Incendies : les syndicats de sapeurs-pompiers dénoncent un système à bout de souffle (lagazettedescommunes-25/07/22)

Alors que les feux en Gironde sont enfin fixés, les syndicats de sapeurs-pompiers reviennent sur les annonces du président de la République lors de sa visite le 20 juillet à La Teste-de-Buch. Au-delà des moyens humains et matériels, ils réclament une refonte du système de sécurité civile.

Ils sont épuisés et en colère. Au lendemain de la visite d’Emmanuel Macron en Gironde le 20 juillet, au cours de laquelle le président de la République a tenu à remercier le travail tous les acteurs engagés dans la lutte contre les incendies, les sapeurs-pompiers ne cachent ni leur lassitude, ni leur exaspération. « Emmanuel Macron qualifie les pompiers de héros absolus, mais il poursuit sa politique d’assèchement des services publics et de dégradation des statuts et conditions de travail des personnels », tance Sébastien Delavoux, délégué CGT. « Les félicitations, c’est super, mais les camions, c’est mieux », résume-t-il.

Recruter massivement

« La reconnaissance présidentielle est appréciée, mais il faut que les paroles se transforment en actes. Les promesses ne doivent pas s’envoler pas à l’automne à l’arrivée des pluies », commente Alain Laratta, président du syndicat Avenir secours CFE CGC, qui rappelle que « cela fait des années que les pompiers alertent les pouvoirs publics et que rien ne bouge ». Or, l’urgence est là, et bien là. « Nous n’avons plus les moyens, ni humains, ni matériels, de faire face aux risques de catastrophes, qui ne cesse lui, de croître, estime Xavier Boy, président de la Fédération autonome des sapeurs-pompiers professionnels et des personnels administratifs, techniques et spécialisés (FA/SPP-PATS). Aujourd’hui, c’est le système de sécurité civile dans son ensemble qu’il faut repenser. »

Pour ce dernier, il est urgent de « doubler le nombre de pompiers professionnels (ils sont aujourd’hui 41 400, selon le ministère de l’Intérieur, ndlr) » et de se fixer un objectif de « 400 000 pompiers volontaires » (ils sont 197 100 aujourd’hui, ndlr). « Il faut recruter massivement », renchérit Alain Laratta, à Avenir Secours, qui pointe également « le déficit de moyens matériels ». Des demandes syndicales qui rejoignent celles de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France.

Augmenter la flotte aérienne européenne

Le 20 juillet, interrogé sur le manque de moyens aériens, Emmanuel Macron s’est défendu : « Nous avons une flotte de 22 avions. C’était assez les dernières années. » Des propos qui n’ont pas manqué d’irriter les syndicats. « Cela fait des années que notre flotte est insuffisante, vieillissante, dégradée. L’alerte est donnée depuis longtemps. Il n’y a pas assez d’appareils en état de voler immédiatement, pas assez de pilotes pour assurer les rotations, pas assez de canadairs », dénonce Sébastien Delavoux à la CGT, qui demande à l’Etat de « s’engager fermement à commander de nouveaux canadairs et bombardiers d’eau pour doubler la flotte et en disposer au plus tôt, en prenant les mesures pour recruter et payer les pilotes et mécaniciens nécessaires à leur fonctionnement. »

Face à l’ampleur des feux en Gironde, le président de la République a tout de même reconnu qu’il « fallait davantage » de moyens aériens. Après avoir précisé que cette flotte augmentée serait « européenne », il a appelé à « redéployer une stratégie industrielle » pour construire ces appareils. « La réponse doit d’abord être européenne, martèle Alain Laratta d’Avenir Secours. Il faut renforcer notre potentiel opérationnel européen. L’Europe doit pouvoir financer des avions de grande capacité, susceptibles de gérer des feux qui s’étalent sur des périmètres de 65 kilomètres comme en Gironde. Il faut également, en parallèle, renforcer nos moyens nationaux. »

Depuis plusieurs années, les sapeurs-pompiers tirent la sonnette d’alarme. Les syndicats estiment être désormais « au bout d’un système ». « Le dérèglement climatique n’est plus hypothétique, c’est une réalité. Et la réforme de la sécurité civile n’est plus une option, c’est une priorité! », écrit sur Twitter FA/SPP-PATS, qui demande en urgence une « audience au ministre de l’Intérieur ».

Petite lueur d’espoir du côté du Syndicat national des sapeurs-Pompiers professionnels et des PATS qui salue, toujours sur le réseau social, la nomination du colonel Laurent Kihl, sapeurs-pompiers professionnel, à Beauvau, en tant que conseiller sécurité civile.

🔴 Nous avions demandé à ce qu’un sapeur-pompier professionnel soit nommé à Beauvau en qualité de conseiller sécurité civile, c’est fait avec la nomination du Colonel Laurent KIHL @SecCivileFrance pic.twitter.com/sbwVd76L1w

— SNSPP-PATS (@SNSPP_PATS) July 22, 2022

Nathalie PERRIER

source: https://www.lagazettedescommunes.com/819573/incendies-les-syndicats-de-sapeurs-pompiers-denoncent-un-systeme-a-bout-de-souffle/

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