Un million d’unités en stock, un carnet de commandes vide : l’usine Klap, dernière entreprise spécialisée à fabriquer des masques en Bretagne, a cessé sa production au mois de septembre 2023, à Ploufragan (Côtes-d’Armor).

Les lignes de production de masques de l’usine Klap sont à l’arrêt depuis un mois, à Ploufragan (Côtes-d’Armor). L’entreprise était en difficulté depuis l’automne 2022. | ARCHIVES OUEST-FRANCE
« Nous sommes dans une situation très difficile. » Angèle Salom, la directrice de l’usine de production de masques Klap, lancée en février 2021, à Ploufragan (Côtes-d’Armor), n’use pas de faux-fuyant pour qualifier la santé économique de l’entreprise, dont les 25 salariés sont en activité partielle depuis près d’un an.
Depuis un mois, plus aucun masque ne sort de l’usine costarmoricaine, la dernière à fabriquer exclusivement des masques en Bretagne. « On a stoppé la production en raison des non-commandes et des stocks pleins », explique la directrice.
Au plus fort de son activité, l’usine a fabriqué jusqu’à 600 000 masques par semaine ; au printemps, la production était tombée à 250 000/300 000. Actuellement, environ un million d’unités dorment dans les locaux de l’entreprise.
« Le temps est compté »
Les 15 millions d’euros réinjectés en début d’année par l’homme d’affaires libano-suisse Abdallah Chatila, président fondateur de M3 group, auquel appartient Klap, n’auront pas suffi à redresser la barre. Et aujourd’hui, « le temps est compté », reconnaît Angèle Salom, sans avancer de délai.
« Surstockage massif »
Pour relancer l’activité, elle fonde ses espoirs sur une reprise de la production, « a minima ». Une grande partie des masques entreposés en France verront, en effet, bientôt leur date d’utilisation expirer. Or un « surstockage massif lié au traumatisme du manque a été effectué quasiment partout ». Il sera donc nécessaire de réamorcer la production pour reconstituer les stocks.
« Mais il faut se rendre à l’évidence : le secteur du masque va redevenir ce qu’il était avant le Covid, c’est-à-dire à peine 10 % du besoin national. » Car si les hôpitaux publics et administrations jouent le jeu de la commande française et européenne, « ce n’est pas le cas d es sociétés pharmaceutiques, agroalimentaires et d’électronique, qui recommandent en Chine », déplore Angèle Salom.
Pour la directrice, la sauvegarde de Klap passera inévitablement par une réorientation de l’activité. Elle compte pour cela sur le meltblown, cette matière filtrante utilisée dans de nombreux domaines industriels. Depuis plusieurs mois, « nous sommes en discussion avec plusieurs grands acteurs industriels, mais aucun gros contrat n’a encore été signé. Nous continuons les tests ».
De leur côté, les salariés, contraints de travailler en intérim, n’y croient plus. « Tout est déjà prêt dans la tête des dirigeants, lâche l’un d’eux désabusé. Deux lignes de production ne sont plus complètes car des machines d’emballages ont été vendues pour payer nos salaires, fin septembre. Ça va durer encore combien de temps comme ça ? »
Auteur : Nadia LE SAUX
URL de cet article : https://lherminerouge.fr/la-production-de-masques-de-lusine-klap-la-derniere-entreprise-bretonne-specialisee-est-a-larret-of-fr-10-10-2023/