« La chute a été d’autant plus dure qu’ils nous ont donné de l’espoir » : après le désistement de Métal Blanc, la CGT plaide pour la nationalisation de l’aciérie de Novasco (H.fr-28/10/25)

L’inquiétude des salariés de Novasco face à l’avenir de l’usine de Hagondange s’est exprimée lors d’une assemblée générale, organisée lundi 27 octobre. Métal Blanc, l’unique repreneur potentiel de l’aciérie mosellane, a renoncé à sa reprise. © Fred MARVAUX/REA

Le groupe Métal Blanc ne reprendra pas Novasco à Hagondage. Dos au mur, les ouvriers craignent la liquidation judiciaire. De son côté, la CGT dit souhaiter la nationalisation de l’aciérie mosellane.

Par Léa DARNAY .

C’est un nouveau coup dur pour les salariés. Métal Blanc a finalement décidé de ne pas reprendre l’aciérie de Novasco à Hagondange (Moselle), placée en redressement judiciaire depuis le 11 août 2025. Une décision brutale pour les 450 sidérurgistes, qui ont appris la nouvelle lors d’une assemblée générale organisée lundi 27 octobre par l’intersyndicale (CGT, CFDT, CFE-CGC).

« C’est un ascenseur émotionnel violent, on ne s’y attendait pas, déplore Nicolas Haettinger, élu du personnel CGT. Métal Blanc était présent sur le site depuis des semaines, avait rencontré les salariés et tout semblait sur de bons rails. C’était l’unique repreneur intéressé par l’outil industriel. »

Les travailleurs d’Hagondange face à un avenir incertain

Spécialiste du recyclage des batteries au plomb et du traitement des métaux non ferreux, l’industriel prévoyait initialement des pertes, mais tablait sur un retour à l’équilibre en trois ans, une stratégie jugée « crédible » par l’intersyndicale.

Finalement, le groupe a jugé les conditions économiques « trop contraignantes », évoquant des investissements lourds dans un marché défavorable. « La chute a été d’autant plus dure qu’ils nous ont donné de l’espoir », ajoute le représentant du personnel, alors que l’usine traverse son quatrième redressement judiciaire depuis 2014.

Ce désistement survient à la veille de la clôture des offres de reprise pour l’ensemble du groupe. La chambre commerciale du tribunal de Strasbourg devra se prononcer ce 31 octobre, sans possibilité de nouveau report, les réserves de trésorerie étant épuisées. Si quelques investisseurs se sont encore manifestés pour les sites de Custines (Meurthe-et-Moselle), Saint-Étienne (Loire) et Leffrinckoucke (Nord), laissant « un infime espoir » aux salariés de ces usines, l’avenir d’Hagondange paraît compromis.

La nationalisation comme seule issue pour sauver les emplois et la filière

Pour les salariés, l’État représente désormais le dernier recours. Lors de la reprise en juillet 2024 par Greybull Capital, 85 millions d’euros d’aides publiques avaient été promis, tandis que le fonds britannique devait injecter 90 millions d’euros. Si l’État français a respecté ses engagements, Greybull n’a investi que 1,5 million d’euros.

« C’est honteux que l’État arrose une entreprise sans effectuer aucun contrôle derrière, il a le devoir de nous aider » dénonce le cégétiste.

« La seule issue serait une nationalisation, même temporaire, ajoute Nicolas Haettinger. En Angleterre, deux aciéries ont été nationalisées récemment, et on ne peut pas taxer les Anglais d’affreux communistes, c’est seulement du bon sens industriel. Fermer Hagondange serait un non-sens et priverait le pays d’une ressource stratégique pour la transition écologique et la réindustrialisation tant vantées. »

En attendant, d’ici à vendredi, 450 sidérurgistes vivent dans l’angoisse de voir disparaître leur usine, dernière aciérie mosellane.

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Source: https://www.humanite.fr/social-et-economie/acierie/la-chute-a-ete-dautant-plus-dure-quils-nous-ont-donne-de-lespoir-apres-le-desistement-de-metal-blanc-la-cgt-plaide-pour-la-nationalisation-de

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