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En réponse au parquet qui a requis une peine d’inéligibilité contre Marine Le Pen, le parti d’extrême droite a lancé une contre-offensive aux accents complotistes visant à décrédibiliser la justice.
Par Cyprien CADDEO.
Les loups qui hurlaient au laxisme trouvent soudain la justice trop sévère. Depuis l’annonce des réquisitions contre (notamment) Marine Le Pen, qui risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et cinq ans d’inéligibilité pour son rôle présumé dans l’affaire des assistants parlementaires RN du Parlement européen, les cadres du Rassemblement national crient au complot politique.
L’inéligibilité pourrait priver Marine Le Pen d’une quatrième candidature à l’Élysée, en 2027. Alors, le président du RN, Jordan Bardella, dénonce un « parquet qui est dans l’acharnement et dans la vengeance » et des « réquisitions scandaleuses qui visent à priver des millions de Français de leur vote ». Les ténors du parti lepéniste, qui, selon toute probabilité, s’attendaient à une note salée du parquet au vu des éléments accablants présentés durant le procès, ont eu le temps de roder leur contre-attaque.
« Justice politique », « parquet indigne et politisé », « démocratie bafouée », « tentative d’éliminer violemment Marine Le Pen »… Sur les plateaux, les politesses ont fusé à l’encontre de la magistrature. Un assaut médiatique qui présente, pour l’extrême droite, un double intérêt : détourner le débat pour qu’il ne porte plus sur le cœur de l’affaire (un détournement des fonds publics européens pour payer les salariés du parti), et alimenter la rhétorique aux accents trumpistes d’un « système politico-judiciaire » qui, de l’Assemblée au tribunal, comploterait contre « le parti du peuple ».
Des soutiens en Macronie
Preuve que le RN a décidément un problème avec la loi, c’est la même grosse ficelle qui avait été employée concernant la sortie du livre de Jordan Bardella, interdit de publicité dans les gares SNCF. Le RN avait crié au « diktat des syndicats d’extrême gauche », qui auraient obtenu la censure de l’ouvrage, alors qu’il ne s’agissait que du règlement contractuel de la régie publicitaire Mediatransports. Ou comment maquiller l’application d’une règle connue de tous par une attaque ad hominem contre le Rassemblement national.
Dans le cas des réquisitions, le RN a trouvé des alliés de circonstance du côté de certaines figures macronistes, qui appuient sans rougir ses arguments. Gérald Darmanin juge ainsi « profondément choquant » que Marine Le Pen puisse ne pas être candidate et que cela équivaut à « avoir peur de la démocratie ». Ce faisant, l’ex-ministre de l’Intérieur accrédite la thèse d’une décision politique plus que judiciaire – désormais député, il serait bon ton de lui signaler que si Marine Le Pen venait à être inéligible, ce serait en vertu d’une loi, adoptée au Parlement par des représentants démocratiquement élus, qu’elle aurait transgressée.
Son collègue de Renaissance Karl Olive voit, quant à lui, dans ces réquisitions une preuve que « le tribunal judiciaire a laissé place au tribunal des réseaux sociaux ». Il ajoute : « À titre personnel, j’espère qu’elle sera candidate en 2027. » Drôle de vœu pour Noël.
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