
Le procès de Joël Le Scouarnec se poursuit devant la cour criminelle du Morbihan jusqu’au début du mois de juin 2025. Cette semaine, l’ancien chirurgien a notamment été interrogé sur les stratégies qu’il aurait pu mettre en place pour abuser de ses jeunes patients.
Par Nicolas EMERIAU.
Jusqu’où Joël Le Scouarnec est-il allé pour satisfaire ses pulsions pédophiles ? La question est revenue à plusieurs reprises, au cours de cette sixième semaine de procès devant la cour criminelle du Morbihan, à Vannes. Et elle devrait, de nouveau, s’inviter dans les débats au cours des prochaines semaines.
S’il a, incontestablement, abusé de l’autorité que lui conféraient sa fonction et sa blouse blanche, l’ancien chirurgien a-t-il aussi provoqué des opportunités afin d’agresser ses jeunes patients ? L’avocat général semble le penser. À plusieurs reprises cette semaine, Stéphane Kellenberger s’est étonné du « fort taux de complications » parmi les enfants qu’il a opérés : « Était-ce un moyen de garder vos proies sous la main ? »
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« Absolument pas », se défend l’accusé. Plusieurs enfants vont voir leur séjour à la clinique se prolonger ou vont devoir être réopérés. Dans ses journaux intimes, l’ancien chirurgien écrit, à plusieurs reprises « à bientôt », « à bientôt, donc », comme s’il leur donnait rendez-vous… « Je ne provoquais pas d’opportunité, je recherchais le moyen d’avoir un nouveau contact avec leur sexe », dit-il. Mais pas au point de bâcler délibérément une intervention, assure-t-il.
Tout comme, il n’aurait « jamais » fait le choix d’opérer sous anesthésie générale uniquement pour « satisfaire (ses) pulsions ». Même dans le cadre d’un ongle incarné ou d’une verrue plantaire…
«Toute personne pouvait savoir où l’on se trouvait»
Catégorique, Joël Le Scouarnec se serait contenté de saisir des occasions. « Si, par exemple, j’avais dit à une infirmière : » allez prendre un café «, ça aurait été provoquer une opportunité. Je ne l’ai jamais fait. » D’après la manière dont les choses se déroulaient à la polyclinique du Sacré-Cœur de Vannes, ce n’était visiblement pas nécessaire. « Toute personne pouvait savoir où l’on se trouvait, indiquera, mercredi, une ancienne infirmière, qui y a travaillé de 1985 à 2000. Notre présence dans la chambre était signalée, soit par le chariot que nous laissions devant la porte, soit par la lumière verte au-dessus des portes des patients.
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Selon elle, il était « très facile » pour l’accusé, « d’aller voir un jeune patient à l’opposé du lieu où on se trouvait ». Il « savait précisément où nous étions » et était « quasiment certain de ne pas être dérangé ». Elle relève, aussi, que contrairement à son prédécesseur qui « venait chercher les infirmières pour ses consultations », Joël Le Scouarnec « les faisait seul ». Et elle n’a rien remarqué. « On était peu nombreuses dans les services », avance-t-elle.
Elle dira simplement avoir vu, « au fil des années, les conditions de travail se dégrader », avec « de plus en plus de patients pour un personnel identique ». Ce qui la conduira à quitter la polyclinique. Sans jamais avoir imaginé – ne serait-ce que qu’un instant -, avoir côtoyé durant six ans celui qui « sera toujours à (ses) yeux le pédocriminel qui s’en est pris à (sa) fille l’année de ses 11 ans ».
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