
Mardi 18 février, le député écologiste Damien Girard a demandé, au ministre de l’Intérieur, la dissolution du collectif lorientais d’extrême droite La Digue. Le groupe se définit comme « nationaliste et royaliste ».
Par Hélène BIELAK & Céline Le STRAT.
Des croix celtiques et des fleurs de lys. Avec ces symboles typiques de l’ultradroite sur son logo, le collectif lorientais La Digue affiche clairement la couleur. Sur ses réseaux sociaux, dont les comptes ont été créés en novembre, le groupe se définit comme « nationaliste et royaliste », voulant œuvrer « contre le communisme et à faire rayonner la France ». « Notre but est de raviver l’esprit national à travers le sport, la lecture, la religion et la défense de nos traditions », écrivent-ils. Dans leurs posts, on trouve des hommages à Jean-Marie Le Pen, des attaques contre des militants de gauche ou, encore, des photos de leurs séances de sport.
Une série de tags
Sur Instagram, le groupe revendique une série de tags avec des croix celtiques, réalisés, la semaine dernière, dans les quartiers de Kerfichant et Lanveur, à Lorient. C’est d’ailleurs cette dernière série de dégradations qui a incité le député écologiste lorientais Damien Girard à demander la dissolution du collectif au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, ce mardi 18 février. C’est la deuxième fois que l’élu formule la demande. « Certains de ses membres sont bien connus, ils font partie de ces militants qui harcèlent, brutalisent et dégradent les biens publics », pointe l’élu dans un communiqué.
Faire barrage aux idées extrémistes comme la mouvance « woke »
De fait, ce n’est pas la première fois que le collectif fait parler de lui ces derniers mois. En octobre, certains de ses membres ont tenté d’intimider des militants qui participaient à une réunion des Soulèvements de la Terre, dans un bar lorientais. En décembre, la direction de l’Université Bretagne Sud (UBS) a porté plainte contre La Digue pour diffamation publique, après une série de posts sur Instagram. La Digue accusait alors la bibliothèque universitaire de faire « de la propagande politique » avec « la promotion de livres obscènes », en pointant des ouvrages sur les LGBTQIA + et les études de genre. Le parquet de Lorient a ouvert une enquête préliminaire.
« On est un lieu de savoir de toute nature, pas une université militante. On a eu historiquement pas mal d’affaires avec l’extrême droite, notamment à Lorient, des autocollants, des tags sur nos bâtiments et aux alentours », rappelle Jean-Roch Sauvé, directeur général des services de l’UBS.
Seulement une poignée de militants
Contacté sur X, le collectif n’a pas souhaité nous rencontrer ni nous appeler. Par message, un des membres du groupe nous précise avoir choisi le nom « La Digue » pour montrer leur volonté de « faire barrage aux idées extrémistes comme la mouvance ‘‘woke’’ », sans préciser ce qu’il entend par ce terme. Combien sont-ils ? « Nous ne souhaitons pas répondre à cette question », répond notre interlocuteur. Une poignée, d’après les images qu’ils postent sur les réseaux sociaux, où ils ne sont jamais plus de six.
Interrogé sur la demande de dissolution par Damien Girard, notre interlocuteur balaie la menace : « Ce ne sont que des paroles en l’air ». Selon des militants antifascistes lorientais, La Digue « cherche à multiplier des petites actions assez insignifiantes pour faire parler d’eux et gagner en légitimité ». Des membres qui seraient connus pour être engagés, par ailleurs, dans d’autres organisations d’extrême droite. « C’est depuis l’apparition du parti Reconquête ! que l’on voit l’émergence de ces groupes à Lorient. C’est ce parti qui les lie », conclut ce militant antifasciste.
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