
Médiatrice en histoire et patrimoine, Soazig Le Henanff travaille sur la place des femmes dans l’histoire du port de pêche de Lorient (Morbihan).
Par Olivier CLERO.
La projection ce vendredi 28 février 2025, à Lorient, du documentaire Les travailleuses de la mer est l’occasion pour la médiatrice en histoire et patrimoine Soazig Le Henanff de rappeler l’intérêt historique de ce film diffusé pour la première fois en 1985.
Pourquoi c’est important pour vous de voir ce documentaire tourné il y a plus de quarante ans ?
C’est important car on a fêté en novembre dernier le centenaire des Penn sardin de Douarnenez. À Lorient, on a oublié les mouvements sociaux des femmes qui ont pourtant bien existé aussi. Il y a eu des mobilisations très fortes dès la fin du XIXe siècle, mais elles sont tombées dans l’oubli. La place des femmes au port de pêche a été invisibilisée. Ce documentaire, c’est une façon de remettre en lumière ces femmes tout à fait admirables dont l’une d’elles a été la première femme à présider un conseil des Prud’hommes en France : Léone Mahoïc.
Qu’est ce qui a changé aujourd’hui ?
Le courage, la dextérité et l’habileté de ces femmes sont désormais reconnus, ça c’est nouveau ! Dans les années 70-80, on méprisait totalement ces femmes qui travaillaient au filetage des poissons. Aujourd’hui, on en fait une fierté. Elle était inexistante et il n’y avait aucune reconnaissance de ces fileteuses.
Les travailleuses de la mer sont aussi beaucoup moins nombreuses ?
C’est vrai. Elles étaient un millier au port de pêche entre 1970 et 1985. Dont 800 dans les magasins de marées. Aujourd’hui, il n’y a plus qu’une centaine de femmes. Le port de Lorient dans ces années-là, c’était 6 000 personnes avec les marins. Aujourd’hui, on parle de 3 000 personnes, mais dans les 3 000, il faut intégrer les salariés de Cité Marine et Capitaine Houat. Et il n’y a plus la dominante de femmes des années 70. Aujourd’hui, il y a autant d’hommes que de femmes. Nous ne sommes plus du tout dans le même espace portuaire. Ni dans les mêmes proportions. On passe de plus de 70 000 tonnes de poisson débarqué en 1975 à 17 000 tonnes aujourd’hui, ce n’est plus le même travail. Les conditions de travail sont différentes aussi. Elles se sont énormément améliorées.
La projection du documentaire Les travailleuses de la mer, ce vendredi, aura lieu au Manège, situé rue Colbert à Lorient, à 20 h. L’accès est proposé au tarif de 4 €. Ne manquez pas cette occasion unique de découvrir ce témoignage essentiel sur les luttes féministes et sociales à Lorient.
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