
Il y a 80 ans, le 11 août 1944, le deuxième bataillon « Stalingrad », composé de 650 maquisards dispersés dans la région de Châteaulin, libérait la cité de l’Aulne après quatre années d’occupation allemande.
Par Anaëlle LARUE.
Une photo d’archive du 11 août 1944 montre quelques personnes devant la mairie de Châteaulin. Ce matin-là, la cité de l’Aulne est libérée des Allemands, arrivés quatre ans plus tôt, le 19 juin 1940. « Le jour de la Libération, il n’y avait pas grand-monde pour fêter le départ des troupes ennemies, explique Bernard Le Guillou, président de l’Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance (Anacr) à Châteaulin. La plupart des habitants avaient fui le centre-ville pour se réfugier dans les fermes ». Il faut attendre le 15 août pour que les Châteaulinois se rassemblent et célèbrent leur liberté.
Le maquis de Spézet, premier maquis de Bretagne
Bernard Le Guillou connaît l’histoire de la libération de Châteaulin comme personne. Son père, Auguste Le Guillou, a commandé et organisé, aux côtés de Marcel Siche, le deuxième bataillon « Stalingrad ». Cette unité de 650 combattants résistants a repris, il y a 80 ans, la ville de Châteaulin aux mains des Allemands. « Le 18 mars 1944, mon père a échappé de justesse à la Gestapo sur son lieu de travail. Il s’est enfui vers Spézet, où il a ravivé le premier maquis de Bretagne en perdition, qui avait été constitué une première fois en 1943 ».
À 24 ans, ce fervent résistant châteaulinois rassemble, au fil des mois, des combattants. L’élan insufflé par le Débarquement, le 6 juin 1944, permet de gonfler les effectifs jusqu’à atteindre, le 15 juillet 1944, entre 120 et 150 maquisards. Ainsi née la première compagnie du maquis de Spézet, nommée « Stalingrad ». Elle sera ensuite renommée « Châteaulin ». Quinze jours plus tard, une deuxième compagnie, « Victoire », voit le jour près de Spézet et rassemble 150 maquisards supplémentaires. Dans le même temps, Alain Guidal organise la compagnie « Ténacité » à Pont-de-Buis (120 à 150 résistants) et Hervé Mao celle « de Gaulle » dans la région de Châteaulin (environ 130 résistants).
Les maquisards écoutaient mon père – Bernard Le Guillou
« L’armée a été stratégique »
Pour aider ces groupes résistants à mener le combat pour la Libération, l’armée française décide d’envoyer des armes, à la seule condition qu’une personne militaire œuvre à leurs côtés. Ainsi, dans la nuit du 17 au 18 juillet 1944, Marcel Siche, né à Ploudaniel et parti à Londres en 1940, est reparachuté en France avec 17 containers remplis d’armes. Il est chargé, à Spézet, de former les maquisards aux techniques militaires.
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À ses côtés, Auguste Le Guillou, « commissaire aux effectifs », s’occupait des hommes, de leur trouver des logements et de quoi manger. « Mon père était écouté des maquisards », poursuit Bernard Le Guillou. « Placer Marcel Siche, issu de l’armée, seul à la tête d’un groupe de résistants aurait été une erreur. L’armée a été stratégique en plaçant un double commandement ». Il en fut ainsi dans chaque maquis.
En septembre 1944, dissolution du deuxième bataillon Stalingrad
La libération de Châteaulin est décidée lors d’une réunion entre Alain Guidal, Hervé Mao et Auguste Le Guillou début août 1944, à Spézet. Le 11 août, 650 maquisards reprennent Châteaulin sous une seule bannière : le deuxième bataillon « Stalingrad ». « ll n’y a pas eu de combats ce jour-là », indique le président de l’Anacr. « Les Allemands, qui avaient senti leur heure arriver, avaient déjà déserté Châteaulin le soir du 10 août ». Une fois la mission du deuxième bataillon « Stalingrad » accomplie, l’armée française, de peur que les résistants se rebellent, s’empresse de le dissoudre, le 30 septembre 1944.
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