
LA PAROLE À CAROLINE TROMEUR : secrétaire du Syndicat CGT de l’hôpital de Carhaix (Finistère), elle était présente dans la manifestation le 12 octobre pour la réouverture du service des urgences de l’hôpital qui a réuni des milliers de personnes.
Présentation : En septembre 2023, ces urgences ont été fermées par l’ARS. Depuis un an, l’Etat, l’ARS, et Macron ont cherché, par tous les moyens, à faire taire la population qui veut pouvoir accéder à son hôpital. Plus de dix militants, hospitaliers syndicalistes, élus, ont été mis en cause par la justice, puis convoqués un par un sous le régime de la garde à vue (avec prise des empreintes génétiques) parce qu’en septembre 2023, ils étaient restés 12 heures à l’ARS pour obtenir la réouverture des urgences. En 2024, des élus municipaux ont lancé cette nouvelle mobilisation qui, le 12 octobre, a rassemblé tout le monde, 3 000 à 4 000 manifestants étaient présents. On peut s’étonner que les syndicats départementaux n’aient pas voulu s’y associer alors que tous les salariés sont concernés et que les syndiqués étaient bien présents. Actuellement, les urgences de Carhaix sont quasi fermées par un dispositif appelé « régulation ». Ce dispositif est dangereux pour la population comme l’explique Caroline Tromeur, déléguée CGT, que nous avons interviewée. A l’Assemblée nationale, le 1er octobre, le Premier ministre, Michel Barnier, a parlé de généraliser cette « régulation », appliquée à Carhaix, à tous les hôpitaux en France. C’est bien Matignon qui prétend barrer l’accès aux soins à toute la population.
À quelle décision de l’ARS êtes-vous confrontés à l’hôpital de Carhaix ?
Caroline Tromeur : L’ARS a décidé début septembre 2023 qu’il n’y aurait plus qu’une ligne de garde médicale à Carhaix pour les urgences et pour le Smur. Cela veut dire que lorsque le seul médecin de garde est sorti avec le Smur il n’y a plus de médecin aux urgences. Dans le même temps les urgences de Carhaix sont « régulées ».
C’est-à-dire que vous ne pouvez plus vous y présenter, vous devez avant appeler le 15 qui va décider si vous pouvez vous présenter ou si vous devez prendre votre voiture pour aller à Quimper, à Brest, à Saint-Brieux ou Morlaix, soit une heure de route voire plus (le CHU de Brest est à 95 km – Ndlr).
Comment s’est passée la manifestation de samedi ?
Il y avait selon moi environ 3 500 manifestants. C’est important pour montrer qu’on n’accepte pas.
Certains venaient d’autres villes ; il faut savoir qu’à Guingamp, la maternité est fermée depuis six mois et là, l’ARS annonce qu’elle ne rouvrira pas. À Pontivy, les urgences vont être « régulées » et fermées la nuit.
Pendant le rassemblement, la plupart des commerces de Carhaix ont fermé en solidarité. Il y a eu des appels à manifester venant de partout, des associations sportives, des commerçants… Quand nous nous sommes rendus dans l’après-midi à la gendarmerie, ; on était accompagnés par les tracteurs des paysans. La manifestation scandait : « Carhaix – Carhaix – Résistance ! »
Il va y avoir une réunion avec les élus de la mairie organisée par l’ARS à Quimper le 16 octobre pour discuter de l’application du protocole qui envisageait la réouverture.
Ce mercredi 16 octobre, nous organiserons un rassemblement, devant l’hôpital de Carhaix.
Il faut que l’ARS trouve les solutions pour rouvrir nos urgences. La spécificité de Carhaix, c’est que nous sommes à une heure de route de tous les autres services d’urgences.
Quelles sont vos revendications aujourd’hui ?
La première des choses, c’est l’arrêt des poursuites judiciaires contre nous, que tous les agents fichés ne le soient plus. Tant que cela n’est pas réglé, nous avons décidé qu’aucun syndicat ne siégerait dans les instances représentatives, à l’hôpital de Carhaix et au CHU de Brest. Nous voulons la réouverture des urgences de Carhaix 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, sans « régulation ».
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