Rafle, reddition manquée, accrochage précèdent la Libération. Les 6 et 7 août 1944, les habitants du bourg de Trégunc (Finistère) vivent les heures les plus angoissantes de l’Occupation.
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Dans les derniers temps, les rafles se multipliaient. Il était temps qu’ils partent. Tous les soirs, mon frère Arsène, né en 1925, dormait sous les combles accessibles par une trappe. Notre crainte, comme d’autres familles, était qu’il se fasse ramasser comme d’autres jeunes
, évoquait Joseph Briand du village de Curiou (Finistère), en 2012.
Après la rafle de mai 1944, la dernière survient le 7 août, vers 6 h du matin, après la reddition manquée du 6 août des Russes, auprès de la Résistance, dirigée par le commandant Rincazaux.
En fin d’après-midi, les Russes, enrôlés dans la Wehrmacht, perdent quatre hommes à Beg Rouz Vorc’h, tandis que les maquisards de Vengeance et de Libération parviennent à quitter les abords du bourg de Trégunc (Finistère). L’ennemi enragé boucle le bourg, la nuit se transforme en calvaire pour les habitants. Le 7 août au matin, l’Occupant enferme dans le grenier de l’école des filles, où est cantonnée la garnison depuis 1940, tout homme se trouvant sur son passage.
Le jour de la rafle, ceux qui ont pu s’échapper parviennent à se cacher dans les champs. C’était durant les moissons et nous étions dans le grand champ. Ils y ont trouvé refuge et sont restés jusqu’à la nuit. Je me rappelle leur avoir apporté à manger. Le soir lorsque la situation s’est calmée ils sont venus dormir dans le foin
, témoignait Marie Dagorn, de la ferme de Trémot, en 2012.
Des grandes fosses
Dans le champ de Parc Person, à l’emplacement du Sterenn, les Allemands creusent trois grandes fosses larges et profondes, un talus de terre de chaque côté du trou. Plus tard, on les comble. Lorsque je gardais les vaches et que le vent soufflait, je m’abritais derrière ces buttes de terre. À quelle fin ont-elles été creusées ? Toujours est-il que l’attaque de Kernaourlan sauve le bourg d’un Oradour-sur-Glane
, évoquait une habitante du bourg en 2015.
De leur côté, les résistants ne veulent pas rester sur l’échec de la veille. Une attaque est programmée au 7 août. Le lieutenant Martin trouve au sud-ouest de la ferme de Kernaourlann, entre Trégunc et Nizon, un terrain propice à une embuscade.
Le 7 août, dès 7 heures, les résistants du groupe Vengeance prennent position. Les fusiliers et quatre des fusils-mitrailleurs sont disposés derrière un muret, situé au nord et en contrebas d’un champ de 80 à 100 mètres de large, qui borde la route où doit passer le convoi. Le dernier fusil-mitrailleur est posté à une trentaine de mètres en arrière, derrière un talus dominant la première ligne. Sa mission consistera à faciliter le décrochage des hommes engagés, dans le cas où ils seraient attaqués de front.
L’attaque de Kernaourlann
Après un tir d’environ 3 minutes, le commandant ordonne le décrochage. Les hommes, en file indienne, prennent la direction du boqueteau. L’appel effectué, le commandant constate l’absence de Berth, qui servait le cinquième fusil-mitrailleur. Nous entendons de temps en temps une vive fusillade vers Croissant-Bouillet. Vers 19 h, Nerzic rentre avec sa patrouille. Il a perdu un tué, le soldat Trichard et deux blessés, Katio et Hélias
, relate le commandant. Le convoi de la Wehrmacht en piteux état traverse le bourg de Trégunc, semant aussitôt l’inquiétude dans l’esprit des habitants. Séance tenante, les soldats de la garnison, craignant de tomber entre les mains de la Résistance, quittent le bourg en direction de Concarneau. Trégunc est libéré le 8 août.
Pratique : à 11 heures, le 8 août se déroulera la commémoration, place des anciens combattants. Suivie, à 11 h 15, d’un vin d’honneur offert par la municipalité.
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