
La loi de 1905 fonde la liberté de conscience qui est celle de ne pas croire ou de croire à ce que l’on veut et comme on veut. La laïcité institutionnelle est fondée par la loi de 1905, elle est la garantie de la démocratie et de la liberté d’association.
Par Christian EYSCHEN.
Il nous appartient d’enrayer cette machine : « Sauvons la liberté, la liberté sauve le reste », écrivait Victor Hugo en 1851 dans Choses vues.
La démocratie repose sur plusieurs principes, dont le droit de choisir librement ses représentants par des élections au suffrage universel, au nom du principe d’égalité des citoyens devant la loi.
Ensuite, la démocratie doit assurer à tous la liberté de s’associer librement, pour des objectifs décidés en commun, avec des moyens propres à l’association constituée, et avec qui on veut.
Ces principes ont été mis en œuvre par les trois grandes lois démocratiques qui fondent la liberté d’association, la liberté d’expression pour tous.
– La loi de 1884 sur la liberté syndicale, ce sont les travailleurs qui s’associent librement pour défendre leurs intérêts et les objectifs qu’ils se fixent. Ainsi la Charte d’Amiens de la vieille CGT promeut deux objectifs essentiels au syndicalisme ouvrier : la défense quotidienne des intérêts des travailleurs et la fin du capitalisme exploiteur. C’est la fameuse « double tâche » que s’assigne la classe ouvrière comme classe sociale.
– La loi de 1901 sur la liberté d’association qui permet à tout le monde et à n’importe qui de s’associer librement pour des objectifs décidés ensemble et sur des principes (et non des valeurs) décidés en commun. Par exemple, cette loi permet à des révolutionnaires de s’associer librement et aussi à des royalistes de le faire de leur côté. Bien évidemment, il n’y a rien de commun entre les deux. C’est la liberté d’association.
– La loi de 1905 (complétée par celle de 1907) sur la séparation des Églises et de l’État qui organise la liberté religieuse par le libre exercice des cultes (de tous les cultes). Quand l’article 4 de la loi de 1905 fut voté, Jean Jaurès dit alors, avec raison : « La Séparation est faite ». Par cette loi, le principe de libre organisation pour les syndicats (1884), pour les associations, obédiences maçonniques et partis politiques (1901) s’appliquait aussi pour les cultes et religions (1905-1907).
Cette loi de 1905 fonde la liberté de conscience qui est celle de ne pas croire ou de croire à ce que l’on veut et comme on veut. La laïcité institutionnelle est fondée par la loi de 1905, elle est la garantie de la démocratie et de la liberté d’association. Laïcité et démocratie sont donc consubstantielles, l’une ne peut aller sans l’autre et inversement.
La « constitutionnalisation » : une diversion
La liberté de conscience s’applique dans tous les domaines, elle fait partie désormais du « bloc constitutionnel », ce qui fait que la Libre Pensée ne s’associera jamais à cette auguste fadaise qui consiste à demander la constitutionnalisation des deux premiers articles de la loi de séparation, car c’est déjà fait et obtenu.
C’est donc une diversion qui cache le retour en scène de François Hollande pour les présidentielles de 2027 (il l’avait proposé dans le passé comme une promesse sans lendemain, un spécialiste – il l’avait fait aussi pour la réhabilitation collective des fusillés pour l’exemple de 1914-1918). Cette « proposition » permet de tenter de le remettre dans la course présidentielle. Faire du neuf avec du vieux est une vieille manœuvre politicienne et ce, depuis la nuit des temps.
Tous ces principes de liberté sont remis en cause par la loi « séparatisme » du 24 août 2021 qui tente d’imposer un seul modèle d’association, sous la férule et l’autorité de l’État, avec des « valeurs » dites « républicaines » qui s’imposent alors par la force et non par la conviction. La menace permanente (et réelle) de dissolution des associations (plus de 40 depuis Macron 1er) est la matraque brandie au-dessus de la tête de chacun. C’est la mise en œuvre d’une véritable idéologie d’État et toute idéologie d’État est totalitaire par essence et par nature. La loi « séparatisme » est une loi liberticide, antilaïque, raciste, autoritaire et antidémocratique qui menace grandement la liberté d’association sur tous les plans.
C’est la séparation de la sphère religieuse et de la sphère publique (État, institutions, administration, services publics) qui garantit la neutralité de la puissance publique d’un côté, et de l’autre, qui fonde dans la sphère privée une totale liberté pour penser, dire, et faire ce que chacun souhaite sur le plan politique, associatif, religieux ou autre, c’est-à-dire sur le plan personnel, qui peut inclure une dimension collective. La loi « séparatisme » en est strictement l’inverse, c’est pourquoi il faut l’abroger comme toutes les lois antilaïques.
En 2019, le congrès national de la fédération nationale de la Libre Pensée, réuni à Alizay du 26 au 30 août, alertait : « La liberté de conscience, la simple expression d’une opinion, est menacée. Elle est menacée sur tous les plans, sur tous les terrains. Elle est malmenée, brutalisée. » Le congrès poursuivait : « La question est : sommes-nous libres ? » et affirmait : « Une camisole de force est passée sur la pensée, c’est-à-dire sur le droit de réfléchir par soi-même, de ne pas être d’accord, de le dire, de le faire savoir, de dialoguer, d’écouter, d’argumenter. » Nous y sommes.
UNE DATE A RETENIR ABSOLUMENT Samedi 6 décembre 2025, à 14 heures, gymnase Japy (Paris 11e) Grand meeting unitaire laïque national et international Pour la défense de la loi de 1905, pour l’abrogation de la loi « séparatisme » |
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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2025/05/02/la-laicite-cest-la-democratie/
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