Il ne supportait plus la pression : le patron d’une entreprise de travaux agricoles de Plourin-Ploudalmézeau coupe le moteur. ( LT.fr – 04/07/22 – 20h55 ) 

Après 22 ans de croissance, Mikaël Cornen cesse son activité de travaux agricoles, à Plourin-Ploudalmézeau. Le fruit d’une lassitude et de contraintes devenues trop fortes.
Après 22 ans de croissance, Mikaël Cornen cesse son activité de travaux agricoles, à Plourin-Ploudalmézeau. Le fruit d’une lassitude et de contraintes devenues trop fortes. Télégramme/Yann Le Gall)

Oscillant entre tristesse et soulagement, Mikaël Cornen cesse son activité de travaux agricoles. Le patron plourinois ne supportait plus la pression des prix et de certains clients.

Issu du milieu paysan, c’est en connaissance de l’exigeant labeur à venir (70 heures par semaine) que Mikaël Cornen a repris l’affaire de Louis Lannuzel, en 2000. Bosseur, il a poussé les murs de l’entreprise de prestation de travaux agricoles de la zone d’activité de Keryar, passée de trois à quatorze salariés.

L’activité continuait de battre son plein, en ce premier semestre 2022. Pourtant, ce 1er juillet 2022, « une bonne partie des gars » ont commencé à proposer leurs services ailleurs. Mikaël Cornen, 48 ans, cesse son activité : « Je suis blasé du métier ».

Trop de sollicitations de dernière minute

Fatigué, surtout, des appels le vendredi, à 18 h, « quand les employés ont fini leur semaine » pour aller moissonner le lendemain chez un client. « Ça fait partie du job. Je l’accepte au moment des récoltes et des fenêtres météos qu’il ne faut pas rater. Plus difficilement quand ces sollicitations de dernière minute paraissent gérables à l’avance. Or, c’est devenu récurrent ».

Le Plourinois a un bout d’explication à cela : « Des exploitations ont grandi sans développer la main-d’œuvre. Alors ils font appel à nous. OK. Mais on ne s’y retrouve pas dans leur organisation. Qu’ils prennent conscience que tout le monde a le droit à une vie à côté du boulot ».

Travail à perte

D’autant que la répétition des samedis dimanches de quinze heures de travail (en pleine saison des moissons) bouffe plus de blé qu’elle ne rapporte : « Le week-end et les jours fériés me coûtent le double en salaire. Comme je ne peux pas doubler la facture, je travaille presque à perte ». Sachant la fragilité des trésoreries des exploitants, il accepte l’allonge des délais de paiement.

Pendant ce temps, la faible marge de bénéfice du secteur des travaux agricoles est siphonnée par la hausse du carburant (même si le gouvernement a consenti au remboursement de la taxe sur le gazole non routier).

« Je ne m’en vais pas fâché »

« Le matériel a également augmenté », ajoute Mikaël Cornen, dont l’entreprise faisait rouler dix moissonneuses et cinq ensileuses. Si, malgré tout, il garde de l’affection pour cette « belle clientèle », l’entrepreneur ne fera cependant pas machine arrière. « J’ai peur de faire un burn-out. Je préfère anticiper. Je ne m’en vais pas fâché avec le monde agricole. Seulement, la passion a fané ».

Source : Il ne supportait plus la pression : le patron d’une entreprise de travaux agricoles de Plourin-Ploudalmézeau coupe le moteur – Brest – Le Télégramme (letelegramme.fr)

Auteur : Yann Le Gall

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