
Tout est connu depuis trois ans, Mediapart n’a fait qu’étoffer utilement le dossier de la vice-présidente du groupe RN à l’Assemblée, admiratrice des nazis. Examinons les raisons de cette bienveillance, de cette discrétion, de cette complicité médiatique.
Par Michel SERAC.
Donc, l’attachée de presse, la conseillère en communication de Marine Le Pen, vice-présidente du groupe RN, membre éminent du bureau national, Caroline Parmentier, est une admiratrice des nazis. C’est ce que nous apprennent les citations de ses articles, sur une période de trente ans1. Elle vante son « héros », son « modèle », Robert Brasillach, celui qui dans son journal, Je suis partout, écrivait : « Il faut se séparer des Juifs en bloc et ne pas garder de petits ».
Donc, la proche conseillère de Le Pen et Bardella a co-publié un livre à la gloire de Léon Degrelle, dirigeant des nazis belges, enrôlé dans la 28e division de Waffen-SS qui, jusqu’à sa mort en 1994, voyait en Hitler « le plus grand homme de notre siècle ».
Donc, Mme Parmentier, disciple fervente de ces gens-là, distribue sa haine raciale entre le « lobby juif » et les « babouins », les « meutes tribales » que sont à ses yeux les travailleurs et jeunes issus de l’immigration.
Si nous conjuguons nos verbes au présent, c’est que cette dame a tenu à proclamer : « Je ne renie rien », le 13 avril 2022 (Le Monde).
Et c’est ici que le mystère commence. Car si l’affaire rebondit aujourd’hui après le recensement, par Mediapart, de trente ans d’écrits pétainistes, antisémites et racistes, sans oublier la mise à l’index des homosexuels, les convictions nazies de Mme Parmentier ne sont en rien une « révélation ».
Pour s’en convaincre, nos lecteurs trouveront aisément le « sujet » Parmentier, traité voici trois ans, en 2022, par plusieurs médias, quand elle devient la communicante de Le Pen. Sur le plateau d’Apolline de Malherbe (RMC), le 18 avril 2022, Nicolas Poincaré dresse un portrait exact. Dans Le Monde du 13 avril 2022, Yvanne Trippenbach énumère les positions racistes ci-dessus, assumées fièrement par Caroline Parmentier. Etc.
Tout est connu depuis trois ans, Mediapart n’a fait qu’étoffer utilement le dossier de l’admiratrice RN des nazis. Examinons les raisons de cette bienveillance, de cette discrétion, de cette complicité médiatique.
Coalition de la réaction contre le danger LFI
1. Le danger de la colère populaire, dirigée contre la classe exploiteuse et ses milliardaires, s’est accru depuis 2022 avec le rassemblement massif autour de la France insoumise. Pour tenter de disloquer le front des opprimés, les divisions et provocations racistes du FN-RN sont devenues un atout précieux. Macron, les milliardaires et intégristes catholiques qui possèdent les médias accréditent la fable d’un RN « fréquentable », dédiabolisé. Plutôt le RN que LFI devient la doctrine. Les chefs des partis bourgeois officiellement « républicains » épousent la discrimination des « origines ethniques », programme du RN, au sein de la population française.
Ce besoin politique d’une alliance pour le sauvetage du régime l’emporte, pour la classe bourgeoise, sur les remugles nazis au sein du RN.
2. La constitution d’un front anti-LFI, réunissant macronistes, LR, RN, trouve son ciment dans le soutien de ces partis bourgeois, tous colonialistes, au génocide palestinien. Tout comme l’Inquisition condamnait les hérétiques sur des crimes imaginaires, LFI est calomniée par ces faussaires comme « antisémite ».
Cette coalition des complices du génocide ne doit pas seulement taire, étouffer les cris de centaines de groupements, de milliers de manifestants juifs, de victimes de la Shoah, qui qualifient Netanyahou de criminel, jusque dans les rues de Tel-Aviv. Le comble est qu’en tête de cette coalition des calomniateurs et faussaires trônent les Parmentier, héritiers politiques de l’authentique antisémite Brasillach qui déclarait : « Que les Juifs de Varsovie, de Cracovie, de Kiev, cette racaille pouilleuse, ces parasites (…) que ces Juifs, rebut de l’Europe soient mis hors d’état de nuire à la France. ».
Quant à elle, en 2012, à l’époque où elle rejoignait définitivement Marine Le Pen, Mme Parmentier attaquait Simone Veil, « la grosse, celle de la loi qui porte son nom et qui génocide 220 000 petits innocents par an ».
Et Marine Le Pen, conseillée par son amie de trente ans, Parmentier, qui « ne renie rien » de son admiration des Waffen-SS, demande des poursuites contre LFI pour… antisémitisme !
Telles sont les couleuvres que les citoyens sont invités à avaler.
Un projet de rafles trumpistes pour la France
3. À propos des serpents, ces derniers comme on le sait opèrent des mues fréquentes, qui ravivent leurs couleurs, et laissent derrière eux des peaux flasques. « La mue de Marine Le Pen » est l’expression utilisée par M. Chenu, député RN, interrogé dans l’émission C à vous du 25 juin sur l’affaire Parmentier.
Rappelons le « spectacle » macabre réunissant en 2008 au Zénith Dieudonné, Jean-Marie Le Pen et de nombreux cadres du Front national. Devant une assistance hurlant de rire, un homme vêtu d’une tenue de déporté des camps de la mort avait offert un prix à Robert Faurisson, inventeur des thèses négationnistes.
Mais avec Marine Le Pen, le RN aurait mué. Pour gonfler les voiles du RN, le valoriser, les médias se portent garants de sa « normalisation ». Il serait donc « normalement » raciste, trait commun à tous les partis bourgeois.
Or quatre ans plus tard, Marine Le Pen, en prétendue rupture avec la tradition (celle de la société Le Pen qui commercialisait les chants des SS) s’entretenait avec sa vieille amie Parmentier, dans son journal Présent : « La liberté de Présent, c’est d’être resté fidèle à lui-même, dit Le Pen. Il s’est choisi une ligne, il a tenu cette ligne ». Et le journal fidèle à la ligne pétainiste et raciste de Parmentier-qui-ne renie-rien, fait alors sa une sur Marine Le Pen. Et Parmentier, qui-ne-renie-rien, devient la communicante du parti ; elle montre dans les magazines une Marine Le Pen rassurante, avec ses chats, dans son jardin et sa cuisine… Et les magazines des milliardaires s’extasient. La supercherie crève les yeux.
Les demandes adressées au RN d’exclure ses « brebis galeuses » participent de cette tromperie, viennent accréditer la fable de la « mue », de la normalisation, propagée par les capitalistes et leurs médias. Caroline Parmentier est l’incarnation même du RN.
Nous invitons nos lecteurs à faire l’effort de regarder les prestations de M me Parmentier, porte-parole du RN. Voyez-la, le visage tordu par la haine, invectiver « l’invasion » immigrée (0,7 à 1 % de la population !), exiger avec une joie sardonique « la suppression de l’aide médicale d’État », c’est-à-dire l’abandon de milliers d’hommes, de femmes, d’enfants à la maladie et à la mort – ils viennent souvent de pays que la France a ravagés, ou aidé à ravager par la guerre. Écoutez la fidèle disciple de Degrelle, Pétain et Brasillach, dont les mots suppurent la rafle et la traque au faciès, songez à celles de Trump à Los Angeles : c’est le projet du RN pour la France.
Face à la coalition des partis réactionnaires, dont les Parmentier sont les figures de proue, se soumettre ou ne pas se soumettre, telle est la question. La réponse des citoyens libres est l’insoumission et le combat.
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