
De l’extrême droite à une certaine « gauche » qui inclut notamment Manuel Valls, en passant par Emmanuel Macron et François Bayrou, tous brandissent frauduleusement la laïcité contre les musulmans. Or la laïcité est l’exact opposé du racisme.
Par Christian EYSCHEN.
Apparemment, aujourd’hui, tout le monde est pour la laïcité, de l’extrême droite à une certaine « gauche » qui inclut notamment Manuel Valls en passant par Emmanuel Macron et François Bayrou. Quand on voit leurs discours contre les musulmans, désignés comme l’ennemi public n° 1, il y a alors une tendance à assimiler racisme et laïcité. Or, c’est tout le contraire.
L a vieille antienne de tous les racistes serait que l’islam est une religion à part et « arriérée », c’est ce qui expliquerait qu’on applique à ses adeptes ou présupposés adeptes, un traitement particulier et discriminatoire. Il suffit de lire l’ouvrage La Libre Pensée dans le monde arabo-musulman (voir présentation ci-dessous) pour faire litière de cette ignominie raciste et xénophobe.
La Révolution française va poser le cadre juridique du traitement de toutes les religions, sans aucune discrimination. L’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 stipule une fois pour toutes la conception de la laïcité : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. »
Le « nul » en question n’a pas vocation à s’appliquer uniquement aux citoyens français, mais bien à l’humanité tout entière. Ce principe est donc bien universaliste et contraire à toute idée de racisme et de discrimination.
La loi de 1905 de séparation de TOUTES les Églises (religions) et de l’État de 1905 va poursuivre ce chemin en faisant en sorte que toutes les religions soient traitées à égalité par une non-reconnaissance par la puissance publique. « Reconnaissance » est un terme juridique qui ouvre des droits, par exemple quand des parents reconnaissent un enfant, ils lui ouvrent des droits et s’imposent des devoirs envers lui.
Le corollaire de cela est que les « croyants » de toutes les religions ont les mêmes droits que les non-croyants.
Tous sont égaux, il ne peut y avoir une quelconque discrimination du fait de croyances ou supposées croyances ou non-croyances. Tous les citoyennes et citoyens sont strictement à égalité.
La laïcité est la véritable synthèse des trois grands principes établis par la Révolution française et établis par la République comme moyen : Liberté, Égalité, Fraternité.
C’est pourquoi, la laïcité est l’antithèse absolue du racisme, car elle impose un traitement égalitaire à tout le monde, sans aucune distinction. La laïcité distingue la sphère publique (État, administrations, collectivités publiques) où certaines règles de neutralité doivent être respectées, justement pour ne faire aucune discrimination de quelque sorte que ce soit envers les citoyens et usagers ; et la sphère privée (tout le reste) où chacun est libre d’exprimer ses opinions de la manière qu’il souhaite. La laïcité, c’est la liberté mise en œuvre effectivement.
La Ve République est antilaïque par nature et par essence
La Ve République est tout le contraire de ce principe. Par la loi Debré de 1959, elle favorise outrageusement l’Église catholique et son œuvre principale : l’Enseignement catholique financé sur les fonds publics (12 milliards chaque année).
Quand Lionel Jospin, Premier ministre en 2002, institue une instance de dialogue avec l’Église catholique, et uniquement avec la succursale du Vatican (d’ailleurs le nonce apostolique, ambassadeur du « Saint-Siège » est membre officiel de cette instance), il favorise outrageusement le catholicisme, au détriment des autres religions, dont l’islam qui est la deuxième religion en France en termes de fidèles.
Quand Emmanuel Macron reçoit à l’Élysée le culte israélite et participe ès qualités à une cérémonie religieuse comme Hanoucca – ou quand il fait un discours comme président de la République dans la cathédrale catholique de Notre-Dame (ce qui est interdit par la loi de 1905), il viole la laïcité et fait œuvre de discrimination envers les autres religions, comme l’islam, le protestantisme, le bouddhisme et les athées et libres-penseurs qui n’ont pas droit aux mêmes faveurs que le catholicisme et le judaïsme.
L’affaire Bétharram a montré aux yeux de tous la discrimination institutionnelle antilaïque et raciste des gouvernements de la Ve République. Il existe les pires turpitudes dans l’Enseignement catholique, chaque cas dévoilé soulève l’horreur et l’indignation, il est financé massivement sur les fonds publics et n’est jamais contrôlé par la puissance publique, alors que les écoles privées musulmanes sont en proie à un véritable harcèlement de contrôles, de répression, d’intimidation en tous genres et fermées, même illégalement par le pouvoir. « Selon que vous serez musulmans ou pas, les jugements vous rendront noirs ou blancs ». Les violations de la laïcité ne peuvent qu’entraîner le racisme, car tous ne sont pas traités à égalité.
EXTRAITS DE LA PRESENTATION DU LIVRE LA LIBRE PENSEE DANS LE MONDE ARABO-MUSULMAN « Cet ouvrage fera, sans nul doute, date. Il tend à aborder la question de l’islam autrement que par un réducteur raciste : « Les Arabes à la mer », comme on l’entend en France (et ailleurs aussi) émanant de divers milieux xénophobes qui n’ont jamais supporté que les fellahs algériens aient mis dehors les colons et gagné leur indépendance. La libre pensée, c’est la liberté de conscience en action. Celle-ci est la clé de voûte pour toute action de liberté. On cite toujours, à bon endroit et à bonne cause, la tolérance qui fut pratiquée dans l’Espagne islamique Al-Andalous. On sait maintenant que les juifs d’Afrique du Nord et leur célèbre reine, la Kahena, participeront à la conquête de l’Espagne à côté des troupes maures et qu’en conséquence, ceux-ci furent conduits logiquement à les tolérer dans le territoire conquis. Ce que l’on sait moins, c’est que cette tolérance à cette époque ne fut pas le seul cas de cohabitation tranquille… Une fois n’est pas coutume, il convient de saluer la prise de position de Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, qui a rendu publiques deux déclarations le 8 juin 2017 sur l’islam en France et sur la place des femmes dans l’islam. Tout d’abord, la Mosquée de Paris rompt alors les amarres avec l’offensive des gouvernements précédents, quelles que soient leurs couleurs politiques de droite comme de gauche : elle se revendique de l’islam en France et non de l’islam de France. S’appuyant sur toute la tradition du Mouvement national algérien, elle réclame la stricte application de la loi de séparation des Églises et de l’État du 9 décembre 1905. L’islam de France, c’est le concordat agrémenté du statut colonial de l’indigénat. La religion n’a pas à être tricolore et gouvernementale. L’islam en France, c’est l’application de la laïcité qui sépare le religieux du civil… Xénophobes, de droite comme de gauche Les temps vont être très durs pour tous les xénophobes, de droite comme de gauche, qui ratiocinent à qui mieux mieux sur l’incompatibilité entre l’islam et la modernité, contrairement aux autres religions monothéistes. Ce qui permet aux différents impérialismes de bombarder les peuples et les pays réputés à dominante musulmane… L’islam a régné sur le plus grand empire ayant jamais existé, puisque, pendant deux siècles, il rayonna sur trois continents. Du point de vue religieux, il n’est qu’une variante du christianisme : l’arianisme. C’est pourquoi il s’implanta si facilement au sein des terres de l’Empire d’Orient et d’Afrique du Nord. Il fut porteur d’un message d’égalité, à travers le pèlerinage à La Mecque, car tous pouvaient le faire, maîtres et humbles, tous pouvaient être Hadj. Quand il se développe, les frontières sont fermées depuis 1 000 ans (depuis Alexandre le Grand). Elles vont s’ouvrir avec l’islam, par le commerce. Les caravanes sont le vecteur de la propagation de l’islam, les idées nouvelles accompagnent les marchandises. L’islam apporte une certaine sécurité aux Bédouins et aux marchands. Assez rapidement, Bagdad, qui est le centre de la nouvelle religion, devient le centre du savoir et de la culture. Le savoir se développe pour résoudre les problèmes de cet empire si vaste et si puissant. L’islam devient l’athanor de la connaissance. On exhume les textes anciens, qu’on traduit, qu’on analyse et qu’on discute. Il n’y a alors aucune contradiction entre le savoir et la foi. Les musulmans intègrent Platon et Aristote. L’arabe devient la langue de la connaissance. En Europe même, où le christianisme étend sa nuit noire sur la connaissance, les érudits apprennent la langue qui véhicule la recherche. La Renaissance a incontestablement ses origines à Bagdad. L’islam réexamine tout et passe le savoir de l’époque à la dure école de la critique. C’est le début de la recherche scientifique, la médecine connaît un nouveau développement et un nouvel essor. En découvrant le papier en Asie, et en l’utilisant massivement en lieu et place des parchemins, les musulmans vont contribuer à la diffusion des idées. Ce sont les croisades sanglantes de l’Empire chrétien qui vont porter un coup important à ce développement de la civilisation en Orient. En 1099, la prise de Jérusalem par les croisés, massacrant indistinctement musulmans, juifs et chrétiens d’Orient, va rester comme un traumatisme profond qui agrandira le fossé entre le monde chrétien et le monde musulman. C’est le choc terroriste initial que les musulmans n’oublieront jamais… Ce cadre étant posé, on peut en déduire que l’islam n’est pas une sous-religion par rapport aux autres monothéismes, ou une religion dévaluée. L’islam inscrit ses pas dans les religions qui l’ont précédé et avec qui il cohabite plus ou moins bien. Il n’y a donc aucune raison spécifique, intrinsèque, qui ferait que telle ou telle religion serait dissoluble dans la démocratie, la laïcité et la République, et pas l’autre… Nous dédions cet ouvrage à Messali Hadj, à sa mémoire de militant, à ses enfants, tous ses enfants, biologiques ou spirituels, les combattants de la liberté. » Ouvrage en vente à la librairie de la Sélio, 368 pages, 12 euros. |
°°°°
Source; https://infos-ouvrieres.fr/2025/04/24/la-laicite-ce-nest-pas-le-racisme-cest-luniversalisme/
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/la-laicite-ce-nest-pas-le-racisme-cest-luniversalisme-io-fr-24-04-25/