La ville de Guémené-Penfao dégradée après l’annonce de l’exploitation d’une carrière naturelle (OF.fr-17/07/23)

Lundi 17 juillet, des tags et des dégradations ont été faits dans la ville de Guémené-Penfao, liés à la réouverture de la carrière de Tahun. Ici, sur la façade de la mairie.

Par Pauline ROUSSEL

Ce lundi 17 juillet, des tags ont été découverts dans la ville de Guémené-Penfao (Loire-Atlantique). Des dégradations liées à l’annonce récente de la réouverture d’une carrière de roches massives, située au lieu-dit le Tahun. Pendant 15 ans, le groupe Pigeon pourra y extraire du granulat.

« Je suis en colère, je craque », souffle Isabelle Barathon, maire de Guémené-Penfao. De l’autre côté du combiné, elle raconte avoir découvert, ce lundi matin 17 juillet, des dégradations sur les murs de la mairie et dans certains endroits de la commune située au nord de la Loire-Atlantique. « Mairie coupable », « ZAD Tahun » ou encore « Eau voleur ». Des slogans tagués sur la façade de l’hôtel de ville, sur des panneaux de signalisation, ou encore sur un panneau lumineux, dont la vitre a été brisée.

Du granulat pour les logements, argument de la mairie

Ces détériorations font écho à l’annonce de la réouverture prochaine pour exploitation de la carrière de Tahun. Début juillet 2023, la préfecture a pris un arrêté autorisant le groupe Pigeon à extraire du granulat de cette carrière de roches massives à ciel ouvert, à hauteur de 250 000 tonnes par an maximum, pendant 15 ans. Le site n’avait pas été exploité depuis 35 ans et la nature y avait repris ses droits. L’opposition au projet était forte.

« C’est facile d’être contre tout. D’ailleurs, on ne se réveille pas le matin en se disant qu’on va aller creuser des cailloux et donner son accord pour rouvrir une carrière. Si j’ai donné mon accord à ce projet, c’est parce qu’il y a un besoin criant de logements dans le territoire. Ce n’est pas pour des raisons économiques, mes intérêts ne sont pas locaux », poursuit Isabelle Barathon.

Ici, un des panneaux de signalisation tagué.

Elle rappelle alors la volonté affichée du Conseil départemental : créer, d’ici 2027, 12 000 logements par an au plus près des emplois. « Comment on les construit sans granulat ? »

« Ma part de responsabilité »

Selon le rapport de l’enquête publique de 2021, en France, pour la construction, la réhabilitation et l’entretien de routes et de logements, les besoins en granulat s’élèveraient à « environ 6,5 tonnes (par habitant et par an), dont l’essentiel ne saurait supporter un transfert sur une distance supérieure à cinquante kilomètres depuis le lieu d’extraction ; ce périmètre ainsi défini constitue en quelque sorte la zone de chalandise de l’éventuelle carrière du Tahun. »

Ici, sur la façade de la mairie.

« Si j’ai accepté le projet dans ma commune, c’est pour l’intérêt collectif avant tout. J’ai pris ma part de responsabilité face au contexte. Nous ne parlons pas de construire n’importe quoi et comment, mais de façon intelligente », insiste Isabelle Barathon. Elle confirme aussi son soutien au projet malgré l’un des principaux points de crispation : la ressource en eau, dont regorge le bassin de la carrière. La société Pigeon et la mairie affirment que « sous cette bassine il n’y a pas de source », à l’inverse du collectif. Mais pour l’heure, aucune étude hydrogéologique indépendante n’a été menée à ce sujet.

Ici, le panneau lumineux tagué et brisé.

« Je ne céderai pas »

Face aux dégradations dans sa ville, la première édile martèle : « Je ne céderai pas et je ne me laisserai pas intimider. » Sur les murs de la mairie, le tag était effacé dès le midi. « Ça a attaqué le tuffeau, regrette la maire. Quant à la vitre du panneau lumineux, ce n’est pas réparable. Nous allons également devoir changer les signalisations taguées, ça ne se nettoie pas. »

Contacté, le collectif anti-carrière de Tahun se désolidarise de ces actes : « Nous sommes une association de réflexion, pacifique, créatrice et artistique. Nous n’avons jamais appelé nos membres à dégrader l’espace public. Cela ne fait pas partie de nos modes de luttes. » Sur leur page Facebook, les membres écrivent : « Nous n’avons jamais prôné la destruction de matériel urbain, ni aucune autre forme de violence. Et nous ne le ferons jamais. »

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La municipalité a porté plainte. Une enquête est ouverte pour identifier la ou les personnes à l’origine des dégradations.

Pauline ROUSSEL

A lire également:

Le Groupe Pigeon autorisé à extraire la roche de la carrière de Tahun, au grand dam d’un collectif (OF.fr-11/07/2023): https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/loire-atlantique/le-groupe-pigeon-autorise-a-extraire-la-roche-de-la-carriere-de-tahun-site-naturel-a-guenouvry-662ed2d0-1fe0-11ee-aaa7-17557ce412e6

Le rapport de l’enquête publique de 2021

A Guémené-Penfao, ils dansent pour préserver la carrière du Tahun (OF.fr-5/02/23): https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/guemene-penfao-44290/a-guemene-penfao-ils-dansent-pour-preserver-la-carriere-du-tahun-33b445f0-a566-11ed-a212-f0bc1e31b39f

Guémené-Penfao-« Un site brut à préserver »: les voisins d’une carrière convoitée par un industriel témoignent (Ouest-France.fr-4/03/23) https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/guemene-penfao-44290/les-voisins-dune-carriere-inquiets-de-son-sort-af67980c-b9af-11ed-b868-af5e53e878b5

Source: https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/guemene-penfao-44290/la-ville-de-guemene-penfao-degradee-apres-lannonce-de-lexploitation-dune-carriere-naturelle-1584d872-24ac-11ee-b6a8-3abc413c71fc

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/la-ville-de-guemene-penfao-degradee-apres-lannonce-de-lexploitation-dune-carriere-naturelle-of-fr-17-07-23/

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