
Infirmière au CHU de Brest-Carhaix, Malika vient de rentrer d’une mission humanitaire à Gaza. Elle témoigne de la situation sur place.
Par Paul BOHEC.
Elle n’a pu retenir son émotion au moment d’évoquer la situation des enfants de la bande de Gaza. Elle qui a l’habitude d’en prendre soin dans des conditions autrement moins compliquées à Brest, à l’hôpital Morvan, où elle travaille. Infirmière au centre hospitalier universitaire, Malika, 48 ans, est rentrée depuis une semaine d’une mission humanitaire de quinze jours en Proche-Orient. Une expérience dont elle a rendu compte lors d’un témoignage bouleversant partagé lors de la manifestation, à Brest, de l’association France Palestine Solidarité, ce samedi 11 janvier 2025.
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« Même le mot néant n’est pas assez fort »
« J’ai eu beau essayer de me préparer psychologiquement, de regarder des vidéos… Sur place, la situation dépasse tout ce qu’on peut imaginer. C’est mille fois pire », assure-t-elle. Partie le 19 décembre 2024 avec les associations PalMed et Rama, qui formaient des professionnels de santé à Gaza avant la guerre et qui y envoient désormais du matériel médical notamment, l’infirmière brestoise a d’abord rallié la Jordanie avant de se rendre dans la bande de Gaza pour soutenir les équipes sur place. « De nombreux médecins expérimentés ont été tués dans des bombardements, ce sont parfois des étudiants qui doivent prendre le relais. Et, pour ceux qui restent, ils n’ont pas pris le moindre jour de repos depuis quinze mois, je ne sais pas si vous vous rendez compte ».
De Khan Younès, elle a rallié le nord de Gaza. « Nous avons traversé un pays où c’est le véritable néant. Et encore, même le mot néant n’est pas assez fort pour définir l’état de Gaza », se souvient la Brestoise. L’infirmière poursuit : « Deux heures à peine après notre arrivée avaient lieu de premiers bombardements intensifs, pas loin de l’hôpital ». Descendue aux urgences prêter main-forte, elle y découvre « le chaos le plus total ». « Il y a un manque de matériel terrible. Les gens arrivent en état de choc. Il m’a fallu suturer des enfants sans anesthésie, j’en ai vu d’autres victimes d’hypothermie et de dénutrition, leurs mères incapables de les nourrir avec leur lait », décrit-elle dans une énumération terrible. Profondément émue, l’infirmière brestoise a été longuement applaudie par la centaine de personnes présente ce samedi et partie ensuite défiler dans le centre-ville. « Il faut continuer à venir pour montrer notre soutien, montrer qu’on ne les laisse pas tomber », a-t-elle conclu.
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