« Il y avait des valeurs et je défendrai toujours l’arsenal » : à Brest, « l’arsouille » racontée sur scène par ses acteurs (LT.fr-26/02/25)

Ces comédiens amateurs, anciens travailleurs de l’Arsenal, à Brest, vont témoigner de leur parcours et leur rapport à cet endroit si mystérieux pour bon nombre de Brestois. (Photo Le Télégramme/Paul Bohec)

Véritable plongée au cœur d’un arsenal de Brest raconté par ses acteurs, la pièce de théâtre « Jusqu’à ce qu’on les dépossède » sera jouée lors de deux représentations gratuites aux Capucins en fin de semaine.

Ils déposent au sol les bleus de travail. Et se présentent les uns après les autres. En cet après-midi de fin février, ils sont six comédiens amateurs à se retrouver pour un filage avant deux représentations gratuites dans la salle des machines aux ateliers des Capucins, ces vendredi 28 février et samedi 1er mars 2025. La répétition se déroule dans la Maison des syndicats, sous le regard exigeant de Martin Coz Elléouet, qui a écrit et mis en scène la pièce. « Okay, Dédé, Louis et Max, à ce moment-là, vous retournez vous asseoir », lâche celui qui porte là son tout premier spectacle.

Ils racontent leur « Arsouille »

« Jusqu’à ce qu’on les dépossède » – c’est son nom – retrace une partie de l’histoire de l’arsenal de Brest de l’après-Guerre jusqu’au début du XXIe siècle. Sur scène, pas de chichi. Pas d’effets de scène ni de personnages fictifs. Mais le témoignage, livré brut, de ceux qui ont vécu l’arsenal. Un ancien mécanicien de l’artillerie ou un ex-tourneur, une ancienne charpentière-tôlière devenue cheffe d’équipe – l’une des premières – ou encore des représentants syndicaux. Tous racontent, avec leurs mots et leur sincérité ce qu’était leur « Arsouille ». Comment ils l’ont vécu aussi. Là encore, toujours sans chichi. Parce que tout n’y était pas rose.

« Les conditions de travail n’étaient pas faciles, rappelle Tino Kerdraon, ouvrier devenu député par la suite. Il y avait la poussière, le bruit, parfois l’amiante… ». Cette ville dans la ville, intrigante et parfois méconnue par les Brestois eux-mêmes, ils la racontent donc sans détour. Avec leurs anecdotes aussi. « Il y avait un parler de l’arsenal. Les gens avaient des surnoms, en fonction de leurs caractéristiques, leur poste de travail, se souvient Jean Bodennec. Moi, c’était « savonnette », sourit-il. Parce qu’entre mes déplacements et mes mandats syndicaux, j’étais difficile à saisir ».

Martin Coz Elléouet, 23 ans, est le metteur en scène de la pièce de théâtre « Jusqu’à ce qu’on les dépossède ».
Martin Coz Elléouet, 23 ans, est le metteur en scène de la pièce de théâtre « Jusqu’à ce qu’on les dépossède ». (Photo Le Télégramme/Paul Bohec)

Une histoire familiale

Le projet est né à la suite d’une émission de radio, sur Radio U, que Martin Coz Elléouet a enregistrée en 2022. Toutes les semaines, il recueillait le témoignage individuel d’un témoin de la vie de l’arsenal. Cette fois, pour le déroulement de la pièce, les séquences seront thématisées, chacun allant à son tour de son souvenir entrecoupé de photos ou de vidéos d’époque. C’est l’histoire familiale du jeune homme de 23 ans qui l’a rapproché de l’arsenal. Son grand-père, Michel Coz, en était l’une des figures emblématiques.

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Les combats syndicaux au cœur de l’histoire

Son histoire de militant syndical, rappelée au cours de la pièce, dessine en filigrane ce qui marquera l’histoire plus large de l’arsenal : celle des combats autour du statut de tous ses ouvriers. Louis Debarnot se rappelle des manifestations des années 60. Celle de 1978 aussi qui avait commencé avec « le personnel du bassin 10 » et qui s’était terminée avec « un cortège qui quittait l’arsenal ». Tino Kerdraon embraye avec la fin des années 90 et la crainte entourant le déclassement de l’arsenal. La grande grue, les sirènes… L’histoire de l’arsenal est indéfectiblement liée à celle de Brest. « Moi, j’y ai appris mon métier. Il y avait quand même des valeurs et je défendrai toujours, toujours, l’arsenal », conclut, ferme, Max Ouanich.

Martin Coz Elléouet (en bleu), metteur en scène, et une partie de la troupe amateure qui participera aux représentations de la pièce de théâtre « Jusqu’à ce qu’on les dépossède », aux ateliers des Capucins les vendredi 28 février et samedi 1er mars 2025.
Martin Coz Elléouet (en bleu), metteur en scène, et une partie de la troupe amateure qui participera aux représentations de la pièce de théâtre « Jusqu’à ce qu’on les dépossède », aux ateliers des Capucins les vendredi 28 février et samedi 1er mars 2025. (Photo Le Télégramme/Paul Bohec)
Pratique

Vendredi 28 février et samedi 1er mars 2025, à 20 h, dans la salle des machines aux ateliers des Capucins. Gratuit.

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Source: https://www.letelegramme.fr/finistere/brest-29200/il-y-avait-des-valeurs-et-je-defendrai-toujours-larsenal-a-brest-larsouille-racontee-sur-scene-par-ses-acteurs-6767008.php

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