Allan Lambin, jeune homme de 19 ans à l’époque, était mort dans une cellule de garde à vue du commissariat de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), dans la nuit du 9 au 10 février 2019, quelques heures après son interpellation à la suite d’un accident de voiture à Dinard. Après quatre années d’instruction, le parquet sollicite la mise en examen de quatre policiers, pour homicide involontaire.
Allan Lambin est mort au commissariat de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), dans la nuit du 9 au 10 février 2019. Il avait été placé en cellule de dégrisement à la suite de son arrestation, après un accident de la route à Dinard. Son père était avec lui. Franck Lambin et la famille sont toujours en quête de réponses, sur les raisons qui ont conduit au décès du jeune homme, quelques heures plus tard.
Un cinquième juge d’instruction
Le parquet de Rennes, saisi en fin d’année 2019, vient d’adresser ses réquisitions au magistrat instructeur. « Au terme d’un argumentaire de 23 pages », le procureur Philippe Astruc a sollicité le 7 mars 2023 la mise en examen de quatre policiers « du chef d’homicide involontaire ».
Quatre juges d’instructions se sont succédé dans ce dossier, à la suite d’une information judiciaire, ouverte initialement à la demande de la procureure de Saint-Malo. Un cinquième a été désigné récemment. « Nous espérons qu’il se prononcera avant l’été, réagit Me Hélène Laudic-Baron, avocate des parties civiles. Depuis le début de cette instruction, qui remonte à trois ans, aucun élément nouveau n’a été porté à notre connaissance pour justifier que ces réquisitions arrivent aussi tard. »
« Allan aurait pu être réanimé »
La famille du défunt est persuadée qu’Allan Lambin est décédé des suites de son interpellation. « Il avait reçu un coup de genou au thorax et rien, dans les expertises, ne vient expliquer les raisons de son malaise, dans la cellule du commissariat », selon Me Laudic-Baron. Un premier rapport du médecin légiste avait montré que « si les secours étaient arrivés plus tôt, Allan aurait pu être réanimé ». L’avocate avait obtenu en mars 2020, devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel, qu’une contre-expertise soit faite. « Il a fallu attendre un an avant que les experts soient désignés et une année et demie supplémentaire, pour qu’elle soit réalisée », rappelle-t-elle. Les conclusions, rendues en juin 2022, n’éclairent pas davantage les causes de la mort, selon Me Laudic-Baron.
Sur des vidéos qu’elle a pu visionner, Allan Lambin se lève une première fois et tombe à genoux. Une seconde fois, il s’écroule « comme une planche, la tête contre le lavabo ». Il a été déclaré mort à 1 h 10. Cette nuit-là, son taux d’alcool affichait 0,80 g/ litre de sang.
« Son décès s’est produit après le départ du médecin, quand sur les fiches de surveillance, les policiers avaient noté « RAS », toutes les demi-heures. Et aussi « allongé sur sa couchette ». Ces vidéos montrent bien qu’ils n’ont pas assumé leur mission de vidéosurveillance, fustige l’avocate. Et ces policiers avaient été entendus par l’IGPN (la police des polices) dès le lendemain du décès. »
Auteur : Angélique CLÉRET.
URL de cet article : Il était mort au commissariat de Saint-Malo : le parquet requiert la mise en examen de 4 policiers. (OF.fr – 12/05/23) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)