Le bourrage de crâne des militaristes et des va-t-en-guerre, de Macron au PS (IO.fr-17/03/25)

Macron lors du Conseil européen convoqué pour discuter de la guerre en Ukraine et de défense européenne, le 6 mars, à Bruxelles. (Ludovic Marin via AFP)

Dans les guerres, dans les périodes d’armement intensif, la première victime est la vérité. Le bourrage de crâne est la règle, quiconque s’écarte de l’union sacrée devient l’anti-France, la 5e colonne de l’ennemi, le suppôt de l’étranger.

Par Michel SERAC.

Le peuple français et la guerre : « Je suis désolée de le dire, mais il y a des retraités qui n’ont pas les moyens de vivre. Il y a aussi des personnes qui travaillent et qui n’ont pas les moyens de vivre non plus » (Aïcha, mère célibataire de quatre enfants) ; « J’aimerais bien qu’on parle plus des retraites que de l’Ukraine, ça c’est certain » (une aide-soignante à l’hôpital) ; « On ne doit pas oublier le quotidien des Français » ; « Tous les problèmes qu’on a en France sont délaissés au profit de l’Ukraine : les hôpitaux, l’Education nationale, le chômage, le pouvoir d’achat ».

Où sommes-nous ? Dans une réunion des électeurs du Parti socialiste, où s’est rendu Franceinfo (12 mars).

Appelés à voter pour le PS afin d’obtenir « les moyens de vivre », ils peuvent juger leurs élus qui, moins d’un an plus tard, 1) ont passé avec Macron et les voleurs de retraites un pacte de « non-censure », assurant au président-des-riches de garder le pouvoir ; 2) approuvent l’économie de guerre visant à écraser encore plus les salariés, les pauvres, les malades, et à mépriser, aux côtés de Macron, « le quotidien des Français ».

Après le coup de force du 49-3 contre les retraites, après le coup de dés de la dissolution, devenue pour lui lamentable foirade, l’aventurier de l’Elysée, cramponné à son trône, tente maintenant de propager la peur de la guerre pour frapper sans pitié ceux qui vivent ou survivent de leur travail. Au profit de ses amis du capital financier, qu’il a réunis à l’Elysée, pour cette aubaine.

Dans les guerres, dans les périodes d’armement intensif, la première victime est la vérité. Le bourrage de crâne est la règle, quiconque s’écarte de l’union sacrée devient l’anti-France, la 5e colonne de l’ennemi, le suppôt de l’étranger. Souffrez, soumettez-vous, et taisez-vous est le mot d’ordre des militaristes. Voyons leurs grossiers mensonges.

Bourrage de crâne militariste n° 1 :

Pour une « défense européenne » autonome, les peuples doivent se sacrifier

Les gouvernements de l’UE sont en fait les caniches bien dressés de Trump, deux chiffres le prouvent. Les capitalistes américains jugent, depuis des années, l’Otan plus coûteux qu’utile. Ils intiment l’ordre à leurs vassaux d’Europe de payer leurs propres armements à hauteur de 5 % de la richesse nationale. Un simple calcul arithmétique – qu’on retrouvera sur le blog de J-L Mélenchon, divisant les 17 000 milliards d’euros du PIB européen par 5 % aboutit à 850 milliards. Or c’est le chiffre décidé par les réactionnaires qui dirigent l’UE pour leurs budgets de guerre. Il répond exactement aux ordres de Trump. Quelle coïncidence !

Le second chiffre : sur ces sommes énormes prélevés sur la vie, les droits, le sang des peuples par leurs oppresseurs d’Etat, 64 % seront versés… aux producteurs d’armes nord-américains. On paie moins, on empoche plus de profits.

Bourrage de crâne militariste n° 2 :

Les Russes attaquent l’Europe, selon Macron. Union sacrée des salariés avec les patrons !

Il faut reconnaître au belliqueux Glucksmann une constance, une fidélité : il ne s’est jamais écarté des intérêts de l’Otan et de ses croisades guerrières contre la Russie. Rédacteur des discours du dictateur pro-américain de Géorgie, boutefeu pour l’Otan en Ukraine, il caracole en tête, en France pour l’économie de guerre macroniste et trumpiste :

« Toute une partie de la population française, toute une partie des entrepreneurs français et européens qui vont bien, vont devoir choisir leur camp. Je pense que payer des impôts, c’est un peu moins grave que de se faire envahir par Poutine (…) Dans les plans de Poutine, nous sommes les prochains sur la liste (…). Nous sommes passés dans une économie de guerre. Toutes les forces économiques doivent répondre à des objectifs militaires, d’autonomie stratégiques et de souveraineté. Cela doit nous obséder (…). En économie de guerre, même si le temps de travail et les embauches augmentent, il faut que tout le monde soit uni »1.

Augmenter le temps de travail, en « union » avec les patrons, plier « toute une partie de la population française » (laquelle, d’après vous ?) à « l obsession » de la guerre : c’est à ces hystériques fourriers d’une économie de guerre totalitaire à la Goebbels que viennent de se rallier les néo-macronistes du PS. Soutiens inconditionnels de la Ve République, ils ne manquent pas, avec Trump, d’agiter la peur de « l’expansion de la Chine »2.

Invasion, dites-vous ? Est-ce Poutine, ou votre maître impérialiste, Trump qui a menacé d’annexer trois nations : le Canada, le Groenland, le Panama ?

Cette question, sans doute, relève de l’anti-France.

Bourrage de crâne militariste n° 3 :

Qui a commencé la guerre ?

Les militaristes bourgeois, de Macron à Glucksmann, et tous les va-t-en-guerre européens, comptent sur la crédulité et la naïveté des peuples qu’ils oppriment, en ramenant tout à la question simple : « qui a commencé » ? Or il ne s’agit pas de désigner le méchant de la cour de récréation. C’est faire injure à l’intelligence des travailleurs : ils savent que la guerre relève des intérêts et des forces de puissances militaires et économiques dominantes. Tout comme ils savent que les Macron et les Glucksmann sont les commis politiques des profiteurs de guerre.

La plus puissante armada du XXIe siècle a été rassemblée par les capitalistes américains contre une ex-colonie, l’Irak, riche en pétrole (2003). Le menteur, le gangster Bush a juré au monde entier que l’Irak avait « commencé », pour justifier SA guerre de rapine impérialiste. On sait ce qu’il en est du mensonge, fabriqué pour l’Onu, des « armes de destruction massive », reconnu par Colin Powell. Le faussaire Bush, milliardaire du pétrole, coule des jours heureux, après des centaines de milliers de victimes, tuées par les armes de destruction massive américaines.

Qui a « commencé » l’agression impérialiste de la Libye (2011), aux conséquences tragiques pour l’Afrique, sinon ce président, conseiller de Macron, qui comparait, présumé innocent, pour corruption et association de malfaiteurs ? Honte aux intellectuels courtisans qui ont chanté la louange de cette guerre « humanitaire » !

Quand a « commencé » l’infâme guerre d’Algérie ? Tout Français qui pense librement sait que ce n’est pas à la Toussaint 1954, mais pendant 130 ans d’occupation sanguinaire.

La censure de guerre sous Macron a frappé : mise à pied d’un journaliste pour avoir rappelé cette vérité ; déprogrammation du documentaire de France 5 qui montre au public l’usage des gaz mortels contre villageois et combattants d’Algérie. Mais Le Pen, qui maintient Macron au pouvoir, clame les bienfaits de la colonisation.

Et maintenant, après l’encerclement de la Russie par l’Otan, en violation des accords initiaux, comme l’a rappelé Mélenchon sur France 2, qui a préparé le déclenchement de la guerre, on veut nous imposer l’économie de guerre pour renforcer… les provocations armées sur toutes les frontières de la Russie ? Leur « défense » est un camouflage.

Bourrage de crâne militariste n° 4 :

L’économie de guerre, contre toutes nos revendications, pour le profit des banquiers et capitalistes de l’armement (aux Etats-Unis et en Europe), sert à… défendre la liberté !

Nous ne manquons pas en France, de chauvins arrogants, donneurs de leçons prétentieux, déclarant « la France a donné au monde les Droits de l’homme ». Allez donc dire cela à tous les peuples dont la souveraineté, les libertés élémentaires ont été piétinées par les colons esclavagistes français.

La révolution qui a adopté la Déclaration des droits de l’homme a été préparée par les penseurs des Lumières, qui ont rédigé l’œuvre monumentale qu’est L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.

Ce savoir se perd en France, depuis qu’un ministre réactionnaire, Allègre, a rendu facultative la connaissance des Lumières (les grèves et manifestations l’ont chassé, mais Jospin a conservé sa réforme obscurantiste). Il faut donc rappeler que pour ces fondateurs des droits de l’homme au XVIIIe siècle l’oppression la plus haïssable était le privilège des tyrans d’infliger la guerre à leurs peuples.

Ce privilège des tyrans a été rétabli sous la Ve République monarchique. Il se nomme « domaine réservé » et permet aujourd’hui au despote minoritaire de l’Elysée de décider, par son bon plaisir, 100 milliards par an pour la guerre. Soit une fois et demie le budget de l’enseignement pour 12 millions d’élèves… dont on fermera les classes, pour l’économie de guerre. Comme les services d’hôpitaux, comme tous les services d’intérêt et de bien public. Rappelons donc ces vérités de citoyens libres des Lumières, que les Macron, les Glucksmann et leurs amis capitalistes et militaristes barbares entendent répudier :

« La guerre est un fruit de la dépravation des hommes ; c’est une maladie convulsive et violente du corps politique ; il n’est en santé, c’est-à-dire dans son état naturel, que lorsqu’il jouit de la paix. (…) L’histoire ne nous fournit que des exemples de paix violées, de guerres injustes et cruelles, de champs dévastés, de villes réduites en cendres. L’épuisement seul semble forcer les princes à la paix ; ils s’aperçoivent toujours trop tard que le sang du citoyen s’est mêlé à celui de l’ennemi ; ce carnage inutile n’a servi qu’à cimenter l’édifice chimérique de la gloire du conquérant et de ses guerriers turbulents ; le bonheur de ses peuples est la première victime qui est immolée à son caprice ou aux vues intéressées de ses courtisans  » (Article « Paix » de l’Encyclopédie, 1760)

On trouvera enfin, en encadré, la position de fraternité internationaliste des travailleurs, qui était celle des socialistes en 1907 au Congrès de Stuttgart, et fut trahie en 1914, quand les chefs corrompus des partis socialistes devinrent ministres et appelèrent les travailleurs de chaque camp à s’entretuer.

C’est vers cette tradition anti-guerre que se tourneront aujourd’hui par millions, contre Macron et autres militaristes, travailleurs et militants du mouvement ouvrier.

Socialisme contre militarisme (Congrès de Stuttgart de la IIe Internationale, 1907)

« Le Congrès confirme les résolutions des précédents congrès internationaux concernant l’action contre le militarisme et l’impérialisme et rappelle que l’action contre le militarisme ne peut pas être séparée de l’ensemble de l’action contre le capitalisme.Les guerres entre eEtats capitalistes sont en général les conséquences de leur concurrence sur le marché du monde, car chaque Etat ne tend pas seulement à s’assurer des débouchés, mais à en acquérir de nouveaux, principalement pas l’asservissement des peuples étrangers et la confiscation de leurs terres.Ces guerres résultent de la concurrence incessante provoquée par les armements du militarisme, qui est l’un des instruments principaux de la domination de la bourgeoisie et de l’asservissement économique et politique de la classe ouvrière.Les guerres sont favorisées par les préjugés nationalistes que l’on cultive systématiquement dans l’intérêt des classes dominantes, afin de détourner la masse prolétarienne de ses devoirs de classe et de ses devoirs de solidarité internationale.Elles sont donc de l’essence du capitalisme et ne cesseront que par la suppression du système capitaliste, ou bien quand la grandeur des sacrifices en hommes et en argent exigée par le développement de la technique militaire et la révolte provoquée par les armements auront poussé les peuples à renoncer à ce système.La classe ouvrière, chez laquelle on recrute de préférence les combattants et qui principalement doit en supporter les sacrifices matériels, est l’adversaire naturelle des guerres parce que celles-ci sont en contradiction avec le but qu’elle poursuit : la création d’un nouvel ordre économique, basé sur la conception socialiste destinée à traduire en réalité la solidarité des peuples. » 

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2025/03/17/le-bourrage-de-crane-des-militaristes-et-des-va-t-en-guerre-de-macron-au-ps/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/le-bourrage-de-crane-des-militaristes-et-des-va-t-en-guerre-de-macron-au-ps-io-fr-17-03-25/

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