
Cette assemblée, dont une militante nous rend compte, a apporté la démonstration que LFI, comme force de rupture, se structure et s’implante dans tout le pays.
Par Mélinda SAUGER
Parmi la quinzaine de tables regroupant délégués des boucles départementales mais aussi députés et responsables des différents pôles du mouvement, l’ambiance est studieuse. Il faut dire que l’ordre du jour est serré. Y étaient également invités les membres du conseil politique dont je fais partie.
Les responsables de GA, souvent jeunes, et engagés dans La France insoumise depuis la campagne présidentielle de 2022, les participants échangent de manière fraternelle, tout le monde prend part à la discussion, souvent de manière efficace autour des deux textes soumis à la discussion.
Un premier texte, « Contre Macron et son monde, vite une majorité populaire », confirme l’orientation de rupture portée par La France insoumise. « Voilà l’amendement que nous avons fait remonter avec ma boucle », remarque avec satisfaction une déléguée de l’Essonne à ma droite, parcourant la version intégrant en rouge les amendements remontés par les boucles départementales.
On sent les militants contents d’être là : pas d’esprit de défaite ou d’abattement après les mois de bagarre contre la réforme des retraites mais au contraire l’envie d’échanger sur la période écoulée pour mieux se projeter ensuite.
En témoignent les interventions des responsables des différents pôles rendant compte de leur mandat pendant l’assemblée.
67 000 jours de grève soutenus par la caisse de grève
Dans son bilan des groupes d’action, Clément Verde insiste sur les « 30 000 nouveaux inscrits à La France insoumise depuis décembre 2022, 4 200 nouveaux membres ont rejoint des groupes d’action, près de 30 000 événements ont été créés sur l’Action populaire, c’est énorme. Cela montre que nous sommes un mouvement en action qui bat le pavé. »
Sur la caisse de grève, le député Thomas Portes rappelle qu’elle a été « mise en place dès octobre 2022 pour soutenir tous ceux qui se mobilisaient pour leurs salaires » puis elle est vite devenue « celle des grévistes contre la réforme des retraites ». Pourquoi une caisse de grève ? « Pour permettre aux salariés de s’organiser et de tenir ».
« Nous sommes la seule force politique à avoir mis en place un tel outil, plus d’un million d’euros récoltés en quelques semaines, poursuit Thomas Portes. 67 000 jours de grève ont été soutenus, 4 raffineries, 2 centrales nucléaires, 10 sites d’énergie, 24 lignes de train, 14 centres de traitement des déchets… (…)
Nous avons fait le choix de mettre l’accent sur des secteurs stratégiques comme celui des déchets. Cette caisse a aussi permis d’avoir un lien direct avec les organisations syndicales. Près de 600 syndicats nous ont sollicités. »
La France insoumise incarne la force qui relaie sur le plan politique toutes les bagarres initiées sur les revendications.
Un premier local de La France insoumise acheté en province
Le député Antoine Léaument informe que l’achat des locaux qui avait été décidé en décembre a pris un peu de retard : « Nous avons décidé de mettre toute notre force dans la bagarre contre la réforme des retraites. L’argent a été utilisé pour la caisse de grève. » Il annonce qu’un premier local va être acheté « dans les Pyrénées-Orientales, un choix politique dans une département où le Rassemblement national dirige la ville de Perpignan et est sorti vainqueur dans les quatre circonscriptions. »
La députée Clémence Guetté a fait un bilan d’étape de l’institut La Boétie, structure d’élaboration intellectuelle et école de formation des militants, fondée avec Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier a salué l’action de La France insoumise menée dans la dernière période.
La France insoumise est un mouvement politique qui se structure, se renforce et s’implante.
Les participants ont eu également à travailler sur des propositions d’action. Une date est ressortie des échanges, celle du 14 juillet, à l’occasion de la fin des « 100 jours d’apaisement » annoncés par Macron et de l’anniversaire du 14 Juillet. Les GA sont invités à organiser « des initiatives festives et unitaires qui en rappellent la nature révolutionnaire et l’urgence d’une VIe République ».
Nous étions également sollicités pour proposer des actions contre l’extrême-droite. Une camarade propose d’attaquer le RN sur son bilan à l’Assemblée afin de montrer qu’il a voté avec Macron, notamment sur les mesures les plus réactionnaires, contre les intérêts de la population. Proposition retenue dans le document d’orientation finale.
Deux textes votés à l’unanimité
Concernant la Nupes, tous s’accordent sur l’approfondissement de la Nupes comme alliance de rupture à gauche. Mais tous sont confrontés également à des problèmes , voire à des oppositions sur le terrain. « Nous proposons des initiatives à nos partenaires de la Nupes mais ils déclinent tout le temps », remarque une camarade.
J’explique que l’enjeu c’est bien l’orientation de rupture de la Nupes gagnée lors des législatives de 2022. « Certains voudraient bien s’en éloigner et construire une Nupes qui n’ait plus grand-chose à voir avec cela mais tout à voir en revanche avec l’union de la gauche. »
A l’issue de la journée, il a été proposé aux participants à l’assemblée de voter sur les deux textes à main levée, ce qui n’a fait l’objection de personne. Les deux textes ont donc été approuvés à l’unanimité (moins 4 abstentions sur le texte « Contre Macron et son monde » et une sur le texte « Approfondir la Nupes »).
A la fin de l’assemblée, un des participants propose une photo souvenir de la tablée, on échange les coordonnées. Et on se donne rendez-vous aux AmFIs d’été fin août à Valence. « J’ai trop hâte d’y être », s’impatiente une jeune camarade, déjà inscrite pour l’événement. La prochaine assemblée représentative devrait avoir lieu en décembre 2023.
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L’orientation de rupture réaffirmée Lors de l’Assemblée représentative, deux textes ont été présentés, soumis à la discussion et au vote des participants. Un premier texte intitulé « Contre Macron et son monde, vite une majorité populaire » aborde le bilan de la bataille contre la réforme des retraites : plus de 300 réunions publiques, 20 millions de tracts distribués, 500 000 affiches collées par les militants de La France insoumise et la caisse de grève de La France insoumise. Ce document salue également la résistance des députés de La FI « qui ont empêché par leur détermination la mise en place du scénario gouvernemental, laissant ainsi au mouvement social le temps nécessaire pour se déployer dans tout le pays ». Revenant dans le détail sur les multiples passages en force du gouvernement, il en tire la conclusion suivante dans le chapitre « De la crise sociale à la crise démocratique » : « Si le pouvoir en place a pu faire passer en force sa réforme, c’est parce qu’il peut s’appuyer sur les institutions de la Ve République. A nous désormais de porter l’exigence d’une Constituante pour passer à la VIe République. » Ce texte reprend également des éléments du programme de rupture de La FI et de la Nupes : gel des loyers, limitation des charges locatives, blocage des prix des produits de première nécessité, plafonnement des dividendes, hausse du Smic à 1 600 € et des minima sociaux, indexation des salaires et des retraites sur l’inflation et retour à un tarif réglementé de l’énergie. Il revient également sur les problématiques écologiques, sur la répression du gouvernement, ses lois racistes ainsi que sur les problèmes liés à l’extrême-droite. Avec plus d’une cinquantaine d’amendements retenus, ce texte a été voté à l’unanimité moins 4 abstentions. Présentant le 2e texte intitulé « Approfondir la Nupes pour la faire gagner », la députée Aurélie Trouvé souligne que « toutes les contributions qui sont remontées des départements confirment qu’on est d’accord sur l’essentiel. La Nupes, c’est bien un immense espoir, celui de voir gagner une gauche de rupture, et vous insistez souvent là-dessus. La Nupes ne doit pas seulement être un accord électoral mais aussi un accord programmatique. Je rappelle qu’on a 650 mesures en commun… ». « 650 mesures de rupture avec le capitalisme et le productivisme » comme le précise l’introduction. « Née il y a un an, la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale a suscité un immense espoir parmi notre peuple et au-delà même de nos frontières », la Nupes « a été constituée dans la foulée et en grande partie grâce au 22 % obtenus par l’Avenir en commun et son candidat Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle ». C’est en s’appuyant sur les premiers succès de la Nupes « au moment des élections législatives arrivant en tête du premier tour et empêchant le pouvoir macroniste de disposer d’une majorité à l’Assemblée nationale » qu’il est proposé d’approfondir celle-ci par « le déploiement de la Nupes sur l’ensemble du territoire à travers la mise en place d’assemblées ou d’agoras locales à l’échelle des communes, des communautés de communes, des circonscriptions ou des départements ». Tout en rappelant qu’aucun des partenaires n’a voulu un accord national pour présenter des listes aux sénatoriales « préférant exclure La France insoumise de toute discussion commune », La FI continue « d’œuvrer au rassemblement de la Nupes sur tout le territoire », sur un programme de rupture. Jack Palmi |
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