
Une « revendication » qui permettrait à Emmanuel Macron de ne pas toucher à sa réforme et de terminer tranquillement son mandat… Démonstration.
Par Pascal SAMOUTH.
Informations ouvrières et L’Insoumission s’associent pour proposer des contenus.
Pour acheter la bienveillance du Parti socialiste qui n’avait aucune envie de voter une seconde fois la censure d’un gouvernement d’Emmanuel Macron, François Bayrou avait sorti de son chapeau le « conclave » sur les retraites, censé enfermer les « partenaires sociaux » dans une discussion pour « améliorer la réforme des retraites » au lieu de l’abroger.
Le piège a fonctionné pour assurer pendant un temps la stabilité du gouvernement, mais la réalité a vite repris le dessus : les confédérations FO puis CGT, qui portent dans leurs mandats l’abrogation de la réforme des retraites, ont finalement quitté le conclave, et pour d’autres raisons l’organisation patronale U2P.
Cet échec, doublé des propos racistes de François Bayrou et de son refus affiché de revenir aux 62 ans, met le Parti socialiste dans une situation de plus en plus inconfortable. Si Olivier Faure est obligé de déclarer que « la censure est de plus en plus sur la table », chacun sait qu’il n’a aucune autre envie que de continuer d’être la béquille gauche du gouvernement Bayrou-Macron, laissant à Marine Le Pen et ses amis le soin d’assurer l’équilibre de l’autre côté.
Obtenir un « truc » de Bayrou
C’est ainsi que la presse1 révèle la dernière manœuvre des députés socialistes pour se coucher sur le mandat qui leur a été donné en 2022 puis en 2024 : obtenir « un truc » de François Bayrou. Il s’agirait en l’espèce de la retraite à 63 ans.
Cette magouille ne mériterait même pas que l’on s’y arrête si l’on n’entendait pas la même musique du côté syndical. C’est ainsi que Marylise Léon, responsable de la CFDT, réclame « un bougé sur l’âge », et elle a visiblement fait école, même si c’est de façon plus honteuse.
Ainsi, dans la déclaration de toutes les confédérations pour le 8 mars (CFDT, CGT, FO, CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU), l’abrogation de la réforme des retraites avait été remplacée furtivement par « l’abrogation de l’âge légal de départ à 64 ans », ce qui peut vouloir dire 63 ans, et même 63 ans et 11 mois ! Et ce n’est pas la présence de la CFDT dans le communiqué qui peut justifier ce glissement sémantique puisque l’on retrouve à nouveau cette revendication relookée, « les 64 ans doivent être abrogés », dans l’appel à une journée d’action le 3 avril dans la Fonction publique à l’appel de CGT, Unsa, FSU et Solidaires.
L’article du journal affirme que « pour les socialistes, arracher les 63 ans permettrait de moucher les insoumis, promoteurs du “tout ou rien”, et de renouer avec la culture d’une gauche responsable… »
Contrairement aux affabulations d’Olivier Faure, toute personne qui s’est mobilisée sincèrement pour l’abrogation de la réforme des retraites sait apprécier un recul s’il constitue un point d’appui pour obtenir totalement satisfaction. Mais avec la revendication du PS de la retraite à 63 ans, nous trouvons-nous dans ce cas ?
1964 + 63 = 2027
La réforme des retraites a prévu un calendrier de passage progressif de 62 ans à 64 ans.
Selon ce dernier, ce sont les salariés nés en 1964 qui seront concernés par l’âge de départ légal à 63 ans. Les calculettes du Parti socialiste ont bien fonctionné : 1964 + 63 = 2027. Comme cela tombe bien, c’est précisément la fin du mandat d’Emmanuel Macron ! Celui-ci pourrait donc terminer son quinquennat sans censure de la « gauche responsable » en ne modifiant pas une ligne de sa réforme, charge à ses successeurs de porter un coup de plus aux retraites.
Et ce n’est pas tout, car la revendication new-look du Parti socialiste et de ceux qui veulent bien la reprendre côté syndical permet de passer sous la table l’ensemble des attaques portées contre les retraites dans la réforme de 2023 rejetée en masse.
Ainsi la poursuite de l’allongement de la durée de cotisation pourrait continuer à se faire tranquillement. Pas étonnant, puisqu’il s’agit d’une adaptation de la réforme de la ministre de François Hollande, Marisol Touraine. Pour ces gens-là, qui ne manquent pas une occasion pour se réclamer frauduleusement du droit des femmes, peu importe que ce soient précisément les femmes salariées qui subissent de plein fouet des décotes plus importantes sur leurs retraites du fait de leur carrière incomplète.
Quant aux régimes spéciaux supprimés aussi par Macron-Borne, pas question non plus de les remettre en place, il faut bien en finir avec le statut des agents publics, économie de guerre oblige…
Le « truc » du PS se révèle donc pour ce qu’il est : un trucage de plus !
Nul doute que dès le 1er mai, tous les militants qui veulent rester fidèles au mandat exprimé par des millions dans les grèves et dans la rue, puis confirmé dans la première place donnée aux députés du NFP, sauront réaffirmer la revendication qui les unit : « Ni 64, ni 63, ni allongement de la durée de cotisation, ni remise en cause des régimes spéciaux : abrogation de la réforme des retraites !
Abattement de 10 % pour les retraités : non à un nouveau hold-up !Le Medef affirme qu’il n’est pas normal d’appliquer l’abattement fiscal de 10 % aux retraités. Marylise Léon (CFDT) en est d’accord. La suppression de l’abattement de 10 % sur les retraites aboutirait à ce que des milliers de retraités jusque-là non imposables, soient dans l’obligation de payer l’impôt. « Environ 13,6 millions de ménages en bénéficient pour un montant de 3,3 milliards d’euros, soit un effet moyen de 243 € par foyer », estime un spécialiste2.Cela entraînerait une réaction en chaîne : application et augmentation de la CSG, perte de prestations versées sous conditions de revenus et autres avantages sociaux alors que le pouvoir d’achat des retraités continue de se dégrader. Un autre économiste3 relevait que « les retraites déjà liquidées ont perdu 8,4 % de pouvoir d’achat entre 2015 et 2022 ».Plus que jamais les salariés, actifs comme retraités, sont dans la même galère. Peut-on croire que, si les 10 % étaient supprimés pour les retraités, ils ne le seraient pas un jour pour les actifs ? |
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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2025/04/04/la-derniere-arnaque-du-ps-la-retraite-a-63-ans/
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/la-derniere-arnaque-du-ps-la-retraite-a-63-ans-io-fr-4-04-25/