Ils sont en colère et en grève symbolique. Eux, ce sont les perfusionnistes du CHU de Rennes comme ceux de France. Marre d’être invisibles et que leur expertise et leur savoir faire ne soient toujours pas reconnus. Pourtant sans eux, pas de chirurgie cardiaque possible. Explications.
« C’est très simple. Sans les perfusionnistes, on ne peut tout simplement pas faire de chirurgie cardiaque » affirme, sans aucune hésitation, le professeur Jean-Philippe Verhoye, chef du service de chirurgie cardiaque et vasculaire du CHU de Rennes. « Leur expertise nous est indispensable et ils sont incontournables. Autant que le chirurgien et l’anesthésiste lors d’une opération. Il y a une vraie symbiose d’équipe. »
« Ils permettent de garder le patient en vie »
Mais c’est quoi un perfusionniste ? « Nous sommes chargés de la mise en place de la circulation extracorporelle pendant les opérations », explique Mélanie Verzi, 36 ans et perfusionniste depuis 2020 dans le service de chirurgie thoracique et cardio vasculaire du CHU de Rennes. « C’est-à-dire, qu’à l’aide de machines très perfectionnées, on dérive la circulation sanguine en dehors du corps ce qui permet de garder le patient en vie alors que son cœur et ses poumons ne fonctionnent plus ». Une technique indispensable en chirurgie cardiaque, par exemple pour une greffe du cœur, en cardiologie interventionnelle et aussi en urgence réanimation.
Des spécialistes aussi de l’oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO) qui, quand le cœur et ou les poumons sont défaillants, permet d’éliminer le CO2 et d’enrichir le sang en oxygène.
Une spécialité avec deux ans de formation
« Nous sommes actuellement neuf perfusionnistes au CHU de Rennes et deux autres sont en cours de formation. Le problème étant que notre technicité n’est pas du tout reconnue ni valorisée par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) », s’indigne Mélanie Verzi. Tout comme les 300 autres perfusionnistes exerçant en France, « nous sommes de vrais invisibles et pourtant nous sommes uniques et indispensables ». D’où leur mouvement de colère et de grève entamé il y a quelques semaines.
Infirmière diplômée d’État, elle a exercé pendant onze années en réanimation chirurgicale toujours au CHU de Rennes. « Une solide expérience dans un service très exigeant. Mais pour devenir perfusionniste, il faut ensuite suivre un master de deux ans dispensé par l’université de la Sorbonne. » Elle a donc acquis une formation à Bac + 5 qui a été financée par le CHU de Rennes.
Des Italiens à la rescousse
À côté d’elle, Alessandro Parasido, 32 ans, lui aussi perfusionniste. Il est italien. « Nous disposons d’une bonne filière de formation en Italie. » Il a choisi de venir travailler au CHU de Rennes, comme quatre autres collègues, car c’est une spécialité très recherchée. Par contre, contrairement à sa collègue Mélanie, il n’est pas infirmier mais technicien hospitalier. Donc pas sur la même grille salariale. « Ce n’est pas acceptable que des personnes exerçant le même métier n’aient pas le même statut ni le même niveau de rémunération », s’indigne le professeur Verhoye.
À ce jour, les demandes des perfusionnistes à la Direction générale de l’offre de soins sont restées lettre morte. Ils sont en grève symbolique et assurent, 24 heures sur 24 et sept jours sur sept leur mission vitale.
Auteur : Samuel NOHRA.