La pédopsychiatrie en Loire-Atlantique : en crise plus que jamais (OF.fr-17/07/23)

Le manque de lits d’hospitalisations en urgence, pour les enfants en crise en Loire-Atlantique est plus flagrant que jamais.

Par Philippe GAMBERT

La fermeture du SHAdo, service pour adolescents à Saint-Nazaire en juin dernier, symbolise la crise profonde que traverse la pédopsychiatrie en Loire-Atlantique, qui manque de médecins pédopsychiatres et de lits d’hospitalisation.

« En psychiatrie, tous les voyants sont à l’orange et au rouge. » C’est Johanna Rolland, la maire de Nantes et présidente du conseil de surveillance du CHU de Nantes qui sonne le tocsin et au sein de la psychiatrie, la pédopsychiatrie, c’est-à-dire la spécialité qui se consacre aux enfants et aux adolescents en souffrance psychique, se porte encore plus mal.

La fermeture, début juin, du SHAdo, services pour adolescents (de 11 à 17 ans) à l’hôpital de Saint-Nazaire, sonne comme un constat d’échec… Le départ d’une des deux pédopsychiatres a suffi pour mettre fin au service. Il n’a pas été possible de trouver de remplaçant ! La structure de onze lits avait ouvert il y a tout juste deux ans. Elle répondait à une demande très forte, exprimée par les professionnels depuis des années, pour des situations urgentes et dramatiques, notamment pour des adolescents en rupture (pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance).

Certes, dans le département, de Châteaubriant à Saint-Nazaire en passant par Nantes, le suivi psychiatrique des enfants et des adolescents est assuré en CMP, centre médico psychologique, en hôpital de jour, ou même à domicile. Il y a aussi l’unité Espace de l’hôpital Saint-Jacques (pour les 15-25 ans), dans le giron du CHU de Nantes.

Pas d’ouvertures de lits à Blain

Mais, pour les situations de crise, d’urgence, les réponses manquent cruellement. Dans ces cas-là, de plus en plus nombreux depuis la pandémie du Covid, il ne reste que les quatorze lits du SHip, le Service d’hospitalisation intersectoriel de pédopsychiatrie (Ship), à l’hôpital Daumezon, à Bouguenais. Sa capacité doit être doublée mais pas avant 2026, dans des locaux neufs à construire. Quant à l’éventualité d’ouvrir, dès cet automne 2023, huit lits à Blain (au sein d’Epsylan), elle n’est plus d’actualité. Faute de personnels. L’agence régionale de santé (ARS) confirme que cette ouverture de nouveaux lits à Blain n’aura pas lieu, du fait du départ de deux pédopsychiatres.

Alors, comment font les professionnels quand une situation de crise se présente ? Eh bien, avec les moyens du bord. Très concrètement, quand un enfant ou un ado arrive aux urgences, en crise profonde et qu’une hospitalisation s’impose, il y a deux solutions, « faute de mieux », en dehors du Ship (Daumezon) qui affiche en général complet. 1. Le service de pédiatrie du CHU de Nantes qui n’est pas vraiment fait pour cela. Comment y surveiller un enfant qui menace d’attenter à sa vie à tout instant ou veut fuir le service ? De plus, ces lits sont avant tout destinés aux maladies somatiques. De ce fait, à certaines périodes, par exemple lors des épidémies de bronchiolite, toutes les places sont occupées. 2. Les chambres d’isolement (de soins intensifs) de la psychiatrie adulte, à Saint-Jacques, Blain ou ailleurs. Mais, « c’est toujours une solution par défaut », soulignent les médecins psychiatres, « Dans ce cas, on le signale toujours par mail à l’ARS et au défenseur des droits. »  Ajoutons une troisième possibilité, très aléatoire, à savoir trouver un lit adapté dans un département voisin. À des kilomètres de la famille.

Ce manque de moyens épuise les personnels qui, parfois, s’en vont. Des professionnels quittent l’hôpital public ou tombent en arrêt maladie.

Départ du Pr Olivier Bonnot

Hasard du calendrier, le seul professeur de pédopsychiatrie qui exerçait à la faculté de médecine et au CHU de Nantes, après onze ans de bons et loyaux services, quitte le CHU et l’université de Nantes, pour rejoindre Paris Saclay. Bien entendu, les enseignements de psychiatrie seront assurés par des médecins de grande expérience et de qualité. Le relais sera en particulier assuré par le Dr Fanny Gollier-Briant. Mais il n’y aura plus, au moins pendant une année, de professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, en titre, pour les étudiants internes en psychiatrie. Une nomination est espérée pour septembre 2024, dans un an.

Source: https://www.ouest-france.fr/sante/la-pedopsychiatrie-en-loire-atlantique-en-crise-plus-que-jamais-2ca9d88c-1cf9-11ee-a71d-c1d363e4dc47

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