Inflation, crise énergétique : « Je n’ai jamais connu ça en 20 ans de coiffure » ( OF.fr – 10/01/23 )

Émilie Lehuault, gérante d’un salon de coiffeur à Ploërmel, a constaté une baisse de 20 % de son chiffre d’affaires au mois de décembre 2022.
Émilie Lehuault, gérante d’un salon de coiffeur à Ploërmel, a constaté une baisse de 20 % de son chiffre d’affaires au mois de décembre 2022. 

Baisse de fréquentation, prestations moins onéreuses et fréquentes, plusieurs coiffeurs du Morbihan ont connu des difficultés durant les fêtes, une période pourtant essentielle pour ces professionnels. Pour y faire face, certains vont augmenter leurs tarifs ou mettre en place des promotions inédites.


« Je n’ai jamais connu ça en vingt ans de coiffure. »
 Mireille Denis, gérante du salon de coiffure MD Coiffure & Bien-être à Vannes (Morbihan) ne mâche pas ses mots pour décrire la période des fêtes dans son établissement. Un mois de décembre 2022 morose avec une petite éclaircie pendant la semaine des fêtes mais qui n’a pas suffi.

« Normalement, au mois de décembre, on met de la trésorerie de côté, mais là non. J’ai eu une baisse de fréquentation d’environ 20 % », déplore la responsable de 40 ans, dont vingt passées dans la coiffure. La cause ? L’inflation. « Tout augmente donc les gens n’ont plus les mêmes priorités », estime la coiffeuse. Seulement, la flambée des prix n’épargne pas les professionnels. « À côté de ça, j’ai subi trois augmentations de la part de mes fournisseurs. »

« Les brushings, les chignons, les soins à Noël, on n’en fait plus »

Le retour du covid accompagné de la grippe et des rhumes hivernaux n’ont rien arrangé. « On a eu beaucoup d’annulations au dernier moment de personnes malades. Et depuis le covid, les gens restent plus chez eux et mettent moins la priorité sur l’apparence. »

Conséquence : les prix vont augmenter au sein du salon de coiffure, qui va également ouvrir le lundi pour offrir « plus de possibilités aux clients ». Mais si ça ne suffit pas, « il faudra diminuer la masse salariale », regrette Mireille Denis.

La fréquentation a aussi baissé au sein du salon l’Hair du Temps, à Ploërmel. Les habitudes de la clientèle semblent avoir changé. « Les brushings, les chignons, les soins à Noël, on n’en fait plus », souligne Émilie Lehuault, gérante du salon, qui précise que la tendance a déjà plusieurs années. La fréquence de ces petits plus a aussi baissé. « Pour ces prestations, mes clientes qui le faisaient trois fois dans l’année ne vont plus le faire que deux fois », ajoute la gérante, qui propose pour la première fois une réduction de 15 % sur toutes ces prestations en janvier. Objectif : tenter de compenser la perte de 20 % de son chiffre d’affaires du mois de décembre.

Un sentiment mitigé confirmé par l’Union nationale des entreprises de coiffure (Unec) qui parle d’une « baisse de fréquentation », même si elle n’est « pas forcément significative ». « Il y en a qui disent s’en être bien sorti, d’autres beaucoup moins. Mais si on fait une moyenne, on sent que c’était tendu pendant les fêtes », ajoute Jean-Yves Scotto Di Cesare, président de l’Unec Bretagne.

« Il y a un état d’esprit très négatif »

« Il y a un état d’esprit qui est très négatif. Entre l’inflation, la crise énergétique, la guerre en Ukraine… on sent un certain désarroi », déplore celui qui est entré en fonction depuis un an.

Éclaircie au tableau, certains artisans coiffeurs s’en sont effectivement bien sortis pendant la période des fêtes. Mais tous évoquent le spectre de l’augmentation des coûts de l’énergie, les salons de coiffure étant très énergivores à cause des outils de coiffure comme les tondeuses ou les sèche-cheveux. « En moyenne, les factures d’électricité vont être multipliées par trois dans les salons, en général », précise Jean-Yves Scotto Di Cesare.

Pour y faire face, Erwan Tascon, gérant de Hair One Coiffure à Vannes, va remplacer « les ampoules des spots par des leds » et s’est mis d’accord avec d’autres salons concurrents pour faire moins de shampoings. « J’en faisais deux, mais maintenant je n’en fais plus qu’un si les cheveux sont propres. Comme ça, on tire moins sur le ballon d’eau chaude. »

Valérie Martin, responsable de Valérie M à Vannes, « éteint plus tôt et allume plus tard » les lumières qui éclairent son enseigne. Ces solutions vont-elles suffire ? Rien n’est moins sûr. L’Unec, qui représente 140 salons dans le Morbihan et 500 en Bretagne, appelle les salons à « ne pas lâcher et à faire preuve d’adaptation ».

Auteur : Alexis VIGNAIS.

Source : Inflation, crise énergétique : « Je n’ai jamais connu ça en 20 ans de coiffure » (ouest-france.fr)

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