«Il reste encore des disparus» : il y a 80 ans, à Brest, trois corps de résistants étaient retrouvés (OF.fr-21/02/25)

Jean-Yves Guengant, historien et auteur Brestois, près du chantier du tramway place de la Liberté. | OUEST-FRANCE

Le sol de Brest (Finistère) n’a pas encore livré tous ses secrets. Outre les bombes, régulièrement mises au goût du jour, ou les abris et vestiges de la vieille ville qui dorment dans les profondeurs, plusieurs dizaines de corps de résistants fusillés par les Allemands en 1944, restent à ce jour introuvables. Il y a 80 ans, trois d’entre eux avaient été retrouvés.

C’était il y a 80 ans, le 21 février 1945. Trois corps sont retrouvés. Alors qu’il cherche désespérément la dépouille de son fils, « le père du résistant landernéen François Pengam fait une macabre découverte près du champ de tir du Bouguen à Brest (Finistère) », explique Jean-Yves Guengant, historien et auteur qui a travaillé sur le sujet des résistants disparus à Brest.

« De nombreuses familles »

Pour comprendre cette histoire, il faut remonter au 10 juin 1944 : les résistants brestois Yves Hily, Julien Kervella et Gaston Viaron du mouvement Défense de la France, sont fusillés par les troupes d’occupation. « Comme le veut la procédure, les Allemands ne fournissent pas le lieu d’inhumation aux familles, qui restent alors dans une double douleur ; d’avoir perdu un proche et de ne pouvoir se recueillir sur sa sépulture. »

Et avec le départ des Allemands, « les potentielles réponses s’envolent. Dans la presse, en novembre 1944, on peut voir par exemple la famille de Gaston Viaron, lancer un appel pour savoir ce qu’il est advenu de leur fils et nombreuses sont les familles dans ce cas. » Au sortir des combats, plus d’une soixantaine de résistants sont toujours portés disparus.

De gauche à droite: Yves Hily, Julien Kervella et Gaston Viaron, fusillés le 10 juin 1944 à Brest. | OUEST-FRANCE

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Ce 21 février 1945, les dépouilles sont d’abord prises pour des marins allemands, inhumées à Kerfautras dans un premier temps. Leurs effets personnels sont néanmoins mis à disposition des familles françaises qui réclament de pouvoir les vérifier, au cas où, comme le précise Gildas Priol dans la notice biographique de Gaston Viaron, sur le site www.resistance-brest.net. Formellement identifiés, les trois résistants sont alors correctement inhumés.

Un projet de plaque nominative à Pontaniou

Pour les autres familles, l’insoutenable attente se poursuit. « C’est lors de travaux comme le tramway, ou lors de fouilles archéologiques préventives, que des découvertes sont faites, tant sur le patrimoine que pour des charniers. À Brest, en 1962, lors du creusement des fondations du futur centre d’apprentissage du Bouguen, un charnier est découvert à 7-8 mètres de profondeur », relate Jean-Yves Guengant qui a étudié de nombreux comptes rendus sur le sujet pour son livre, Les Disparus de Pontaniou.

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Désormais, Jean-Yves Guengant travaille avec la Ville de Brest pour faire inscrire les noms des disparus sur le mur d’enceinte de la prison.

« La plaque actuelle, datant de 1964, est difficilement compréhensible pour nos yeux contemporains. Nous souhaitons repréciser les choses, qui étaient nébuleuses à l’époque, en inscrivant les noms de ces victimes, dont une quarantaine restent encore disparues à ce jour. »

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Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/il-reste-encore-des-disparus-il-y-a-80-ans-a-brest-trois-corps-de-resistants-etaient-retrouves-43593e86-ef95-11ef-ad60-0c5235a6fd7c

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