
Le 14 septembre 2021, Moggly, le chien de Jean-Louis Le Roy, décédait après une balade sur la plage de Saint-Efflam, à Plestin-les-Grèves. Les algues vertes étaient suspectées. Un an après la médiatisation du drame et les résultats des analyses, où en est-on ? Trois acteurs livrent leurs sentiments.
1 « Je pense à mon chien tous les jours »
« Mon chien est en photo sur mon téléphone portable en page d’accueil. J’y pense tous les jours, déclare le propriétaire de Moggly, Jean-Louis Le Roy. Mais il faut aussi avancer. J’ai décidé de ne plus prendre de chien parce que c’est trop dur. C’était une bête super, on était très soudé et elle n’obéissait qu’à moi. Je ne vais plus, non plus, me promener sur la plage de Plestin-les-Grèves ».
C’était une bête super, on était très soudé.
Un an après, le propriétaire considère qu’il n’aura « jamais la réponse à sa question principale : de quoi est mort mon chien ? Pour moi, mon chien a été empoisonné sur la plage, par quoi, je n’en sais rien », écartant la thèse de l’insecticide, le Carbofuran, retrouvé dans sa dépouille. « Les analyses concernant la recherche d’hydrogène sulfuré ont été faites après que le chien est resté 48 heures sous perfusion, donc cela a tout nettoyé », complète-t-il.
« Je n’ai pas eu de nouvelles depuis la dernière réunion que nous avons eue avec les élus, le vétérinaire… en janvier 2022. J’ai l’impression que c’est tombé aux oubliettes. Il faut que les pouvoirs publics mettent en place un protocole dès qu’un animal décède de façon bizarre ». (NDLR : nous avons contacté Jean-Louis Le Roy avant qu’un protocole à l’échelle régionale nous soit annoncé le 12 septembre, suite à notre sollicitation, par les services de l’État).
2 « On n’a pas à rougir de notre combat »
« Toute la lumière n’a pas été faite, commente Yves-Marie Le Lay, président de Sauvegarde du Trégor-Goëlo-Penthièvre qui a soutenu les propriétaires des trois chiens victimes. Je n’affirme pas avec certitude que ce sont les marées vertes qui sont responsables de la mort des chiens. Je constate que l’on est dans un site qui est critique ; la première responsabilité des autorités, ce serait de chercher du côté de l’hydrogène sulfuré (H2S). Après cette affaire, nous avons écrit fin septembre 2021 au préfet de région en lui demandant d’établir un protocole ; à chaque fois qu’un animal ou un homme meurt dans ces circonstances-là, il faut tout de suite effectuer des prélèvements sanguins pour rechercher le H2S. On a jamais eu de réponse (NDLR : nous avons également contacté Yves-Marie Le Lay avant qu’un protocole nous soit annoncé le 12 septembre, suite à notre sollicitation, par les services de l’État). Avec l’association, on envisage de réécrire au préfet de région ».
S’il y a aujourd’hui la reconnaissance du danger des algues vertes, c’est grâce aux associations.
Pour Yves-Marie Le Lay, « on n’a pas à rougir de notre combat. S’il y a, aujourd’hui, la reconnaissance du danger des marées vertes, c’est grâce aux associations. Aujourd’hui, notre combat, outre la prise en charge des victimes, c’est dire que les marées vertes, c’est aussi une grave atteinte à la biodiversité. Là où pourrissent les algues vertes dans le sable et dans la vase, plus rien ne vit ».
Moogli, border-collie âgé de cinq ans, est décédé subitement, après une balade sur la plage de Plestin-les-Grèves. Le vétérinaire suspecte une intoxication.

3 « Je me suis battue pour qu’il y ait un protocole »
« Ce qui m’a contrariée, c’est que les trois chiens concernés en septembre 2021 ont été pris en charge de manière très différente par les vétérinaires. Je me suis battue pour qu’il y ait un protocole, confie Annie Bras-Denis, présidente du Sage Baie de Lannion et vice-présidente à l’environnement à Lannion-Trégor Communauté. Lorsqu’il y a un souci ou un accident, il faut le prendre au sérieux et essayer d’avancer ».
À l’heure du bilan, elle reconnaît que « l’État a bougé ». Les accidents avec les chiens « ont permis d’alerter et ont contribué à la mise en œuvre d’un protocole de prise en charge des animaux et, éventuellement des humains, en cas de suspicion d’intoxication à l’hydrogène sulfuré ». Elle se satisfait également du travail mené avec l’association Air Breizh et l’installation d’un capteur de H2S à hauteur d’homme sur la Lieue de Grève (au niveau du Roscoat) qui permet d’alerter la population en cas de taux dangereux. « Il n’y a pas eu de déclenchement du capteur cet été et les taux sont restés faibles », commente-t-elle.
Auteur : Lucile Argaud