
240 m3 d’eaux usées non traitées ont fini dans la mer, entre La Trinité-sur-mer et Carnac, mardi 2 août. En cause ? Un débordement de la station d’épuration de Carnac, « trop vétuste » pour traiter les eaux d’une population estimée à 45 000 personnes en été.
Ce sont des associations qui ont joué le rôle de « lanceurs d’alerte » dans cette nouvelle affaire de pollution en mer. Lundi 8 août, La Vigie – membre de la commission déchets à l’intercommunalité – et l’Association pour la protection de la rivière de Crac’h ont adressé un courrier au préfet du Morbihan et au président d’Auray Quiberon Terre Atlantique. Elles alertent sur un débordement qui a eu lieu en mer, le 2 août, et les conséquences de celui-ci. Au total, ce sont 240 m3 d’eaux usées non traitées, qui ont débordé de la station d’épuration de Kergouellec, à Carnac. La masse d’eau noire s’est déversée en pleine mer, face à la plage du Men-Du, entre les communes de Carnac et de La Trinité-sur-Mer.
« Sacré dilution »
Une pollution confirmée, ce lundi, par Julie Manceau, directrice Cycle de l’eau à Aqta. Le débordement est le résultat d’une station d’épuration « trop vétuste » et « vieillissante », pour une population estivale toujours plus conséquente, avance-t-elle. En pleine saison, la station doit traiter 6 000 m3 d‘eaux usées par jour, pour une population estimée à plus 45 000 personnes. « Elle n’arrive pas à faire face », résume l’élue.
Julie Manceau assure que la police des eaux a été prévenue « dans la foulée ». Des analyses sont depuis toujours en cours. « Une communication publique est faite si la présence d’Escherichia coli est attestée, affirme la directrice. Nous attendons les résultats pour communiquer ». En attendant, donc, silence radio ? « L’impact est relativement minime, argue l’élue. On parle ici de 240 m3 mélangés à 12 000 m3 d’eau traitée, rejetés à plus d’un kilomètre en mer. Ça fait une sacrée dilution et cela ne va pas forcément impacter les eaux de baignade, qui sont suivies ».
« Une menace »
Bertrand Ravary, président de la Vigie, est plus sceptique. « Cette pollution est une menace, notamment pour les pêcheurs à pieds et le prélèvement de coques, avance-t-il. Nous sommes le seul endroit au monde où les naissains d’huître plate sont élevés, la pollution des eaux peut réduire à néant les élevages ». Samuel Durand, ostréiculteur et fondateur de la Fédération conchylicole, a été averti de la pollution le 3 août. « On a appris qu’il y avait eu un débordement via notre réseau de surveillance, explique-t-il. Mais la communication n’est jamais fluide avec Aqta. L’eau sentait aujourd’hui, on va faire des analyses de notre côté ».
En attendant la nouvelle station d’épuration sécurisée prévue pour 2024, les services d’Aqta doivent trouver des solutions. D’autant qu’il ne s’agit pas du premier « dysfonctionnement » de la station. « Les débordements arrivent plutôt l’hiver, en cas de fortes pluies, détaille Julie Manceau. Normalement, en été, cela fonctionne ». Pour « temporiser » d’ici la fin de la saison estivale, « des camions viennent pomper les eaux dans le bassin tampon de la station. Ces eaux sont ensuite renvoyées à Plouharnel ».
Auteur : Mooréa Lahalle, Paul Mermod