Par Pierre FONTANIER
Lundi 10 juillet 2023 au lever du jour, Greenpeace a dénoncé le développement des fermes-usines. L’ONG a déversé une tonne d’algues vertes devant la préfecture du Finistère. Une action spectaculaire pour sensibiliser. Reportage.
Une odeur désagréable flotte autour de la préfecture du Finistère, ce lundi dès potron-minet. Il est 6 h 45, Quimper s’éveille et une poignée de militants Greenpeace, combinaisons blanches sur le dos et masques de cochon en origami sur le visage, arrivent devant l’entrée publique du bâtiment. En quelques secondes, la benne d’un petit camion déverse une demi-tonne d’algues vertes sur le trottoir. Les activistes se postent devant l’entrée. D’autres collent une carte de France des fermes-usines sur la porte.
À un jet de pierre, côté place de la Résistance, un autre camion déverse la même quantité d’algues vertes. Un cochon géant est gonflé, des banderoles déployées et des panneaux accrochés sur les grilles bleu foncé. Dessus, photos et messages chocs : « Bretagne, préfets en eaux troubles », « Bretagne polluée, État coupable », « Une paysannerie sans agro-industrie » ou encore « Fermes-usines, ni ici ni ailleurs ».
« Première en France »
« C’est notre première action nationale contre les algues vertes, souligne Sandy Olivar Calvo, porte-parole Greenpeace chargée de la campagne agriculture et alimentation. Nous dénonçons la responsabilité de l’État et du préfet dans l’industrialisation de l’élevage et l’essor des fermes-usines. La moitié des 3 010 implantées en France sont en Bretagne : 460 dans les Côtes-d’Armor et 445 dans le Finistère. Les algues vertes sont directement liées à l’élevage intensif et la trop forte concentration animale. »
Que demande Greenpeace ? « Mettre un terme à l’industrialisation de l’élevage en créant un moratoire de gel des extensions de fermes-usines », poursuit la porte-parole. « Nous réclamons une loi sur le modèle agricole, rebondit Lee Roy, militant et peace keeper (gardien de la paix). Ça doit devenir un sujet politique. »
« Bravo ! » salue un automobiliste. À 8 h 40, des policiers enroulent une banderole et délogent des militants qui se laissent traîner par terre. Avant de redérouler la banderole et reprendre tranquillement leur place.
De son côté, le préfet Philippe Mahé « condamne cette action. Une plainte sera déposée pour obtenir réparation des éventuels dégâts pérennes. Toute manifestation doit être déclarée ». Il rappelle que « l’arrêté d’autorisation relatif à l’élevage Avel Vor à Landunvez a été pris le 8 novembre 2022 après avis favorable du commissaire-enquêteur et du Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst) ».
Après le nettoyage par des employés communaux, les militants Greenpeace sont partis dans le calme avant midi. Ce mardi 11 juillet sort le film Les Algues vertes , adapté de la bande dessinée Algues vertes, l’histoire interdite, écrite par la journaliste d’investigation Inès Léraud.
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