
La Brestoise Emmanuelle Le Pors, ancienne AESH a été privée d’allocations-chômage. Depuis le 20 février, elle est ouvrière agricole pour concrétiser son projet de reconversion professionnelle.
Épuisée par la précarité, la Brestoise Emmanuelle Le Pors avait décidé de quitter son poste d’accompagnante d’élèves en situation de handicap (AESH) dans l’Éducation nationale, le mercredi 31 août 2022. Elle n’avait pas renouvelé son contrat de trois ans d’AESH payé 860 € pour 24 heures par semaine pour se reconvertir dans le maraîchage et la création d’une ferme pédagogique pour enfants handicapés. « Je vais me servir de mon ancien métier dans le nouveau », assure Emmanuelle Le Pors.
Pas d’allocation-chômage
Mais, à la sortie de l’Éducation Nationale, une mauvaise surprise l’attendait. « Je n’arrivais pas à obtenir mon attestation d’employeur. Début octobre, j’ai envoyé un courrier recommandé, resté sans réponse. Je savais déjà que dans le secteur public il fallait attendre quatre mois d’inscription à Pôle emploi pour obtenir une allocation-chômage. Mais lorsque j’ai enfin obtenu mon attestation, le 15 décembre, malgré un courriel d’appui de ma conseillère à Pôle emploi en novembre, j’ai découvert que je n’avais droit à rien ! ». Sur l’attestation datée du 9 décembre, il est écrit rupture anticipée d’un CDD, ce qui la prive de chômage.
À la fin de son contrat, le 31 août, Emmanuelle Le Pors s’était orientée vers le CLPS, un organisme de formation, pour enclencher sa reconversion sans attendre. « J’avais informé l’Éducation nationale, en mai, de ma décision de reconversion vers un métier plus rémunérateur. Ils m’auraient donné un temps complet au Smic je serais restée. Je subissais ce temps partiel à 860 €. J’ai contacté le tribunal administratif qui m’a conseillé de déposer en ligne un recours citoyen ». Son dossier de contestation du motif indiqué sur l’attestation employeur a été enregistré le 29 décembre. L’administration avait deux mois pour répondre. « Je veux l’indemnisation qui ne m’a pas été versée ! Tout est toujours compliqué dans la vie des AESH ».
Dans une serre de tomates
En attendant une réponse, Emmanuelle Le Pors a poursuivi sa reconversion dans le maraîchage avec un stage de 15 jours à Prélude, une entreprise d’insertion qui a un pôle maraîchage et un jardin pédagogique à Guipavas. Puis elle a recherché un premier emploi dans le secteur.
« Depuis le 20 février, je travaille comme ouvrière agricole, à Brest, dans une serre de tomates. C’est très physique, mais c’est une super expérience, Il y fait très chaud, on est en sueur dès qu’il y a une éclaircie. Ce n’est pas le modèle que je vise, mais, à un moment donné, il faut bien se nourrir. J’ai trois enfants et, heureusement, un compagnon, sinon je ne sais pas comment j’aurai fait sans revenu depuis septembre ».
Après l’été, Emmanuelle Le Pors débutera une formation de responsable d’exploitation agricole. « Quand on fait des saisons, on a droit au chômage. Je suis révoltée par le fait que les AESH ont un contrat précaire, sans les mêmes droits que dans le privé. Mercredi, on sera le 8 mars, on parle égalité de salaire, mais, quand on sait que les AESH sont à 98 % des femmes, avec des temps partiels subis… C’est de l’esclavage moderne envers les femmes ! En septembre; sur 2 000 AESH en Finistère, 165 ont décidé de ne pas renouveler leur contrat ».
Auteur : Catherine Le Guen