges qui est une ville où l’industrie d’armement est prépondérante.

Organisé par l’Institut des hautes études de la Défense nationale, il se tenait sous le haut patronage du général de corps d’armée Hervé de Courrèges, directeur de cet institut, et en présence des préfets de département et de région, ainsi que du président du conseil régional Centre-Val-de-Loire, François Bonneau, adhérent du Parti socialiste.

Y intervenaient des militaires ainsi que des civils, universitaires et industriels. Les militaires portent l’insigne de l’Otan.

J’avoue avoir été marqué et ne pas avoir très bien dormi les nuits suivantes d’autant qu’on nous a martelé qu’il faut arrêter de penser en un avenir radieux et se préparer à une guerre de haute intensité à l’horizon 2030 sur le continent européen. Cette échéance reviendra plusieurs fois dans les interventions.

Qu’as-tu retenu des interventions à ce colloque officiel ?

La « défense » s’organise autour de l’Otan face à une agression qui vient de Russie. La guerre ne doit pas être l’affaire exclusive des militaires, les civils doivent s’en emparer. Pour cela, il faut une prise de conscience, donc armer psychologiquement toute la nation dès maintenant, penser, manger, vivre guerre, et préparer la jeunesse.

Une universitaire (Julie Bastianutti) évoque une « arsenalisation des cerveaux » et particulièrement sur la masse la plus faible.

La guerre sera totale : cognitive, informationnelle, médiatique, technologique et politique avec ingérence étrangère.

Tout est pensé : la production, le budget, la stratégie, etc. Trop de normes ne permettent pas une production suffisante, l’industrie peine à bénéficier d’un financement nécessaire. La production de missiles est coûteuse ; des munitions plus petites qui demandent moins de technologie mais peuvent être déversées en masse, seront plus dévastatrices (ex : mortier). À noter que localement, les industries ont commencé à réorienter les productions.

L’heure est au développement de « bases industrielles et technologiques de défense en territoire » avec l’installation de l’« intelligence économique territoriale » (IET) où participent industries spatiale et aéronautique, les élus politiques, les « corps intermédiaires », etc. Il s’agit de mettre l’économie d’un territoire au service de l’armement (savoir-faire, matières premières…).

Pour cela, le ministère des Armées souhaite des IET dans toutes les régions, comme en Nouvelle-Aquitaine où des réunions se tiennent régulièrement en préfecture.

La préfecture du Cher est d’ailleurs mobilisée pour soutenir les entreprises de l’armement comme sur la recherche de terrains nécessaires à leur agrandissement.

La préfète de région conclura sur la nécessité de développer l’esprit de défense par un réarmement moral, civique et citoyen.

Concrètement, ils nous préparent la guerre, comment peut-on s’organiser face à cette ignoble perspective ?

Les syndicats dans l’armement ne sont pas informés, le ministère des Armées ne communique pas sur ces éléments. Eux, construisent la guerre avec une stratégie à tous les niveaux, ils s’organisent pour qu’elle soit acceptée. Nous, nous voulons la paix.

Il est de la responsabilité du mouvement ouvrier d’arrêter cette marche à la guerre et ce, dès maintenant. Militants syndicaux et politiques, il nous faut construire un argumentaire pour contrer ce qu’ils mettent en place.

Ils l’ont dit et redit : « réarmement », « arsenalisation des consciences » sont leurs maîtres mots. Nous devons nous adresser aux travailleurs et à la jeunesse sur nos mots d’ordre : paix et désarmement.

Un meeting contre la guerre ? On ne va pas y couper, on est au centre. À Bourges, la place de l’industrie d’armement est grande, on doit être à l’initiative. À voir sur qui on peut compter pour s’organiser ?

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2025/10/24/il-est-de-la-responsabilite-du-mouvement-ouvrier-darreter-cette-marche-a-la-guerre/

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