
Macron : la stratégie du chaos et du découragement
C’était écrit d’avance, c’est désormais officiel. Macron n’a aucune intention de respecter le résultat des urnes. Il n’y aura pas de nomination d’une Première Ministre issue du Front Populaire, pourtant arrivé en tête lors des élections législatives provoquées au début de l’été.
“Stabilité”
Dans un communiqué diffusé ce 26 août, le Président de la République dit avoir «constaté qu’un gouvernement sur la base du programme proposé par l’alliance regroupant le plus de députés, le Nouveau Front Populaire, serait immédiatement censuré […] la stabilité de notre pays impose donc de ne pas retenir cette option.»
En juin, Macron avait pourtant promis de nommer Bardella Premier Ministre, même sans majorité absolue, si le RN arrivait en tête. À l’inverse, il fait barrage de toutes ses forces contre un potentiel gouvernement de gauche, même le plus tiède qui soit. Il a choisi le chaos, le coup de force, le putsch. La situation actuelle est inédite dans l’histoire de la Cinquième République,
Macron a gouverné sans majorité depuis 2022, utilisant toutes les procédures les plus autoritaires et exceptionnelles, notamment un record d’usage du 49.3 jamais vu dans l’histoire.
Souvenez vous qu’il déclarait pourtant en 2017 : «Je veillerai à ce que notre pays connaisse un regain de vitalité démocratique, les citoyens auront voix au chapitre, ils seront écoutés» et qu’il jurait en 2022 : «À celles et ceux qui ont voté pour moi, non pour soutenir mes idées mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite, votre vote m’oblige. Je ne suis plus le candidat d’un camp, mais le Président de toutes et tous». Jamais un dirigeant n’aura, à ce point gouverné par le mensonge, ni autant détruit le sens des mots, abîmé le réel.
Que fait le mouvement social ?
Il est tétanisé, vaincu d’avance. Alors que nous étions des millions à faire cette promesse l’année dernière: «pas de retraites, pas de JO», les centrales syndicales ont finalement appelé à «ne pas gâcher la fête» à la veille des Jeux Olympiques.
C’était pourtant le moment où jamais de frapper vite et fort. Une seule journée de grève pendant un tel événement, sous les yeux du monde entier, en vaut des centaines en temps normal. La victoire n’est possible qu’avec un rapport de force au moment opportun quand l’adversaire est lui même en difficulté. Pas de gaspiller toutes les forces dans des «journées» isolées qui n’ont jamais inquiété le moindre gouvernement.
Imaginez si le pays avait été paralysé par les blocages et les manifestations à la fin du mois de juillet, les dirigeants du monde s’en seraient rappelé avec épouvante pour des décennies. Au lieu de ça, Macron a réussi à mettre le pays sous cloche, à taire les contestations, et s’attribue la «réussite» des jeux. Cette toute puissance lui permet à présent d’aller toujours plus loin.
Et maintenant ? La secrétaire générale de la CGT évoque une «possible grève» d’ici «la fin septembre début octobre». Et le ton est aussi risible du côté du Front Populaire : il y a quelques jours, Lucie Castets sortait toute souriante de son entretien avec Macron, et saluait «le dialogue constructif» avec le président. Soit ces gens sont d’une naïveté absolue, soit ils n’ont toujours pas compris la nature pouvoir en place. Ce dernier ne reculera que s’il ressent physiquement la peur.
La stratégie de la résignation
Toute la doctrine de Macron pourrait être résumée en une seule phrase du théoricien d’extrême droite Maurice Barrès : «La première condition de la paix sociale est que les pauvres aient le sentiment de leur impuissance.»
Depuis 7 ans, toute la gouvernance ne sert qu’à fabriquer de la résignation, de la soumission, du désespoir. Face aux grèves monumentales ? Mépris, silence et lacrymogènes. Face aux Gilets Jaunes ? Répression sanguinaire. Face au plus grand mouvement social depuis Mai 68, celui de 2023 sur les retraites, et contre 90% des travailleurs ? 49.3 et absolument aucune concession. Les banlieues se soulèvent ? Des brigades anti-terroristes sèment l’effroi dans les quartiers, et la police sort encore renforcée. À présent, même en cas de vote perdu par Macron et remporté par la gauche, c’est le coup de force.
On nous a répété que «ce n’est pas la rue qui gouverne», qu’il faut «attendre les élections» et «jouer le jeu démocratique» si la situation ne nous convient pas. Même ce petit refrain n’a plus aucun sens.
Le message est clair : nous n’avons pas la parole, nous ne sommes rien et n’avons aucune autre solution que courber l’échine. Manifester ne sert à rien. Voter ne sert à rien. Écrire ne sert à rien. “Taisez vous et restez chez vous”, voilà le message tyrannique, de Macron.
Destitution ? Insurrection ?
Un soulèvement n’a jamais paru aussi légitime et audible. Le clan au pouvoir n’écoute plus rien, il est barricadé dans sa forteresse, et piétine tout les principes établis, y compris les règles constitutionnelles qu’il prétend défendre. Même la fameuse «République» dont se drapent les dirigeants pour conserver un semblant de légitimité est totalement bafouée. Le roi est nu.
Les tractations politiciennes ou les bisbilles infinies sur nomination d’un Premier Ministre n’intéressent plus personne. Nous n’en sommes plus là. L’urgence est de ne pas laisser passer ce coup de force de plus. Ce coup de force de trop.
Ou alors, absolument plus rien ne séparera la situation politique française d’une dictature soft.
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Source:https://contre-attaque.net/2024/08/27/il-ny-aura-pas-de-gouvernement-du-front-populaire/
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