
Ce lundi, le tribunal judiciaire de Brest jugeait l’influenceur algérien « Zazou Youcef » pour « provocation directe à un acte de terrorisme ». Youcef Aziria a été condamné à 18 mois de prison et dix ans d’interdiction du territoire français.
Par Jean-Luc PADELLEC.
Le tribunal judiciaire de Brest a rendu, ce lundi 24 février 2025, son verdict dans l’affaire « d’apologie publique d’un acte de terrorisme ». Le 3 janvier, l’influenceur algérien Youcef Aziria, installé à Brest, était interpellé dans le quartier de Bellevue. Dans une vidéo publiée fin 2024 sur le net, en arabe et sous-titrée en français, l’homme de 25 ans aux 400 000 abonnés sur TikTok menaçait toute personne qui manifesterait contre le régime algérien lors du Nouvel An. « Nous sommes en guerre. Au moindre faux pas, on va niquer vos mères », prévenait-il, en mimant un geste d’égorgement. Il avait été placé en détention provisoire à Ploemeur (56), près de Lorient.
Pas d’ambiguïté pour le procureur de Brest
À la barre du tribunal de Brest, ce lundi, Youcef Aziria, jean délavé, collier de barbe et cheveux plaqués en arrière, répond posément, en démarrant chaque phrase par « Monsieur le juge ». « Je n’ai jamais fait de politique. D’habitude, je ne parle que de foot sur TikTok. Je ne suis pas un terroriste », jure-t-il, avant de fondre en larmes à l’évocation de sa petite fille née en France.
« Mais quand vous appelez à tuer, vous avez conscience de la portée de vos paroles ? Vous avez 400 000 followers. Il suffit que l’un d’eux interprète vos propos au premier degré pour qu’il passe à l’acte », l’interpelle le président Subts, pas convaincu par les propos parfois confus du prévenu.
Le procureur du tribunal judiciaire de Brest requiert contre le prévenu 24 mois d’emprisonnement, cinq ans d’interdiction du territoire français et le maintien en détention. Pour Camille Miansoni, aucune ambiguïté n’est possible. « Quand on dit « tuez-les », il y a une incitation directe à commettre ces actes. Et, alors qu’il avait la possibilité d’apaiser les choses, il répète les mêmes mots dans une seconde vidéo. On ne peut plus arguer de l’absence d’intention », appuie-t-il.
Une vidéo tronquée
La défense, représentée par deux conseils parisiens, plaide la relaxe intégrale. « Les mots, c’est une chose. Mais l’intention, elle est où ? », interrogent-ils. Et puis, surtout, il y a cette vidéo tronquée de 40 secondes, qui initialement durait trois minutes et 50 secondes. « Pourquoi a-t-elle été coupée ? Pour faire dire à M. Aziria ce qu’il n’a pas dit ? » Les deux avocats rappellent que c’est un tiktokeur algérien réfugié en France qui a signalé la vidéo à la plateforme Pharos.
Pour les deux avocats, « le caractère terroriste a été recherché mais jamais démontré. Les enquêteurs n’ont trouvé aucune radicalité religieuse, ni aucun lien avec une organisation politique. Résultat : un tiktokeur qui parle de foot se trouve dans une affaire d’État, dans un contexte qui n’a jamais été aussi tendu entre la France et l’Algérie depuis la guerre d’indépendance ». Ils fustigent le ministère public qui, selon eux, ne ferait qu’« obéir » à la pression de l’opinion publique et du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, lequel avait été le premier à annoncer l’interpellation de Youcef Aziria sur X.

Après une heure de délibéré, le tribunal judiciaire de Brest a finalement prononcé la culpabilité de Youcef Aziria. Il est condamné à 18 mois de prison ferme avec maintien en détention. Celui qui était déjà sous le coup d’une OQTF écope aussi d’une interdiction du territoire français de dix ans.
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