Israël ordonne le déplacement massif des Palestiniens hors de Khan Younès. (WSWS – 04/07/24)

Des Palestiniens fuient Khan Younès, la deuxième plus grande ville de la bande de Gaza, le lundi 1er juillet 2024. [AP Photo/Saher Alghorra]
Par Andre Damon

Israël a ordonné lundi le déplacement massif de 250 000 autres personnes hors de la ville de Khan Younès dans la bande de Gaza, dans la plus récente étape de son génocide contre la population de l’étroite enclave palestinienne.

Le bain de sang en cours a la pleine approbation du gouvernement Biden aux États-Unis, qui finance, arme et soutient politiquement la politique génocidaire et de nettoyage ethnique israélienne. La semaine dernière, Reuters a rapporté que le gouvernement américain avait fourni à Israël 14 000 bombes massives de 907 kilos, plus que tout autre type de bombes. Cela montre clairement que la destruction de Gaza et le massacre de sa population étaient la politique américaine envisagée.

Les Nations Unies ont condamné ce dernier déplacement massif. «L’ordre d’évacuation d’hier de 117 kilomètres carrés dans les gouvernorats de Khan Younès et de Rafah s’applique à environ un tiers de la bande de Gaza, ce qui en fait l’ordre de ce type le plus important depuis octobre, lorsque les habitants avaient reçu l’ordre d’évacuer le nord de Gaza», a déclaré un porte-parole du secrétaire-général de l’ONU Antonio Guterres.

Ceux qui fuyaient la ville ont été contraints d’installer des abris temporaires «en bordure de l’eau car les camps de déplacés sont déjà bondés sur la côte», a indiqué l’ONU.

Khan Younès avait été en grande partie abandonnée il y a quelques semaines suite à des ordres d’évacuation antérieurs, la majeure partie de la population étant repoussée vers Rafah, la ville la plus au sud de Gaza. Mais lorsque l’armée israélienne a lancé une attaque sur Rafah, ceux qui y cherchaient refuge ont été une fois de plus forcés de se réfugier à Khan Younès. Lundi, ils ont été contraints de fuir à nouveau.

«C’est un autre coup dévastateur pour la réponse humanitaire ici, c’est un autre coup dévastateur pour la population, les familles sur le terrain. Il semble qu’on les déplace de force encore et encore», a déclaré Louise Wateridge, responsable de la communication à l’UNRWA .

Elle poursuit ainsi:

Comment les parents décident-ils où aller? Où est-ce qu’on peut aller? Ce matin déjà, juste au milieu de la zone de Gaza, le long de la route côtière, on peut voir les abris de fortune jusqu’au rivage, jusqu’à ce qu’on soit dans l’eau. C’est plein à craquer de familles qui ont déjà dû déménager.

Elle ajoute:

Dans les zones nord, centrale et sud de la bande de Gaza, aucun endroit n’est sûr. Déjà sur le terrain, on voit des familles s’éloigner de cette zone. Le chaos et la panique se répandent de plus en plus sur le terrain.

Al Jazeera rapporte que 12 membres d’une même famille ont été tués mardi par une frappe aérienne israélienne après avoir été évacués de Khan Younès vers une prétendue «zone sûre».

Un homme déplacé, Bakri Bakri, a déclaré à l’agence de presse AFP: «Il n’y a pas de place pour nous ni pour aucun des déplacés.»

Il ajoute:

On est repartis une fois de plus et on ne sait pas où aller. On est retourné chez nous à al-Mawasi, mais on n’a pas pu le retrouver parce qu’ il y a tellement de déplacés. On dormait dans la rue, sans abri, sans nourriture, sans eau.

L’assaut israélien sur Rafah a largement fermé le passage frontalier avec l’Égypte, réduisant ainsi à un filet l’apport de nourriture et d’énergie vers Gaza. Les hôpitaux sont obligés de rationner l’énergie et ne peuvent pas fournir un niveau normal de soins, et encore moins suffisamment pour soigner les centaines de ceux qui sont blessés chaque jour par les balles et les bombes israéliennes.

«Les hôpitaux sont une fois de plus à court de carburant, ce qui risque de perturber les services essentiels alors que des blessés meurent parce que les services d’ambulance sont confrontés aux retards dus à la pénurie de carburant», a déclaré le Dr Hanan Balkhy, directeur régional de l’Organisation mondiale de la santé .

Le manque d’eau propre et potable entraîne une recrudescence des maladies, contre lesquelles les hôpitaux ne sont tout simplement pas équipés.

Les bombardements israéliens quotidiens se poursuivent dans toute la bande de Gaza. Entre le 27 juin et le 1er juillet, 135 Gazaouis ont été tués et 631 blessés. Le bilan officiel des morts s’élève à 37 900, mais de nombreuses spéculations circulent selon lesquelles le nombre réel de morts pourrait se chiffrer en centaines de milliers.

Un rapport d’ONU Femmes du mois dernier indiquait que 557 000 femmes à Gaza sont confrontées à l’insécurité alimentaire, «ce qui amène beaucoup d’entre elles à sauter des repas ou à réduire leur consommation pour garantir que leurs enfants soient nourris». Une récente enquête de l’ONU a révélé que 76 pour cent des femmes enceintes souffraient d’anémie, tandis que «99 pour cent ont déclaré avoir des difficultés à accéder aux fournitures et suppléments nutritionnels nécessaires».

L’Onu note:

Confrontées à l’absence d’alternatives, les femmes dépendent également largement de la combustion du bois, du plastique et d’autres déchets pour cuisiner, étant particulièrement exposées à la fumée dangereuse et aux polluants qui causent des problèmes respiratoires et d’autres problèmes de santé, selon l’enquête.

Le ministère de la Santé de Gaza constate que les hôpitaux sont confrontés à des infections cutanées et à des épidémies de poux «généralisées», ainsi qu’à 880 000 cas de maladies respiratoires.

Dans une déclaration au Conseil de sécurité des Nations Unies, la Coordinatrice des Nations Unies pour Gaza, Sigrid Kaag, a déclaré:

Plus d’un million de personnes ont été une fois de plus déplacées, cherchant désespérément un abri et une sécurité. 1,9 million de personnes sont désormais déplacées à travers Gaza… La guerre n’a pas seulement créé la plus profonde des crises humanitaires. Elle a déclenché un maelström de misère humaine.

Pendant ce temps, les responsables israéliens ont annoncé qu’ils mettaient en œuvre un plan visant à créer ce qu’ils appellent des «bulles humanitaires» dans toute la bande de Gaza, un euphémisme désignant ce qui sera en réalité des camps de concentration.

Dans un article intitulé «La vision d’après-guerre qui voit Gaza découpée en zones de sécurité », le Wall Street Journal a rapporté ce week-end un projet américano-israélien visant à créer des «abris temporaires» sous la forme d’«îles géographiques clôturées situées à côté de leurs quartiers et gardés par l’armée israélienne ».

Ce plan est mis en œuvre, rapporte le Financial Times, dans une série de camps à travers le nord de la bande de Gaza. Ces camps «seront bientôt lancés dans les quartiers d’Atatra, Beit Hanoun et Beit Lahia, au nord de Gaza, selon six personnes au courant du projet », rapporte ce journal.

Pendant ce temps, les responsables israéliens promettent de traiter le peuple palestinien de façon encore plus barbare. Dans un message sur Twitter, le ministre israélien de la Sécurité nationale, Ben Gvir, déclare :

Depuis que j’occupe le poste de ministre de la Sécurité nationale, l’un des objectifs les plus ambitieux que je me suis fixé est d’aggraver les conditions des terroristes dans les prisons et de réduire leurs droits au minimum requis par la loi. 

Et d’ajouter:

Il est très possible que même après l’ajout des nouvelles prisons, il y ait toujours une surpopulation des nombreux terroristes en prison. J’ai déjà proposé une solution beaucoup plus simple, consistant à imposer la peine de mort aux terroristes, ce qui résoudrait le problème de surpopulation.

(Article paru en anglais le 3 juillet 2024)

Source : https://www.wsws.org/fr/articles/2024/07/04/xqvg-j04.html

URL de cet article : https://lherminerouge.fr/israel-ordonne-le-deplacement-massif-des-palestiniens-hors-de-khan-younes-wsws-04-07-24/

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