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Une ancienne professeur de Notre-Dame de Bétharram affirme, auprès de Mediapart, que l’épouse de François Bayrou avait connaissance des violences. Interrogée ce vendredi, la ministre Élisabeth Borne assure que « l’État n’a pas été au rendez-vous » tout en minimisant la responsabilité du premier ministre.
Par Margot BONNERY
« L’État n’a pas été au rendez-vous, il faut agir pour que la parole se libère », a reconnu Élisabeth Borne sur le plateau de BFMTV, vendredi 21 février dans la matinée. À ce jour, 114 plaintes ont été déposées pour des faits de violences physiques et sexuelles s’étalant de 1950 à 2010, dans les murs de cet établissement privé catholique du Béarn, Notre-Dame de Bétharram.
Que la ministre de l’Éducation nationale reconnaisse les dysfonctionnements de l’État est une première avancée pour les victimes, bien qu’elle continue d’accuser Mediapart et la France insoumise, et plus largement la gauche, de faire de François Bayrou « le seul » coupable. Élisabeth Borne l’assure : « 40 % des établissements privés seront contrôlés dans les prochains mois. » Deux jours plus tôt, une proposition de commission d’enquête parlementaire portée par le groupe Insoumis a été adoptée à l’unanimité. Elle a pour objectif de « faire toute la lumière » sur les défaillances de contrôle des établissements scolaires, notamment des écoles privées sous contrat par l’État.
« C’était normal qu’on les batte »
Progressivement, l’affaire avance. Et pourtant, François Bayrou ne cesse de nier sa connaissance des faits. Lui l’ancien député de la circonscription qui a scolarisé ses enfants dans l’établissement. Mais le voilà à nouveau au pied du mur. Selon de nouvelles révélations de Mediapart, l’épouse du premier ministre, qui y enseignait le catéchisme, connaissait la violence qui régnait dans l’établissement, puisqu’elle aurait même refusé d’aider un élève victime de violences. François Bayrou dénonce une « mécanique du scandale ».
« Il y avait une salle de classe dans laquelle on entendait un adulte hurler sur un enfant, on entendait les coups et on entendait l’enfant qui suppliait qu’on arrête », témoigne Françoise Gullung, une ancienne enseignante qui avait alerté à plusieurs reprises les autorités pour « dénoncer une atmosphère d’agressivité et de tensions anormales ». Elle poursuit : « Je me retourne vers Élisabeth Bayrou et je lui demande ce qu’on peut faire. Pour moi cela veut dire qu’à deux, nous pouvons peut-être ouvrir la porte. Mais elle n’a pas compris ça. J’avais l’impression que, pour elle, ces enfants-là étaient d’une espèce inférieure aux siens, que c’était normal qu’on les batte. »
Françoise Gullung évoque aussi ce jour de 1995 où elle fait part à François Bayrou de ses inquiétudes lors d’une cérémonie à Pau : « Je lui dis qu’il faut faire quelque chose car c’est très grave ce qui se passe à Bétharram. » Celui-ci, alors ministre de l’Éducation nationale, aurait répondu, « oui, on dramatise ». Décidément, François Bayrou est loin d’en avoir terminé avec cette affaire, ses contradictions lui revenant systématiquement en boomerang.
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